La fin d’année 2023 a vu la présentation en conseil d’administration du Contrat d’objectifs et de performance (COP) du Cned (Centre national d’enseignement à distance) jusqu’en 2026. C’était donc l’occasion pour le SNALC d’y exprimer, devant la direction du Cned et les représentants de l’État, son positionnement face à la trajectoire ainsi donnée au Cned.
DES MISSIONS RENFORCÉES
Le SNALC est satisfait que le cœur historique de la mission de service public du Cned auprès des élèves « empêchés » soit réaffirmé, avec plusieurs objectifs sur le renforcement du suivi des élèves et l’interopérabilité avec les systèmes d’information du ministère.
Le SNALC est également favorable au fait que le Cned contribue aux missions de service public du numérique éducatif sur des dispositifs tels que l’ASSR (attestation scolaire de sécurité routière). Le Cned se montre en effet très utile lorsqu’il propose des outils qui viennent en appui au présentiel.
L’élargissement de la mission du Cned à la mise en place de plateformes de formations grand public, comme celle sur le B.A-BA du climat, et bientôt celle sur le harcèlement est positive — d’autant qu’elle permet une visibilité du Cned qui lui ouvre ensuite d’autres débouchés commerciaux.
“CONTINUITÉ PÉDAGOGIQUE”, VRAIMENT ?
Le SNALC est bien plus dubitatif concernant le rôle du Cned dans le cadre de la « continuité pédagogique », entendue dans le cadre des remplacements de courte et désormais de longue durée. En effet, le rôle de ces dispositifs est avant tout de tenter de masquer l’état déplorable de l’Éducation nationale et son absence d’attractivité, dus aux politiques délétères qui s’accumulent depuis des dizaines d’années. Le SNALC ne considère pas du tout que le Cned pourrait être une solution pour répondre au manque d’enseignants dans les disciplines en tension.
Pour le SNALC, syndicat humaniste, la norme de l’enseignement scolaire, lycée professionnel compris, doit être le présentiel (ce qui n’empêche pas, bien sûr, l’utilisation de contenus numériques dans ce cadre). Les savoirs ne sont pas désincarnés et une relation humaine est nécessaire, non seulement pour transmettre des connaissances, mais aussi faire vivre les valeurs et principes de la République. Il est d‘autant plus important, dans le contexte actuel, de former réellement des citoyens éclairés. Pour cela, il faut des enseignants en chair(e) et en os et donc agir résolument sur l’attractivité du métier d’enseignant.
DES “RESSOURCES HUMAINES” À MIEUX TRAITER
Par ailleurs, le SNALC note avec intérêt que le Cned s’engage à investir les ressources nécessaires pour assurer la maintenance de ses formations. De même, sont prévues des subventions spécifiques pour compenser les effets de mesures affectant la scolarisation réglementée. Le SNALC attend d’en voir les effets concrets car il constate que très souvent les calendriers politique, budgétaire et pédagogique ne coïncident pas : le ministère doit respecter des délais raisonnables dans la mise en place des réformes. Cela irait dans le sens de l’ambition exprimée également dans ce COP d’améliorer la qualité de vie et les conditions de travail des personnels.
Enfin, le SNALC se réjouit de l’annonce d’une politique volontariste de recrutement de personnels en situation de handicap, jusque-là inexistante concernant les enseignants en poste adapté ! Ces derniers devraient pourtant être le vivier naturel du Cned au terme de leur affectation en poste adapté. Au lieu de cela, ils restent une partie du personnel à part, coincés dans un cadre d’exercice qui les cantonne à un nombre très limité d’activités et n’a pas évolué depuis sa mise en place : le SNALC en pointe régulièrement les insuffisances.
Ce sujet des postes adaptés (nombre de postes et missions) a été abordé lors de l’audience du SNALC avec le ministre le 22 décembre. Le SNALC reviendra prochainement à la charge sur ce dossier dans les instances du Cned comme auprès du ministère.
ENSEIGNER AU CNED : SUR POSTE ADAPTÉ, MAIS PAS SEULEMENT
Les 1 200 postes d’enseignants à distance au Cned sont des postes adaptés, réservés à des enseignants ne pouvant plus, pour des raisons de santé ou de handicap, continuer à enseigner en présentiel. Leurs activités consistent à tutorer et évaluer en ligne les 35 000 élèves qui, de la maternelle à la terminale, sont scolarisés à distance. Une minorité de ces enseignants accompagne des adultes, étudiants ou encore agrégatifs. Tous travaillent en distanciel. L’affectation sur poste adapté (au Cned ou ailleurs) se fait sur dossier au niveau académique, en général à l’automne pour l’année scolaire suivante.
Par ailleurs, le Cned recrute également des enseignants hors de ce cadre, en mise à disposition. Selon les profils des candidats, ils peuvent exercer soit à la direction générale, soit sur l’un des huit sites géographiques du Cned. Il ne s’agit pas de faire de l’évaluation des élèves, mais de la conception de contenus pédagogiques et de l’animation disciplinaire. Renseignements dans cet article (candidatures jusqu’au 31/01/2024).
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1485 du 26 janvier 2024