Le 10 avril 2025, le Conseil supérieur des programmes (CSP) a adopté son projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
Comme son nom l’indique, l’objet publié sur le site du CSP est un projet et doit désormais passer par des phases de concertation, notamment avec les organisations syndicales. À vrai dire, on regrette que la concertation n’ait pas déjà eu lieu. En effet, si, comme le veut la tradition, nous avions été auditionnés avant la publication du projet, il ne serait sans doute pas aussi lourd. Avec ses 69 pages, il faut reconnaître que l’engin a de quoi décourager les meilleures volontés !
Remplaçant (avantageusement ?) les 5 domaines, 12 éléments de culture commune s’empilent, voire se chevauchent, tant certains sont redondants. On voit se succéder finalités disciplinaires et grands enjeux sociétaux, avant que surgisse de nulle part l’élément de culture commune “Savoir jouer”. Le SNALC n’a rien contre le jeu – qui est formateur – mais ainsi mis en vedette, il apparaît quelque peu… disruptif.
Ces 12 nouveaux piliers de l’Éducation nationale sont suivis par deux parties tout aussi modernes : les compétences psychosociales, puis les fondamentaux (français et mathématiques). Disons-le tout net : s’il accepte la mission d’apprendre aux élèves à se comporter comme tels, le SNALC n’est pas demandeur de se substituer à la famille. Quant au français et aux mathématiques, ces disciplines devraient figurer dans la partie suivante, qui définit les enjeux des différentes disciplines. C’est sans doute, d’ailleurs, à l’exception de quelques formulations pompeuses, la meilleure partie du document.
Et le SNALC eût souhaité que cela en restât là, tant le reste est pénible. On voit mal ce qui peut sortir d’intellectuellement stimulant de la lecture des tableaux qui suivent : le premier détaille comment chaque discipline participe à l’acquisition des 12 grandes compétences, tandis que le deuxième détaille laborieusement leur possible apport dans l’apprentissage du français et des mathématiques.
Clairement, le CSP a pris son plus beau chausse-pied pour faire entrer les disciplines dans ses tableaux avec une vision utilitariste et une segmentation des apprentissages en compétences passe-partout qui donnent la nausée.
Le SNALC entend bien passer le message au CSP : si le projet de socle – sujet qui ne passionne déjà pas les foules – n’est pas drastiquement simplifié, il risque de terminer sa carrière dans les limbes de la toile, à moins de finir au fond du tiroir déjà bien rempli des documents négligés au Ministère.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1502 du 6 juin 2025