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Le SNALC s’inquiète de la politique ministérielle visant à développer l’usage des logiciels éducatifs dans toutes les classes. Outre le sujet des moyens hallucinants alloués pour concrétiser ce dessein, le SNALC s’interroge sur le devenir de notre statut de professeur à moyen terme.

Les logiciels éducatifs rendront obsolète notre rôle de transmetteurs et nous transformeront en assistants techniques et dépanneurs informatiques. C’est ce qui se passe déjà avec la mise en œuvre de « Program’Cours ». Ce dispositif met chaque élève d’une classe face à un écran pour travailler en mathématiques et en français en cas d’absence d’un collègue. Les incitations actuelles à déployer l’IA renforceront cette tendance : que pèserons-nous dès lors face à ces algorithmes puissants ?

Plus besoin d’expertise intellectuelle ni de conscience critique : les logiciels décideront et évalueront à notre place. Plus besoin non plus d’être capable de concevoir des cours et de les adapter à nos classes : appliquer sans réflexion des procédures informatiques suffira. Nous irons tout droit vers une standardisation absolue des pratiques pédagogiques. Nous deviendrons nous-mêmes des outils numériques. Et pour obtenir le Capes, le nouveau professeur devra faire valoir ses compétences en informatique avant la connaissance de sa discipline. Et pourquoi pas, à terme, nous remplacer par des techniciens qui coûteront moins cher ?

Pour faire passer la pilule, les marchands d’orviétan usent toujours du même discours habile empreint de psittacisme. L’enseignement par les logiciels numériques, c’est moderne, c’est ludique, c’est personnalisé. Le ministère affirme même que les IA sont « un potentiel pour relever les défis majeurs de l’éducation, innover dans les pratiques d’enseignement et d’apprentissage ». Fabuleux ! Si vous demandez le droit à émettre des doutes, à poser des questions sur l’efficacité pédagogique de ces outils, leurs défenseurs vous renverront aussitôt l’image surannée de l’enseignant avec un tableau noir, des craies et des blouses…

Lorsque le SNALC fait remonter au ministère ses doutes quant à la pertinence du développement de tous ces gadgets numériques dans les classes, ce dernier assure qu’il y aura toujours un lien fait par le professeur entre l’élève et la compétence travaillée. Nous sommes rassurés ! Les professeurs seront donc encore utiles pour… valider des compétences !

En persévérant dans ce choix, le Ministère semble frappé d’une double amnésie. Dans un premier temps, il fait fi des dernières études scientifiques qui alertent sur les conséquences dramatiques de la surexposition des enfants aux écrans dans notre pays : effondrement de la lecture et mise en péril de la réussite scolaire. En plus, il fait abstraction de l’histoire récente. Le recours au numérique pour faire cours lors du confinement total en 2020 a bien souligné à quel point la meilleure façon de faire progresser les élèves était de mettre en face d’eux…. des professeurs qualifiés et bien formés ! C’est dans ce sens que le SNALC agit. Rejoignant les conclusions des recherches menées par Michel Desmurget, directeur de recherches à l’INSERM, il sensibilise tous les personnels de l’Education nationale à ce sujet par le biais de colloques. Il est aussi l’une des rares voix discordantes au ministère lorsque la musique sur le miracle numérique est jouée.

Le SNALC est scandalisé par le déni avec lequel est traité un sujet aussi sensible. Il réaffirme que ce qui permettra réellement la progression des élèves, ce sont des professeurs faisant cours dans une salle de classe et doués d’une expertise qu’aucun autre outil ne pourra jamais remplacer. Il s’oppose aux méthodes miracles liées à des modes technologiques ne visant qu’à remettre en cause notre statut. Il ne tient qu’à vous de l’aider dans ce combat, en le rejoignant.