Le SNALC a écouté les propos du ministre Pap N’Diaye ces dernières semaines et lu les projets ministériels. Entre pacte enseignant, renforcement de la maîtrise des savoirs fondamentaux en cycle 3 et réforme du collège, la boucle serait-elle bouclée ?
À la mi-octobre 2022, le ministre envisageait de confier la surveillance des cours de récréation pendant la pause méridienne aux enseignants. Quelques jours plus tard, il revenait sur ses mots en expliquant que « ce n’était pas du tout ce qu’il voulait dire ».
Début décembre, il annonçait un projet de décret créant une indemnité pour mission d’innovation pédagogique. Il expliquait également aux médias qu’une prime serait créée dans le cadre du pacte pour les enseignants qui accepteraient de nouvelles missions d’orientation, de suivi individuel des élèves, ou encore de remplacements de courte durée.
Le projet de décret sur l’innovation pédagogique a finalement été retiré le 13 décembre 2022 grâce à la mobilisation des organisations syndicales. Quant aux missions supplémentaires, elles ne peuvent s’appliquer aux professeurs des écoles qui n’ont malheureusement pas de don d’ubiquité et qui sont déjà soumis aux missions d’orientation et de suivi individuel de leurs élèves.
Vous aviez cru que nous avions fait le tour de la question ?
Que nenni ! A nouvelle année, nouvelle idée ! Pap N’Diaye nous est revenu en janvier avec un nouveau projet bien ficelé : le collège a besoin d’être réformé, les savoirs fondamentaux renforcés, le lien école-collège (cycle 3) intensifié et les professeurs des écoles mieux rémunérés. Un coup de baguette magique et les PE se retrouvent à devoir travailler plus pour gagner ce qui leur est dû depuis trop longtemps.
Ainsi, au lieu d’un rattrapage salarial bien mérité, on proposera aux volontaires d’aller accompagner les élèves de 6ème au collège pour des séances de français et mathématiques, à l’instar de ce qui se fait expérimentalement dans l’académie d’Amiens avec la 6ème tremplin (notons au passage que les effets de cette expérience n’ont nullement été évalués).
La déclinaison 1er degré du pacte semble toute trouvée…
Si cette possibilité d’aller travailler en collège en plus des horaires habituels pourrait intéresser certains collègues, notamment pour des raisons financières bien compréhensibles, un cortège de questions reste sans réponse :
- Quid de la rémunération de ces heures ? Se ferait-elle sur la base du taux des heures supplémentaires des PE ou des professeurs certifiés (substantiellement plus élevée) ?
- Quels emplois du temps ? Sachant que les expériences actuelles placent, entre autres, ces heures le mercredi matin, quel fonctionnement serait retenu pour les écoles à 4,5 jours ?
- Dans le cas d’interventions le mercredi matin, où seraient déplacées les animations pédagogiques pour tous ? Le mercredi après-midi ? Le samedi matin ?
- Quel remboursement des frais de déplacements ?
- Quel cadre pour les heures de concertation avec le collège ?
- Le volontariat serait-il réellement de mise ou les PE subiraient-ils des pressions plus ou moins équivoques pour accepter ces missions ?
Même si ces questions venaient à trouver des réponses acceptables, il n’en reste pas moins que ce pacte, quel que soit sa formule ou le nom qui lui sera trouvé, ne règlera en rien la question de la revalorisation pour tous, sans contrepartie.