Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1429, mai 2019
Entre les mois de juin et d’août 2018, 500 noyades ont été enregistrées doublant le triste bilan de 2015.
Plus dramatique encore, 332 décès par noyade chez des enfants de moins de 6 ans ont été recensés cette même année, concrétisant une augmentation de 85 % depuis 2015.
Face à de tels constats, le « savoir nager » s’est imposé à l’école primaire et secondaire. Il se voit renforcé par un plan « d’aisance aquatique », annoncé par la dernière ministre des sports. De quoi s’agit-il ?
Ce plan s’adresse aux classes de maternelle. La bonne idée consiste à proposer aux enfants de 3 à 6 ans une familiarisation au milieu aquatique visant d’une part à lutter contre les phénomènes d’aquaphobie et d’autre part à permettre une adaptation précoce à cet environnement, préalablement à l’apprentissage de la nage.
Dans l’esprit, cette initiative est donc intéressante. Qu’en est-il dans les faits ?
Pour l’heure, ce plan à l’état expérimental ne concerne que deux écoles maternelles parisiennes. Il s’effectue sous forme de stage massé où, durant deux semaines, les enfants vivent deux séquences de familiarisation par jour. Selon les effets obtenus, cette expérimentation se verrait étendue à toutes les écoles de France. Quelle analyse en faire ? Il n’y a aucun doute quant aux résultats bénéfiques qui en résulteront. Par contre, nous sommes beaucoup plus circonspects quant à la généralisation du plan.
On imagine aisément que les moyens matériels, pédagogiques et d’encadrement dans le contexte parisien de l’expérimentation sont très largement favorables. La question de l’extension de cette mesure pose cruellement la question de sa simple faisabilité dans des milieux beaucoup plus modestes en équipements et en ressources, notamment financières. Lorsque l’on mesure les difficultés actuelles de la mise en oeuvre de la natation scolaire de plus en plus limitée en raison d’absence de possibilités d’accès aux installations ou de coûts d’encadrement et de transport limitant, on ne peut que lire cette proposition du gouvernement comme une nouvelle mesure hors-sol qui soigne toujours une stratégie de communication et d’occupation du champ politique, mais qui assurément ne manquera pas de tomber à l’eau.