Article à paraître dans la Quinzaine universitaire n°1434 – novembre 2019
Les objectifs du nouveau CCF sont multiples. Celui que nous allons évoquer concerne les choix dorénavant laissés aux élèves dans ce protocole. Ils permettent à l’EPS de s’inscrire en conformité avec la réforme du lycée.
Conceptuellement le principe est attrayant. Il renvoie à la vieille théorie de la motivation et de l’auto-détermination (Déci,1970) qui démontre que plus un individu effectue ses propres choix, plus il est motivé et mieux il réussit.
Mais en pratique quand on considère le nombre d’élèves à évaluer, à 35 par classe, les temps effectifs de pratique, les 3 types d’AFL à apprécier, dans 3 épreuves distinctes, avec des choix tout azimut, on frise la schizophrénie !
• Les choix technico-tactiques dans les AFL1
Quelque soit l’APSA, le protocole propose aux élèves d’être évalués dans des registres technico-tactiques de leur choix. Chacun pourra être noté sur un poste spécifique en sport collectif, sur un style de jeu en sport de raquettes… Les implications pratiques deviennent cornéliennes. Comment en effet repérer et évaluer en situation de jeu (notamment pour le co-évaluateur) les élèves qui ont choisis d’être plutôt attaquants ou défenseurs, arrières, centre, ailiers, pivot ou passeur ? Comment alors préparer 35 élèves à être spécifiquement efficaces sur les postes ou les styles de jeu choisis ?
• Les choix méthodologiques dans les AFL2
Pour prétendre au niveau satisfaisant dans le CA4, l’élève devra «identifier un point fort ou un point faible pour lui-même ou son équipe, et choisir des exercices adaptés pour les travailler». Là encore les conséquences pédagogiques sont irréalistes !
L’élève devra déjà être capable d’identifier ses points forts et faibles (et l’enseignant de même pour chacun de ses 35 élèves, pour pouvoir en juger), ou pour son équipe (ce qui nécessite une expertise peu donnée à des lycéens). A partir de là, l’élève devra savoir choisir les exercices adaptés pour travailler ces manques ou renforcer ses compétences.
Avons nous à faire à des lycéens ou à des étudiants en STAPS ?
Il faudra donc offrir aux élèves des palettes de situations d’apprentissage en rapport avec les grandes catégories de points ou de points faibles. Il faudra ensuite que les élèves apprennent à réaliser de bons choix, réalistes, adaptés, utiles. Il faudra enfin que le professeur soit en mesure de certifier si les situations retenues sont effectivement en bonne corrélation avec les points forts /faibles préalablement estimés par chaque élève.
Nous n’évoquons même pas les contraintes d’organisation matérielle et pédagogique induites par ces nouvelles attentes certificatives.
Heureusement le protocole précise que ces évaluations pourront se faire au fil de chaque séquence. Mais ceci pose un sérieux problème d’équité dans le cadre d’une certification car les élèves seront évalués à des stades différents de leur formation. Cela pose aussi un souci de cohérence avec la notion même de CCF puisque là l’évaluation se fera en contrôle continu ! Mais l’Inspection générale ne s’embarrasse de tels détails…
Heureusement le protocole précise que ces évaluations pourront aussi s’effectuer à partir de « carnets d’entraînement », donc rétrospectivement et par des temps de corrections que la profession saura aussi mesurer et apprécier et que bien évidemment les élèves seront heureux de remplir, au lieu de se dépenser.
• Les choix des rôles dans les AFL3
Pour les AFL3, « l’élève est évalué dans au moins deux rôles qu’il a choisis ». Là encore les implications sont immenses. Pour chacun des 35 élèves d’une classe, pour chacune des 3 épreuves, il faudra proposer des rôles à tenir, au moins 3 par activité pour qu’un choix soit possible, ainsi que les contenus d’enseignement associés pour les faire acquérir et tenir avec « efficacité » (niveau 3). Au-delà des problèmes de conception didactique et de réelle utilité se pose la question de la complexité, de la faisabilité, et des conditions pour faire apprendre et évaluer objectivement ces 2 rôles pour chaque élève.
• Le choix de valeurs entre les AFL2 et AFL3, la cerise sur le gâteau !
Enfin les élèves auront le choix entre 3 répartitions possibles entre les 8 points attribués aux AFL2 et AFL3 : soit 2/6, 4/4 ou 6/2. Cela représente, pour 35 élèves, 3 épreuves et 2 variables par élève, 210 informations et calculs supplémentaires à effectuer pour les professeurs.
Une fois encore les propositions « séduisantes » de la commission nationale d’évaluation se heurtent à des problématiques de terrain évidentes sur lesquelles nous avons fortement insisté et auxquelles l’inspection générale, hors sol, est restée sourde et hermétique. Nous avons dénoncé ce passage en force.
En cherchant à personnaliser à outance les paramètres de l’évaluation, ce nouveau CCF est en fait un bras de levier qui a pour objectif de transformer nos pratiques pédagogiques, de passer de la différenciation à l’individualisation de l’enseignement. En l’état ce pseudo CCF devient la nouvelle usine à gaz de l’EPS. Par sa complexité il va placer les enseignants en grande difficulté, en surcharge et en souffrance. Voilà là l’école de la bienveillance ! Par son infaisabilté il va aboutir à des évaluations à la louche et donc à l’accroissement dans la certification d’une subjectivité inacceptable. Voilà là l’école de la confiance !
Conceptuellement le principe est attrayant. Il renvoie à la vieille théorie de la motivation et de l’auto-détermination (Déci,1970) qui démontre que plus un individu effectue ses propres choix, plus il est motivé et mieux il réussit.
Mais en pratique quand on considère le nombre d’élèves à évaluer, à 35 par classe, les temps effectifs de pratique, les 3 types d’AFL à apprécier, dans 3 épreuves distinctes, avec des choix tout azimut, on frise la schizophrénie !
• Les choix technico-tactiques dans les AFL1
Quelque soit l’APSA, le protocole propose aux élèves d’être évalués dans des registres technico-tactiques de leur choix. Chacun pourra être noté sur un poste spécifique en sport collectif, sur un style de jeu en sport de raquettes… Les implications pratiques deviennent cornéliennes. Comment en effet repérer et évaluer en situation de jeu (notamment pour le co-évaluateur) les élèves qui ont choisis d’être plutôt attaquants ou défenseurs, arrières, centre, ailiers, pivot ou passeur ? Comment alors préparer 35 élèves à être spécifiquement efficaces sur les postes ou les styles de jeu choisis ?
• Les choix méthodologiques dans les AFL2
Pour prétendre au niveau satisfaisant dans le CA4, l’élève devra «identifier un point fort ou un point faible pour lui-même ou son équipe, et choisir des exercices adaptés pour les travailler». Là encore les conséquences pédagogiques sont irréalistes !
L’élève devra déjà être capable d’identifier ses points forts et faibles (et l’enseignant de même pour chacun de ses 35 élèves, pour pouvoir en juger), ou pour son équipe (ce qui nécessite une expertise peu donnée à des lycéens). A partir de là, l’élève devra savoir choisir les exercices adaptés pour travailler ces manques ou renforcer ses compétences.
Avons nous à faire à des lycéens ou à des étudiants en STAPS ?
Il faudra donc offrir aux élèves des palettes de situations d’apprentissage en rapport avec les grandes catégories de points ou de points faibles. Il faudra ensuite que les élèves apprennent à réaliser de bons choix, réalistes, adaptés, utiles. Il faudra enfin que le professeur soit en mesure de certifier si les situations retenues sont effectivement en bonne corrélation avec les points forts /faibles préalablement estimés par chaque élève.
Nous n’évoquons même pas les contraintes d’organisation matérielle et pédagogique induites par ces nouvelles attentes certificatives.
Heureusement le protocole précise que ces évaluations pourront se faire au fil de chaque séquence. Mais ceci pose un sérieux problème d’équité dans le cadre d’une certification car les élèves seront évalués à des stades différents de leur formation. Cela pose aussi un souci de cohérence avec la notion même de CCF puisque là l’évaluation se fera en contrôle continu ! Mais l’Inspection générale ne s’embarrasse de tels détails…
Heureusement le protocole précise que ces évaluations pourront aussi s’effectuer à partir de « carnets d’entraînement », donc rétrospectivement et par des temps de corrections que la profession saura aussi mesurer et apprécier et que bien évidemment les élèves seront heureux de remplir, au lieu de se dépenser.
• Les choix des rôles dans les AFL3
Pour les AFL3, « l’élève est évalué dans au moins deux rôles qu’il a choisis ». Là encore les implications sont immenses. Pour chacun des 35 élèves d’une classe, pour chacune des 3 épreuves, il faudra proposer des rôles à tenir, au moins 3 par activité pour qu’un choix soit possible, ainsi que les contenus d’enseignement associés pour les faire acquérir et tenir avec « efficacité » (niveau 3). Au-delà des problèmes de conception didactique et de réelle utilité se pose la question de la complexité, de la faisabilité, et des conditions pour faire apprendre et évaluer objectivement ces 2 rôles pour chaque élève.
• Le choix de valeurs entre les AFL2 et AFL3, la cerise sur le gâteau !
Enfin les élèves auront le choix entre 3 répartitions possibles entre les 8 points attribués aux AFL2 et AFL3 : soit 2/6, 4/4 ou 6/2. Cela représente, pour 35 élèves, 3 épreuves et 2 variables par élève, 210 informations et calculs supplémentaires à effectuer pour les professeurs.
Une fois encore les propositions « séduisantes » de la commission nationale d’évaluation se heurtent à des problématiques de terrain évidentes sur lesquelles nous avons fortement insisté et auxquelles l’inspection générale, hors sol, est restée sourde et hermétique. Nous avons dénoncé ce passage en force.
En cherchant à personnaliser à outance les paramètres de l’évaluation, ce nouveau CCF est en fait un bras de levier qui a pour objectif de transformer nos pratiques pédagogiques, de passer de la différenciation à l’individualisation de l’enseignement. En l’état ce pseudo CCF devient la nouvelle usine à gaz de l’EPS. Par sa complexité il va placer les enseignants en grande difficulté, en surcharge et en souffrance. Voilà là l’école de la bienveillance ! Par son infaisabilté il va aboutir à des évaluations à la louche et donc à l’accroissement dans la certification d’une subjectivité inacceptable. Voilà là l’école de la confiance !