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Retraites : il faut abroger à la racine

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La loi sur les retraites a été promulguée le 14 avril 2023 et ses derniers décrets d’application fin août 2023. La vie politique a remis la question sur le tapis après les élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. Le SNALC avait pris position, comme la majorité de la population, contre la nouvelle loi qui portait l’âge de départ à 64 ans. Que faut-il penser de la proposition de ramener cet âge à 62, voire 60 ans comme cela avait été le cas depuis 1982 ? 

Le Sénat avait calculé que le régime de retraite de la fonction publique représentait 64 milliards d’euros en 2024 soit 14% du montant global du budget général. Beaucoup de spécialistes avaient déclaré l’impossibilité de dépasser ce pourcentage. Et pour cela, certains ont proposé de geler les retraites ou de les désindexer. Après tout, nous diton, le gouvernement l’a bien fait en 2019 : les retraites n’avaient été revalorisées que de 0,3 % sans tenir compte de l’inflation. D’autres évoquent même le recours aux fonds de pension pour « alléger » le poids des pensions que verse l’État. 

Il va de soi que le SNALC est tout à fait hostile à de telles mesures ; il s’en tient aux propositions qu’il a publiées en juillet dernier (voir la Quinzaine universitaire n°1491) : 

  • Le retour de l’âge légal de départ de 62 ans ; 
  • l’application effective de la promesse d’une pension minimale de 1200€ brut en tenant compte des temps incomplets imposés aux agents contractuels ; 
  • l’instauration d’un temps partiel de droit pour retraite progressive car l’on sait que l’attribution d’une retraite progressive n’est possible que si l’on a obtenu un temps partiel, ce qui est un obstacle non négligeable ; 
  • et le rachat à tarif réduit des années d’études des professeurs, même si récemment, l’État a réduit ses exigences pour ceux qui auraient demandé ce rachat dans les dix années qui auront suivi leur entrée dans la carrière. 

Il reste un point très important apparemment ignoré de tous ceux qui discutent de ces questions : le SNALC demande l’abrogation de la loi Touraine. C’est en effet cette loi de janvier 2014 qui a augmenté le nombre de trimestres exigibles pour bénéficier d’une pension complète à 172. La loi de 2023 a avancé l’application de cette loi. 

Or, s’il faut bien bac + 5 pour entamer une carrière de professeur, on ne peut le faire avant l’âge de 23 ans ! Si l’on continue d’exiger 172 trimestres soit 43 ans d’exercice, il est clair qu’une carrière complète ne sera obtenue qu’à l’âge de 66 ans dans le meilleur des cas. C’est pourquoi le SNALC ne peut se contenter de voir ramener l’âge de la retraite à 60 ou 62 ans si en même temps, on n’abroge pas la loi Touraine. 


Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1492 du 6 septembre 2024