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Souffrance physique et aménagement de carrière en EPS

© iStock_LSOphoto

La souffrance physique dans l’exercice du métier est réelle pour un très grand nombre de professeurs d’EPS. La Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance du Ministère de l’EN a publié en 2010, un audit concernant la santé des professeurs d’EPS (1). Cette conséquente et rigoureuse étude éclaire de façon objective et assez édifiante la situation de ce corps particulier d’enseignants. Face à ces constats des solutions doivent être recherchées et apportées notamment en matière d’aménagement de carrière.

Les problèmes de santé au niveau physique

Ils concernent 1 professeur sur 2 et augmentent avec l\’âge.

En moyenne près d\’un professeur sur deux connaît des problèmes de santé directement liés à l\’exercice de sa discipline. La pratique du sport, les parades d\’élèves, la manipulation du matériel, la station debout prolongée, la répétition de gestes, l’enseignement en plein-air (froid, humidité), en gymnase et en piscine (bruit) ainsi que l\’usure du corps avec l’âge, sont autant de facteurs explicatifs relevés par l’étude.

Ce taux moyen de 50 % varie au cours de la carrière. A moins de 30 ans, les jeunes professeurs sont moins affectés puisque seulement 13% déclarent avoir de tels problèmes. Mais rapidement, de 35 à 39 ans, ce taux s’élève à 48%. Il atteint les 71% pour les professeurs de 50 ans et plus (cf graphique 1), ce qui est considérable.

Maux de dos et articulaires, mais pas uniquement

Deux principaux types de maux affectent les professeurs d’EPS : les problèmes de dos (lombalgies et cervicalgies) et les problèmes d\’articulation (tendinites, soucis ligamentaires et arthrose avancée) principalement au niveau des épaules, des hanches et des genoux.

Les maux de dos apparaissent tôt dans la carrière, dès 10 ans d\’ancienneté pour 31% des P. EPS. Après 15 à 20 ans d’exercice, cette pathologie s’étend à la moitié des professeurs et s’accompagne de problèmes articulaires pour un tiers d’ente-eux. Enfin, les professeurs les plus anciens souffrent de maux multiples (dos, articulations, arthrose et audition). Les recours aux opérations chirurgicales et à la pose de prothèses sont très nombreux. Ils rendent possible la poursuite de l’exercice professionnel, non sans certaines difficultés sinon de réels handicaps.

Une usure physique prématurée

Les ennuis de santé apparaissent très précocement, 10 ans après le début de carrière, et 25% des professeurs, avant l\’âge de 30 ans. L\’usure physique prématurée touche 40% des professeurs de moins de 35 ans et 63% des professeurs de 35 à 44 ans. Elle affecte fortement leur moral. L’activité professionnelle qui nécessite une bonne forme est d’autant plus éprouvante psychiquement que les professeurs se sentent invalidés.

Souffrance physique et mal-être au travail

L’étude de la DEPP s’est aussi intéressée à la sensation de bien-être/mal-être dans l’exercice du métier (score de satisfaction) en relation avec la perception positive/négative du métier (score d’évolution). 5 groupes différenciés ont émergé de ces mesures (cf graphique 2).

Les groupe 1 et 2: Ces groupes sont les plus jeunes. Ces professeurs sont ceux qui connaissent le moins de problèmes de santé et qui ont le plus haut score de satisfaction vis-à-vis de leur métier.

Le groupe 3: Ce groupe contient une forte proportion de professeurs de 40 à 50 ans. La moitié d’entre-eux ont déclaré avoir des soucis liés à la pratique de leur discipline. Leur score de satisfaction est à peine moyen.

Les groupes 4 et 5 : Ces groupes rassemblent le plus de femmes (50%), le plus de professeurs de 55 ans et plus ou exerçant depuis 25 ans ou plus. 60% (gpe 4) à 75 %(gpe 5) de ces professeurs déclarent souffrir de problèmes de santé en raison de leur pratique et 87% subissent une usure physique prématurée (gpe 5).
Leurs scores de satisfaction (gpe 5) ou d’évolution positive à l’égard du métier (gpe 4) sont faibles.

Ces résultats démontent clairement l’impact des difficultés physiques, de l’âge et du sexe qui, combinés, contribuent au mal-être et génèrent une souffrance au travail. Plus les professeurs d’EPS sont âgés, avec un cap autour de 55ans, plus ils ont de l\’ancienneté, à partir de 20 ans de carrière, plus ils sont des femmes, plus ils rencontrent des problèmes physiques (douleurs, limitations, handicaps) plus leur vision du métier est affectée (démotivation, pessimisme, estime de soi) et plus importante est leur souffrance dans l’accomplissement de leur travail.

Aménager le déroulement et les fins de carrière :

Intégrer les Professeurs d’EPS dans le corps des Certifiés (2)

Les résultats de cette étude plaident pour une diminution et un alignement des horaires d’enseignement des P.EPS conformément aux autres disciplines. L’écart de 2h, entre les services des P. EPS et ceux des professeurs certifiés constitue sur l’ensemble de leur carrière une différence de 3000h qui représentent 4,5 années d’exercice supplémentaire. Tout se passe comme si ils travaillaient jusqu’à l’âge de 66 ou 67 ans. Compte tenu des difficultés physiques exposées, leur intégration est urgente. Elle limiterait l’usure prématurée et préserverait davantage leur premier outil de travail : leur corps.

Mettre en œuvre une vraie médecine du travail

Ce domaine est abandonné depuis de nombreuses années. Aujourd’hui 84 médecins de prévention exercent dans l’éducation nationale, soit un médecin pour 12 000 enseignants! Il serait temps de redonner de l’attractivité à ce secteur et de mettre en place une vraie médecine du travail soucieuse de protéger la santé des professeurs et la qualité du service éducatif, au lieu de comptabiliser froidement les arrêts de travail et de tenter de les limiter par le rétablissement de une journée de carence.

Dans l’attente, un rendez-vous avec les services médicaux des rectorats, fixé entre 50 et 55 ans semble une mesure minimale qui pourrait déboucher sur une reconnaissance plus objective des difficultés et conforter la mise en place de mesures nécessaires et adaptées.

Accroître les possibilités de reconversions professionnelles, de reclassement, de formations et de passerelles, qui donneraient du poids à l’objectif creux de «formation tout au long de la vie». Elles offriraient des issues aux professeurs des groupes 3, 4 et 5 (cf graphique 2) grandement demandeurs. Pour l’heure c’est bien insuffisant et le dispositif mobi-SNALC existe pour offrir à nos adhérents un palliatif à cette carence.

Aménager les fins de carrière

Depuis 2010, l’âge de départ minimal à la retraite est de 62 ans et le nombre d’annuités de cotisation est de 40 ans.

Un rapport de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie a récemment mis en évidence le coût de cette mesure (3). Les arrêts de travail s’allongent et sont plus coûteux après 60 ans. Ils sont en moyenne de 2 mois et demi au lieu de 33 jours pour les autres salariés. Dans un tel contexte, qui va se tendre davantage avec la réforme prochaine des retraites annoncée pour 2019, il serait judicieux d’envisager le déroulement et les fins de carrière d’une manière plus souple, intelligente, et non pénalisante pour ceux qui, reconnus médicalement, en feraient la demande. Aujourd’hui ce n’est pas le cas !

Les témoignages de nombreux collègues (4) démontrent une reconnaissance médicale partiale, sujette à des critères drastiques qui minorent les problèmes de santé, les difficultés et les handicaps, pour prolonger l’activité des enseignants comme si de rien n’était et à leurs frais! En effet en cas de difficulté avérée et non passagère, les rectorats ne peuvent concéder aux intéressés qu’un travail à temps partiel de droit. C’est à dire la possibilité de travailler moins mais en gagnant moins! On est assez loin de la bienveillance affichée!

Le SNALC avance les propositions suivantes:

■ Le rétablissement d’une «Cessation Progressive – ou adaptée – d’Activité» fait partie des mesures possibles. Il permettait un travail à mi-temps rémunéré à 80 % pour des personnels en difficulté.
■ De même l’aménagement de fins de carrière à taux plein et par des paliers dégressifs de 2h de décharge, pouvant aller jusqu’au mi-temps thérapeutique, selon les raisons médicales, serait une prise en charge, quant à elle, vraiment respectueuse de l’investissement et de la carrière des professeurs.
■ Enfin l’idée d’un compagnonnage entre professeur expert et débutant, que nous avons déjà évoqué au profit des professeurs stagiaires (5), serait aussi une mesure qui faciliterait la fin de carrière de professeurs expérimentés physiquement affectés. Ces derniers, reconnus pour leur expertise, volontaires, partageraient leur temps de travail avec un novice. Chacun exercerait 10h d’enseignement. Le tuteur compléterait son service de 20h, par 10h d’aide à la préparation des leçons et à l’accompagnement pédagogique du stagiaire en classe.

Cette dernière mesure s’inscrit d’ailleurs dans l’esprit de la réforme de la formation des professeurs souhaitée par le gouvernement, puisque J-M. BLANQUER a affirmé récemment que «dans le cadre de leur formation, les futurs professeurs doivent avoir davantage devant eux des enseignants qui sont eux-mêmes au contact des élèves. Il faut développer le tutorat par le biais d’un accompagnement renforcé avec des pairs.» (6)
Dans le cadre de «l’agenda social» le secteur EPS du SNALC, au service des professeurs, fera entendre ces propositions simples, nécessaires et réellement bienveillantes, pour une EPS autrement… !

 

1. MEN DEPP : Etre professeur d’EPS en 2009, Dossier 195, 2010
2. L. BONNIN : Intégrer les P. EPS dans le corps des certifiés, Quinzaine Universitaire 1414, 2018
3. Les Échos.fr : Le coût des arrêts maladie s\’envole avec la retraite à 62 ans, 31/07/2018
4. M. REPPERT : Mémorandum sur la souffrance des professeurs et personnels non enseignants de l’EN, 2017
5. L. BONNIN : La souffrance psychologique et sa gestion en EPS, Quinzaine Universitaire 1419, 2018
6. Ouest france.fr: Entretien-Édouard Philippe veut « changer la vie des enseignants », 01/08/2018

 

Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1420