L’année scolaire écoulée, il est temps de dresser un bilan de cette période que l’on peut résumer en un mot : catastrophique. Depuis la rentrée, il ne s’est pas passé une semaine sans que les médias pointent les problèmes et faits divers qui frappent notre Institution, nos collègues et nos élèves.
Régulièrement, que ce soit vis-à-vis du Ministère ou à travers les médias, le SNALC dénonce, prévient, alerte sur ce qui devient de plus en plus inadmissible et insupportable. L’Éducation nationale vit probablement sa plus grande crise ; une crise protéiforme.
Premier aspect : l’École est devenue aujourd’hui une cible et, de l’avis de tous, notre profession devient de plus en plus un métier à risques.
On le voit à plusieurs niveaux :
- Le meurtre de notre collègue Dominique Bernard en octobre dernier, véritable tragédie et traumatisme. Ce drame, résonnant avec celui de l’affaire Samuel Paty, nous rappelle ce qu’on a déjà entendu et qu’on ne voudrait croire encore possible : enseigner peut tuer ;
- Les violences (agressions, menaces via les réseaux sociaux, etc.) commises sur les personnels de l’Éducation nationale par des élèves. Impossible ici, vu leur nombre, de toutes les recenser. Néanmoins, parmi les faits médiatiquement et tristement marquants, nous pouvons retenir :
- En janvier, dans une école de Meurthe-et-Moselle, un père de famille dont l’enfant est scolarisé en CE1 est entré dans une classe et a agressé verbalement l’enseignante sur place, faisant référence à Samuel Paty ;
- En avril, à Marseille, une directrice d’école est agressée par une mère dont le fils n’avait pas pu participer à une sortie ;
- En juin, dans une école de La Rochelle, plusieurs enseignants sont agressés par un parent d’élève, l’un d’eux ayant été mis à terre et frappé.
La situation devient telle qu’on en arrive à des prises de décision extrêmes à l’image des propos du maire d’une commune des Bouches-du-Rhône qui avait annoncé, en janvier 2024, vouloir équiper les enseignants de sa commune de bombes lacrymogènes pour pouvoir se défendre en cas d’intrusion.
Avec une telle pression venant de la part d’élèves et de parents, galvanisés par un sentiment d’impunité, la tentation de ne rien dire ou de ne rien faire nourrit le #PasDeVagues, l’auto-censure est grande. On ne peut que constater une banalisation croissante et inquiétante de la violence. Le sentiment d’insécurité s’est mué en honteuse réalité.
Cette crise n’est pas la seule. D’autres phénomènes viennent aggraver la situation.
Deuxième aspect : la crise d’attractivité et de recrutement.
À l’image du premier, ce deuxième aspect n’est pas nouveau, mais le phénomène s’amplifie. Le SNALC a mis en évidence la paupérisation du métier d’enseignant, mais aussi des autres métiers au sein de notre ministère. À cela s’ajoute une dégradation de nos conditions de travail avec une médecine de prévention bien trop insuffisante, des classes surchargées, des réformes qui, non seulement n’apportent rien aux élèves, mais viennent un peu plus déprofessionnaliser les professionnels que nous sommes. À tel point que l’École est clairement devenue un bien de consommation où les personnels sont au service des parents et des élèves. L’exigence, le respect et le travail deviennent des tabous.
Troisième aspect : les phénomènes de société ainsi que la place et la responsabilité des parents.
Paradoxalement, même si les médias mettent davantage en lumière les deux aspects évoqués plus haut, le Ministère, comme l’opinion, demandent toujours plus à l’École. Que ce soit sur la question des bases de l’éducation, celle des réseaux sociaux, du téléphone portable ou des écrans, tout est présenté de telle manière qu’on a l’impression que l’École doit se charger de tout.
Que les choses soient claires : pour le SNALC, la première cellule d’apprentissage d’un enfant n’est pas l’École, mais la famille. À ce titre, cette dernière a également un rôle et surtout une responsabilité. Notre mission n’est pas d’élever les enfants qui nous sont confiés. C’est pourquoi, pour le SNALC, plutôt que de charger la barque EN, il faut avant tout responsabiliser les élèves et surtout leurs parents, membres – rappelons-le – de la communauté éducative. Cette appartenance implique certes des droits, mais aussi des responsabilités.
Quelles que soient les épreuves et face à cette dégradation constante de nos conditions de travail, le SNALC ne baisse jamais les bras, vous défend et vous accompagne au quotidien dans l’exercice de votre métier
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1491-Ecole du 12 juillet 2024