L’unanimité est de rigueur pour les personnels, dont les AESH, et les élèves en situation de handicap (ESH): les résultats de l’acte I de l’inclusion scolaire sont catastrophiques, notamment par défaut de structures, dispositifs et moyens mis en œuvre.
Balayant une fois de plus les remontées de terrain et les propositions des organisations syndicales représentatives, dont le SNALC, le gouvernement a lancé cette année l’acte II de l’école inclusive. Un lancement en grande pompe, via la parution d’un dossier de presse, suite à la conférence nationale du handicap (CNH) du 26 avril 2023, confirmé par la tenue du comité interministériel du 16 mai 2024.
Tout d’abord, l’école inclusive devient « l’école pour tous ». Il ne s’agit plus de prendre en charge les ESH, mais tous les élèves à besoins éducatifs particuliers (EBEP).
Pour cela, les pôles d’appui à la scolarité (PAS) devraient remplacer les PIAL : expérimentation des 100 premiers PAS dans 4 départements (Aisne, Côte-d’Or, Eure-et-Loir et Var) à la rentrée 2024, en attendant une éventuelle généralisation à la rentrée 2027, puisque depuis la décision du conseil constitutionnel du 28/12/2023, les PAS n’ont toujours pas d’existence légale. (1)
Le PAS aura la possibilité de prescrire une aide humaine sans attendre une décision éventuelle de la MDPH.
Aux PAS, s’ajoutent :
- l’intervention des professionnels de santé libéraux (ergothérapeutes, masseurs-kinésithérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes, psychologues) dans les murs de l’école ;
- un grand plan de formation des équipes pédagogiques déployé dès la rentrée 2024 ;
- une évolution du cadre d’emploi des AESH (Cf. notre article « AESH : Le meilleur – ou le pire ? – reste à venir ») ;
- des professeurs référents handicap et accessibilité permettant aux ESH d’avoir un interlocuteur privilégié et capables de répondre aux questions des familles ;
- 100 structures médico-sociales intégrées au sein des écoles d’ici la fin du quinquennat.
Sur le papier, c’est formidable, mais la réalité est tout autre :
- Les moyens financiers (formation et rémunération indigentes des enseignants, AESH…), matériels (les murs des écoles et établissements ne sont pas extensibles à l’infini) et humains (difficultés de recrutement de personnels du médico-social, d’enseignants référents, d’AESH référents…) n’ont pas été et ne seront pas au rendez-vous.
- La différenciation pédagogique à-tout-va ne peut être une réponse systématique dans des classes surchargées.
- Le glissement des élèves relevant des établissements médico-sociaux vers les ULIS et des élèves des ULIS vers la classe ordinaire continuera à générer un immense mal-être des élèves et des personnels.
- La culpabilisation demeurera : des professeurs accusés par l’institution d’être incapables d’adapter leurs pratiques pédagogiques à chaque EBEP et de privilégier la compensation à l’accessibilité, et des AESH de surcompenser faisant ainsi obstacle à l’autonomie de l’ESH.
Le SNALC a toujours alerté sur les lacunes, dysfonctionnements et souffrances d’une inclusion scolaire au rabais. Il continuera à le faire en 2024/2025.
Le SNALC n’était pas demandeur des PIAL, il ne l’est pas davantage des PAS.
Le SNALC, contrairement à nos politiques, n’est jamais déconnecté de la réalité du terrain !
(1) Cf. PAS : première impasse
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1491 du 12 juillet 2024