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Exigence des savoirs : la contre-enquête du SNALC (partie II : collège)

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Partie  II : collège

Sommaire

Le Ministère de l’Éducation nationale a décidé de mener une réflexion sur les moyens d’améliorer les résultats – et donc les acquis – des élèves. Une mission a été instaurée et a été nommée « Exigence des savoirs ». Dans ce cadre, le Ministère a auditionné les organisations syndicales et le SNALC a bien entendu participé pleinement à ces auditions. Mais l’Institution a aussi décidé de proposer un questionnaire aux professionnels qui la composent afin d’étayer sa réflexion. Malheureusement, l’enquête du Ministère est clairement biaisée en ce sens qu’elle sous-entendu grosso modo que si les professeurs ne parviennent pas à faire progresser les élèves, c’est parce qu’ils ne sont pas formés ou qu’ils ne travaillent pas de la bonne manière. Le SNALC a trouvé ce questionnaire honteux et l’a fait savoir.

Notre syndicat ne saurait rester dans des oppositions de principe, sans avoir une vraie réflexion. Nous avons donc décidé de construire notre propre enquête avec un nombre d’items conséquents, et de permettre aux professeurs de faire entendre leur voix. Grâce aux plus de trois mille participants, le SNALC peut se targuer de pouvoir fournir au Ministère une enquête représentative.

Avant de s’interroger sur la façon de faire évoluer le collège, tentons de savoir au préalable si des changements sont nécessaires, voire souhaités par les professeurs. 

Le ministre actuel, Gabriel Attal, entend mettre en place une réforme. Son prédécesseur qualifiait le collège “d’homme malade du système”. Or, si ceux qui sont réellement au contact des élèves et voient les effets de la politique éducative sur ces derniers ne considèrent pas qu’il existe des problèmes, il n’y a pas vraiment de sens à s’interroger sur des transformations éventuelles.

La première question de l’enquête du SNALC y pourvoit et montre que 69% des professeurs enseignant en collège ne s’estiment pas en situation de faire réussir leurs élèves.

Ce préalable étant établi de manière claire, il convient de poser un diagnostic et de voir quelles solutions sont attendues par les professionnels du terrain.

1. La formation

Souvent, face à des difficultés dans l’Education nationale, la première réaction de l’Institution consiste à déclarer que les professeurs ne sont pas assez formés. L’item est d’ailleurs bien présent dans le questionnaire ministériel sur « l’exigence des savoirs », tout comme il est un des éléments entrant en ligne de compte dans celui mis en place par le Conseil d’Evaluation de l’Ecole dans le cadre des évaluations des établissements. Cela laisse entendre que les professeurs seraient, par leur manque de compétences, responsables des difficultés rencontrées.

Or, le questionnaire du SNALC est éclairant sur ce point. En effet, les professeurs de collège ne restent pas longtemps sans participer à une formation, dans leur immense majorité. Ils sont ainsi 84 % à l’avoir fait à au moins une reprise sur les deux dernières années et 54 % à plusieurs reprises.

Contrairement à leurs collègues professeurs des écoles, ils ne trouvent pas massivement que les formations sont infantilisantes. Sur ce point, leur sentiment est plutôt partagé (45 % contre 44 %).

Les ratios s’inversent lorsqu’il leur est demandé si la formation est épanouissante ou si elle est adaptée à leurs besoins. En effet, ils ne sont que 42 % à se sentir plutôt épanouis par les formations auxquelles ils ont participé (contre 51 % d’avis plutôt négatifs à très négatifs sur ce point) et 44 % à trouver la formation adaptée (une nouvelle fois contre 51 %).

Ainsi, la vraie question à se poser n’est pas de savoir si les professeurs se forment assez – la commande ministérielle concernant l’amélioration du remplacement dans le cadre de la mise en place du Remplacement de Courte Durée va d’ailleurs nuire à l’aspect quantitatif, et pas seulement – mais plutôt à interroger son adaptation aux besoins des professionnels du terrain. Le SNALC ne cessera pas de rappeler que le ministère lui-même a inscrit dans le schéma directeur de la formation qu’il fallait “mieux prendre en compte les demandes des agents en termes de formation”. Il serait temps que les actes rejoignent les mots.

Dans son questionnaire, le SNALC a demandé de classer cinq items. Si l’on prend en compte le nombre de réponses plaçant chaque item en tête, voici donc les besoins exprimés par les professeurs dans le cadre de la formation continue.

Les professeurs entendent en premier lieu conserver la maîtrise de leur discipline par des entretiens et des approfondissements. Ils sont des spécialistes dans leur domaine et veulent transmettre un contenu de qualité. La deuxième partie occupée par la didactique montre qu’ils sont attachés également à élargir leur champ pédagogique et apprenant, pourquoi pas, d’autres approches.

Le Ministère doit en être bien conscient. La formation des professeurs est un facteur de progrès mais pas la réponse à tous les maux. Pour comprendre comment mieux faire progresser les élèves, il convient de faire un état des lieux des précédentes réformes et des conditions d’enseignement.

2. Bilan des réformes précédentes

Contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, le SNALC ne remontera pas au collège unique dans son analyse. Nous nous contenterons de remonter à 2016 afin de voir si les réformes mises en place depuis ont, de l’avis des professeurs, porté leurs fruits.

Ainsi, c’est en 2017 qu’intervenait pour la première fois le dispositif « Devoirs faits ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’est parfaitement installé dans le paysage pédagogique, et apporte une aide méthodologique aux élèves ou offre à certains un espace où ils peuvent obtenir une aide précieuse dont ils ne disposent pas forcément dans leur foyer.

C’est à la fois son intérêt pédagogique de rendre l’élève de plus en plus autonome et son action concrète dans la lutte contre les inégalités scolaires qui donne à « Devoirs Faits » un statut assez particulier. C’est en effet la seule réforme récente du collège qui trouve grâce aux yeux d’une large majorité de professeurs. Il est à noter que lorsqu’ils sont interrogés sur la qualité qu’aurait le même dispositif, mais en classe entière, il y a plus qu’une inversion de la vision qu’ils en ont.

Alors que 88 % des enseignants de collège sont d’accord (dont 45 % tout à fait d’accord) pour dire que Devoirs Faits est un dispositif de qualité, s’il se fait avec les effectifs d’une division en entier, ils sont 94 % à ne plus le voir positivement, dont 82 % le voient même très négativement.

C’est pour cette raison que le SNALC s’était opposé au fait de rendre le dispositif obligatoire en sixième pour les élèves tout en le basant sur le volontariat des professeurs du collège ou l’envie de professeurs des écoles de venir intervenir au collège. Le manque de bonnes volontés ne peut que mener à ce que le dispositif passe d’un apport plutôt bien vécu et utile aux élèves, à un pensum sans intérêt ou sans plus-value pour l’autonomie des élèves.

Plus que la mise en place de Devoirs Faits, la précédente réforme de 2016 avait des objectifs assez clairs. Par la mise en place de nouvelles façons de travailler, il fallait que le professeur ne soit plus seul dans la préparation de ses cours, que l’on n’envisage plus le parcours des élèves en années scolaires mais en cycles d’apprentissage et que le mouvement déjà entrepris vers les compétences se concrétise tout à fait.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’objectif de voir les professeurs se réunir sans cesse pour préparer ensemble, mutualiser les pratiques et les cours… n’est pas atteint.

En effet, ils ne sont que 32 % à pratiquer l’élaboration collective de projets de manière régulière, 30 % à mutualiser les ressources ou les pratiques. Cela peut s’expliquer de deux manières. 

D’une part, et cela est vrai au lycée professionnel avec la co-intervention forcée, les professeurs sont assez professionnels pour se rendre compte de l’intérêt ou non, selon le moment de l’année et les contenus à enseigner, de s’engager dans un projet à plusieurs de manière intra ou interdisciplinaire. Imposer une telle pratique n’a aucun intérêt.

D’autre part, le nombre de réunions a tellement augmenté depuis 2016, faisant exploser le temps de présence au sein de l’établissement, que les professeurs ne sont pas encouragés à consacrer du temps pour des démarches collectives.

Cela ne doit pas amener à penser que l’investissement des professeurs est insuffisant. Il suffit de s’intéresser à leur manière de procéder dans la préparation de leurs cours ou dans l’élaboration de leur progression annuelle pour se rendre compte de leur posture professionnelle. Clairement, il apparaît qu’ils se comportent comme la profession intellectuelle qu’ils exercent l’exige.

Ainsi dans la conception de leurs cours, ils utilisent massivement des supports issus de leurs propres recherches sans pour autant négliger les manuels scolaires qui peuvent servir de point d’appui concernant les enjeux de leur discipline. Les ressources Eduscol ou celles proposées au sein de leur académie ne sont pas des éléments majoritairement utilisés.

Il est à noter d’ailleurs que parmi les participants ayant déclaré n’avoir qu’une source, aucun ne mentionne de sources provenant de l’académie, et moins de 5 % se tournent vers Eduscol.

En ce qui concerne l’élaboration de la progression, les professeurs se tournent en premier lieu, et cela est parfaitement normal, vers les programmes.

Ce qui est plus intéressant est de constater la part d’entre eux qui font appel aux attendus de fins d’année ainsi qu’aux repères de progression. Cela montre clairement que le fonctionnement qui sied à une progression pédagogique est borné annuellement. Le fonctionnement en cycle n’est pas opérationnel. Le SNALC l’a affirmé depuis la mise en place de cette réforme, surtout pour ce qui concerne le cycle 3. 

Les cycles ont notamment cela de dangereux qu’ils ne permettent pas à celui qui est en bout de chaîne de savoir ce qui a été effectivement traité par ses prédécesseurs, laissant de potentiels trous béants dans la raquette ou menant à des redites et à de l’ennui. Cela explique pourquoi les professeurs de collège estiment majoritairement que les programmes par cycles introduisent un flou auquel il convient de remédier. 

Le dernier point fort annoncé de la réforme de 2016 était la généralisation d’une pédagogie basée plus sur les compétences que sur les connaissances ; ces dernières étant jugées archaïques car les élèves, en disposant de compétences transversales nouvelles, n’auraient pas besoin que des savoirs inutiles encombrent leurs esprits, d’autant qu’ils pourraient trouver toutes les informations nécessaires sur Internet.

Malgré cette théorie censée libérer les élèves d’une sorte de joug passéiste, il apparaît que les professeurs ne sont pas convaincus, après avoir exercé de la sorte depuis sept ans. Ils voient les conséquences sur le niveau de leurs élèves et ne sont satisfaits ni par l’enseignement ni par l’évaluation s’appuyant sur les compétences.

Ainsi, alors qu’ils sont 61 % à estimer que les programmes ne sont pas assez axés sur les connaissances, et que seuls 6 % ne sont pas en accord avec cette affirmation, ils sont 52 % à vouloir évaluer avec des notes. Seuls 11 % favorisent l’évaluation par compétences et 32 % seraient satisfaits par un système empruntant aux deux pratiques.

Pour le SNALC, il est évident que des compétences existent dans les disciplines. Mais le défaut des programmes actuels est qu’ils manquent d’équilibre et semblent oublier que l’élévation du niveau de culture des élèves est un objectif central. Mais ce n’est, aux yeux de nos collègues, qu’une partie de leurs défauts.

3. Les programmes

Les contenus à enseigner sont évidemment une donnée essentielle dans l’analyse d’un système éducatif et de son fonctionnement.

Ils s’apprécient tout d’abord de manière quantitative. Sur ce point, les professeurs de collège estiment majoritairement que les programmes sont trop lourds. Bien sûr, nous verrons plus tard que cette lourdeur doit être mise en perspective avec d’autres éléments. Il est déjà important de poser que 64 % des professeurs s’accordent à dire que les programmes sont trop lourds et que, parmi eux, 30 % sont tout à fait d’accord avec une telle assertion.

Pourtant, et cela peut sembler paradoxal, une vision si négative du quantitatif ne signifie pas nécessairement que les programmes sont jugés ambitieux. Sur ce point, les professeurs restent partagés.

En effet, 47 % d’entre eux sont d’accord pour dire que cet aspect qualitatif n’est pas atteint alors que 44 % semblent plutôt satisfaits sur ce point. Seuls 12 % des professeurs ne sont pas du tout d’accord avec l’idée d’un manque d’ambition dans les contenus à transmettre. Une analyse plus fine sur ce point serait sans doute nécessaire, discipline par discipline, afin de voir comment améliorer cela.

Au final, les aspects qui sont les plus gênants dans les programmes demeurent l’équilibre entre connaissances et compétences, qui est à revoir en faveur des connaissances, et l’organisation par cycle qui pose problème. Quant à la question de la lourdeur, elle doit certes interroger les contenus, mais elle doit être appréciée au regard d’autres données.

4. Les conditions de travail

Le caractère pléthorique d’un programme peut être lié aux conditions d’enseignement. Et le SNALC peut affirmer que, au regard des résultats de son enquête, les conditions sont loin d’être optimales.

En premier lieu, les professeurs de collège sont extrêmement nombreux à signaler que les classes sont trop chargées. Seuls 7 % d’entre eux ne sont pas en accord avec cette idée. Mais, encore une fois, il serait peu intéressant de se contenter d’apprécier le quantitatif. Le problème peut ne pas uniquement être le nombre.

D’autres éléments entrent en ligne de compte dans l’appréciation de la lourdeur des effectifs. Ils sont jugés trop hétérogènes par les participants à notre enquête ; et ce, dans les mêmes proportions qu’ils sont jugés trop nombreux. 91 % des professeurs considèrent que leurs classes sont trop hétérogènes et seulement 7 % d’entre eux ne sont pas d’accord avec cette affirmation.

Lorsque l’on évoque la gestion de l’inclusion qui, si elle est mal effectuée, ne peut avoir pour seul effet que d’accentuer la difficulté à prendre en compte l’hétérogénéité, les résultats sont encore plus clairs. Ce sont en effet 96 % des professeurs qui s’accordent pour dire qu’elle est difficile à gérer alors que seuls 1 % d’entre eux n’ont aucun problème dans le domaine.

Le SNALC n’est pas opposé à l’inclusion ; il appelle à une inclusion raisonnée et avec les moyens idoines. Si elle se fait de manière dogmatique et a pour toile de fond des suppressions de places dans le médico-social et un manque d’investissement dans l’Education nationale, elle ne peut être un vecteur de réussite mais devient vite une cause de souffrance pour les professeurs et pour TOUS les élèves.

Face au nombre et à la trop grande hétérogénéité, il n’est pas étonnant que les professeurs nous signalent un climat de classe difficile à gérer. Il est presque rassurant de voir que les chiffres ne coïncident pas exactement. Mais cela ne doit pas empêcher le ministère de l’Education nationale de se rendre compte que la question des effectifs et celle de l’hétérogénéité constituent des leviers de progression de notre système et donc de nos élèves.

5. Quelles solutions privilégier ?

Le nombre et l’hétérogénéité

Evidemment, à la lecture de cette analyse, des solutions apparaissent. Il s’agit tout d’abord de lutter contre les effectifs trop importants. Pour l’heure, les seules pistes proposées par l’institution pour gérer cette difficulté sont loin de convaincre les professionnels du terrain. En effet, lorsqu’il est question du nombre et de l’hétérogénéité, les corps d’inspection tendent à prôner la différenciation pédagogique au sein de la classe. Or, les professeurs sont dubitatifs sur ce point, à 60 %. D’autres pistes doivent donc être envisagées.

Ce n’est pas l’idée d’intégrer plus de numérique, émise pour prétendument faciliter un travail plus autonome de la part des élèves, qui séduit le plus les professeurs. Ils sont en effet 66 % à ne pas être favorables à une plus grande utilisation de cet outil au sein de la classe.

Evidemment, en premier lieu, le SNALC réclame la diminution des effectifs ; à défaut, le fait de disposer de temps à effectifs réduits pour mieux prendre en compte les difficultés des élèves seraient bienvenu pour nos collègues. Ils sont même 89 % à être d’accord avec cette idée qui doit être mise en place avec un cadrage national et non en jouant sur une marge d’autonomie qui n’en est pas vraiment une.

En effet, utiliser la notion de marge pour faire des groupes ne peut aboutir qu’à une mise en concurrence des disciplines absolument délétère voire à des ajustements tenant plus de la gestion des ressources humaines que de l’intérêt des élèves.

Pour le SNALC, la solution à la baisse de niveau constatée ne viendra pas du collège seul. Il faut un travail en amont, bien évidemment.

Mais pour gérer l’hétérogénéité qui demeurera même si l’on parvient à la réduire, l’introduction d’une certaine modularité aurait un intérêt. Il s’agirait dans les disciplines cumulatives de mettre en place des groupes de niveau ou des groupes de besoins. Contrairement à ce que peuvent laisser penser certaines déclarations, les professeurs de collège sont plutôt favorables à cette idée. Sans doute conscients que s’arrêter à la seule question des moyens est illusoire, ils sont 76 % à être favorables (dont 44 % tout à fait d’accord) à une telle idée. 16 % ne sont pas séduits dont seulement 7 % qui y sont totalement opposés.

Il est à noter que des collèges fonctionnent déjà ainsi depuis plusieurs années, notamment en éducation prioritaire et que les professeurs qui y enseignent signalent de belles réussites.

En mettant les moyens idoines pour que les groupes des élèves en difficulté puissent bénéficier d’effectifs moins importants, la mesure prendrait tout son sens.

Le temps, la pédagogie et les contenus

Face aux contenus jugés trop lourds et aux difficultés reconnues des élèves, le SNALC s’est intéressé à la question des horaires. Et les professeurs sont nombreux à penser qu’ils ne disposent pas du temps nécessaire pour enseigner leur discipline.

Ils sont même 80 % à signifier qu’ils manquent d’heures pour enseigner correctement. Pourtant, lorsque la question est posée de revoir l’horaire élève de manière globale en cassant le totem des 26 heures par semaine, les professeurs se montrent moins largement favorables. En effet, ils ne sont que 29 % à penser que ce pourrait être une bonne solution alors que 58 % ne voient pas l’idée d’un très bon œil, dont 27 % qui s’y montrent totalement opposés.

Il faut donc pouvoir agir sur le temps d’enseignement. Dans ce domaine, des solutions existent. Evidemment, le fait de mieux gérer les effectifs et l’hétérogénéité aura un effet en la matière.

Si moins d’élèves se sentent perdus par un enseignement, ils auront une moins grande propension à faire autre chose, voire à perturber. La gestion de classe s’en trouvera facilitée et l’on perdra moins de temps à tenter de ramener le calme nécessaire à l’apprentissage. Cette gestion de classe serait aussi facilitée par une action qui ne réclame aucun budget : rétablir l’autorité du professeur.

Pour certains, l’idée pourrait paraître iconoclaste. Pourtant, dans notre enquête, 94 % des enseignants de collège s’expriment en ce sens. Afin que leur parole ne soit pas caricaturée, il faut comprendre ce que cela signifie. En premier lieu, le fait que le professeur fait autorité dans son domaine doit être réaffirmé et les remises en cause de ce fait ne doivent plus être possibles. Cela passe par un message politique tout autant que par un recrutement qui fasse la part belle au disciplinaire.

Le professeur doit aussi être celui qui a l’autorité dans sa salle de classe. Souvent, des chefs d’établissement affirment ce principe, utilisant parfois l’expression « le professeur est maître dans sa classe ». Mais tout aussi souvent, des punitions peuvent être levées ou des demandes de sanction ne pas être suivies. Plus rarement, et l’effet est catastrophique en termes d’autorité, il arrive que l’enseignement d’un professeur soit remis en cause par sa hiérarchie, ou que la remise en cause d’un professeur par des parents ne soit pas recadrée. Tout cela nuit à la confiance qui doit exister dans le cadre de la relation pédagogique, et donc à la qualité des apprentissages. Le professeur est celui qui enseigne ; il doit donc faire autorité et faire respecter son autorité au sein de sa classe. Il doit pouvoir aussi signifier qu’un élève ne peut pas suivre en classe supérieure et ne plus seulement avoir un avis consultatif en la matière.

Redonner cette prérogative au conseil de classe, et donc aux professeurs, est essentiel. Lorsque l’Education nationale a décidé de mettre fin au redoublement et a donné la main aux familles, elle n’a pas remplacé ce dispositif par quoi que ce soit de plus probant, comme une forme de propédeutique par exemple. Pour le SNALC, il faut que les professeurs reprennent leur rôle car ils sont les plus à même d’évaluer si un élève est prêt pour la suite ou s’il a besoin de plus de temps. Cela peut passer par le redoublement comme par d’autres voies, ainsi que le préconise le SNALC dans son projet pour le collège (Vers un collège modulaire). Quoi qu’il en soit, la question du temps d’apprentissage n’est pas épuisée par celle des horaires par semaine ; elle concerne aussi le temps nécessaire pour chaque élève dans l’acquisition des connaissances.

En réalité, gagner des heures pour favoriser la réussite des élèves est tout à fait possible. Pour le SNALC, les nombreuses heures consacrées aux « éducations à » ne sont pas utiles. Notre syndicat considère que l’élévation du niveau de culture peut beaucoup dans les différents domaines concernés. Il trouve aussi que les disciplines contiennent déjà dans leur enseignement un grand nombre de contenus qui devraient rendre moins nombreuses les interventions, conférences… qui rognent sur le temps pédagogique.

De même, dans cette logique de gain de temps pédagogique, le ministère de l’Education nationale doit remettre en cause sa politique d’évaluations nationales. Leur organisation ne peut pas être optimale au regard des équipements dont disposent les collèges. Elles sont chronophages et ne servent à rien du point de vue pédagogique. Les professeurs ne s’y trompent pas, qui demandent majoritairement leur abandon. Ils sont 52 % à s’exprimer en ce sens et seuls 14 % y sont tout à fait attachés.

Enfin, on ne saurait parler du temps d’enseignement sans le relier aux contenus. Nous l’avons vu, l’organisation par cycle n’est ni souhaitable ni souhaitée par la majorité des professeurs. Elle nuit à une bonne gestion du temps d’enseignement en rendant flous les acquis d’une année sur l’autre.

Pour le SNALC, des programmes annuels clairement rédigés et replaçant les connaissances au cœur du système seraient un levier essentiel pour faire mieux réussir les élèves.


Un extrait de cette enquête est paru dans la revue du SNALC Quinzaine Universitaire n°1483 du 8 décembre 2023

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