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Diktat(s) théoriques et pratiques pédagogiques en EPS

UN JARGON ABSCONS...

Introduction

Le secteur EPS du SNALC, très en lien avec le terrain, est à l’écoute des collègues, de leurs attentes mais aussi de leurs exaspérations. Il vous livre ici la réflexion d’un professeur qui exprime son ras le bol. Il dénonce en particulier les discours qui s’estiment renouveler et moderniser nos enseignements, alors que pompeux et creux, ils laissent notre profession, pétrie de bonne volonté et de savoir-faire pertinents, dans une vacuité, une perplexité et une désolation inégalées. Il plaide alors pour un retour sain entre les champs théoriques qui actuellement imposent, avec le soutien de l’institution, plus des modèles et des diktat(s) que des solutions, et les pratiques pédagogiques trop souvent dévaluées, jugées toujours insuffisantes, alors que, fruit d’une grande expertise, elles produisent les résultats escomptés. Ce texte illustre ainsi une de nos plus importantes revendications : Le respect de la liberté pédagogique et des compétences efficaces acquises par l’expérience.






«Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément »







Ces vers de BIOLEAU ne sont pas au frontispice des UFR STAPS ou de ceux des sciences de l’éducation. En moins d’une minute et 3 clics, ayant fait une recherche internet sur les mots clés « thèse », « sciences de l’éducation », «STAPS», j’ai pu lire : « Je construis une situation problème pour que tous les enfants, chacun à leur niveau, fassent des progrès décisifs du point de vue des savoirs à construire en gymnastique et opèrent de véritables transformations pour passer d’une motricité en réaction à un milieu aménagé à une motricité construite après anticipation. » Je vous épargne la longue liste des arguments d’autorité trouvés dans ces thèses qui instrumentalisent sans vergogne les grands penseurs de la tradition : « Montaigne a dit que… », « D’après Kant… », «Selon…» et citent avec aplomb d’autres thèses du même tonneau que le leur, dans une sorte d’auto-évaluation certificative épatante.

Je vous épargne mes sources, ma culture, mes références, mes colloques, et je vous donne simplement mon avis : les discours abscons ont la fonction de faire taire le terrain.

On peut réfuter une thèse, un argumentaire. Il est impossible de réfuter un « rien». Confronté à « rien » développé sur 250 pages, on se trouve condamné à avoir le courage de dire « je n’y comprends rien » ou l’effronterie de déclarer « c’est indigent et sans contenu. » Vous avez le choix entre l’imbécillité ou la subversion.

Ce qui ennuie l’enseignant en exercice que je suis, c’est que la doxa de l’Éducation nationale se nourrit trop souvent de ce genre de prose. Je suis aussi ennuyé au constat du ridicule ou des sanctions imposés par les écarts à la doxa. Soit on se moque gentiment de vous en vous proposant des stages de remise à niveau. Soit on vous sanctionne en vous collant aux concours de recrutement, en ralentissant votre carrière, en vous « placardisant »…

Je ne cherche pas à démontrer ce que j’écris là. J’exprime ce que je pense. Celles et ceux d’entre vous qui reconnaîtront ce que je décris pourront dire qu’ils sont d’accord, et sourire un peu. Sourire est important car parfois d’autres finissent malades de supporter en silence l’indigence intellectuelle qu’on leur inflige. C’est une violence dans le cadre d’un rapport hiérarchique qui prône transparence et dialogue, mais pratique l’opacité et l’injonction chaque fois que cela l’arrange. L’excellent ouvrage coordonné par Maxime REPPERT – Mémorandum sur la souffrance des professeurs et personnels non enseignants de l’Éducation nationale. Un premier pas vers plus de sérénité et de dignité – à diffuser auprès de ceux que vous connaîtriez et à qui il pourrait rendre service.


UNE NÉCESSAIRE THÉORIE

Même légitime, cette colère du terrain envers des savoirs éloignés, cette querelle entre pratique et théorie est stérile en elle-même. Suis-je en train de préconiser la fin des études universitaires qui fondent actuellement le recrutement par concours des professeurs ?
Certes pas : CAPEPS et agrégation recrutent des « ingénieurs » de l’enseignement, des personnels capables de comprendre une classe, d’analyser les causes des difficultés qui s’y développent, de concevoir face à elles des hypothèses de solutions et de les appliquer parfois dans l’instant, parfois à court, moyen ou plus long terme pour transmettre savoir et culture. L’enseignement est une pratique hic et nunc qui requiert une expertise fondée sur la maîtrise approfondie de savoirs théoriques universitaires solides et sérieux. Mais alors ; que veux-je !? L’enseignement est une pratique comme le sont par exemple la médecine et le pilotage. Dans ces domaines, l’acte médical ou chirurgical, le décollage ou l’atterrissage d’un avion sont des actes accomplis par des personnes maîtrisant les domaines théoriques de leurs métiers, en constante formation professionnelle au fil de leurs carrières.

Médecins, pilotes – et professeurs – analysent des situations, conjecturent des diagnostics, formulent des hypothèses, et font leurs métiers. Ils réagissent au réel, dans l’instant. Ils cherchent une issue favorable à une tension immédiate, sachant que la possibilité de l’échec est présente à chaque seconde. La connaissance de ces métiers mène à la modestie car chacun y sait que le réel résiste et n’obéit pas ; il surprend, prend à revers, étonne : l’imprévu y est de mise; il y est certain. Biaiser le rapport au réel équivaut à la certitude d’un échec ; se confronter à lui honnêtement permet d’augmenter significativement les chances de réussite.

Alors non, il n’est pas question de nier l’importance de notre formation universitaire, mais tout au contraire de la revendiquer de façon exigeante et sérieuse ; d’y faire le tri entre l’essentiel et l’accessoire. Il n’est pas question de retourner à la tutelle du ministère des sports et confier l’EPS à des brevetés d’État, moins coûteux, et plus rentables au coût horaire de l’heure d’enseignement calculé très sérieusement par la cour des comptes. C’est là précisément, une des raisons qui fondent la revendication du SNALC de l’intégration des professeurs d’EPS au corps des certifiés, et de passer d’un CAPEPS à un CAPES d’EPS : la sécurisation au sein de l’Éducation nationale de notre discipline, de façon pérenne, sans retour possible à une autre tutelle.


DES DIKTAT(S) DIDACTIQUES

Par contre, et de façon nette, il est également question de dénoncer les abus d’autorité de l’encadrement lorsqu’il utilise les résultats des recherches des STAPS et des sciences de l’éducation. Je reste à ce titre un disciple fidèle de Jacques ULMANN et me permets de vous recommander son excellent article «Y a-t-il une vérité en EPS?». Quand quiconque brandit les travaux des STAPS et des sciences de l’éducation comme autant de vérités, les assénant aux personnels enseignants, restant sourd aux résistances du réel de la classe, aux retours critiques, est alors pratiquée une injonction doctrinaire là où devrait se développer le débat intellectuel.

Le maniement abusif de ces vérités hâtivement généralisées par des supérieurs hiérarchiques transforme en niais des professeurs qui répondent sans être entendus « intéressant mais inapplicable », « ne fonctionne pas dans la classe »… Alors, l’utilisation des savoirs théoriques produits par ces filières universitaires devient dogmatique et péremptoire. Fort heureusement l’époque des bûchers est révolue.


LA LIBERTÉ PÉDAGOGIQUE

Je suis professeur dans ma classe : je parle de plein droit de ce que je connais. C’est la négation de l’existence de ce droit qui me hérisse le poil !

Qui aurait l’idée de contester l’élaboration du bon diagnostic, la réussite de la chirurgie, l’atterrissage réussi de l’avion au nom d’une mauvaise méthode de consultation du médecin, d’un choix de bistouri ou d’une voie d’accès obsolète par le chirurgien, d’une trajectoire d’approche originale du pilote ? Personne.

Vous savez tous avec quel orgueil sont trop souvent imposées aux professeurs des façons de faire la classe qui nient leur expertise et les rangent de facto dans la catégorie d’exécutants automatisés.

C’est bien cela qui mène à la colère : cette négation du savoir pratique, élaboré dans la classe, année scolaire après année scolaire, échec après échec, avec persistance et courage parfois. C’est la négation de cette parole qui enrage les professeurs qui se voient imposer des fadaises théorisées ; à qui on inflige l’application de thèses conçues dans un ailleurs trop souvent replié sur lui-même; où, trop souvent encore, on se contemple complaisamment dans un miroir. Il faut avoir durablement fait la classe pour pouvoir en parler honnêtement et l’étudier sérieusement.

Ce détachement du réel de la classe que j’évoque avec vivacité sauterait aux yeux de qui consulterait la partie consacrée à l’éducation du très orwellien site de l’OCDE (https://www.oecd.org/fr/education/) : «La Direction de l’éducation et des compétences de l’OCDE aide les individus et les nations à identifier et acquérir les connaissances et les compétences qui permettent l’accès à des emplois meilleurs et des vies meilleures, créent de la prospérité et favorisent l’inclusion sociale. »

Ce qui est à dénoncer, c’est la verticalité descendante dans les rapports théorie-pratique. Cette hiérarchie est un non sens. Elle cause l’assèchement des rapports entre ces deux registres. L’autoritarisme du théoricien bien relayé par l’institutionnel envers le praticien est ce que je dénonce ici, en militant pour le rétablissement d’un respect mutuel et d’une écoute réciproque fondée sur l’honnêteté intellectuelle, pour une EPS autrement.