En 1981, l’EPS s’est vue détachée du Ministère de la Jeunesse et Sports pour intégrer celui de l’Education nationale. Certains y ont vu une consécration. Cette discipline acquérait ainsi un véritable statut de matière scolaire.
Ses programmes et sa forte contribution aux politiques éducatives lui conféraient ses lettres de noblesse et la garantie d’une pérennité. Mais le bilan est mitigé. L’EPS a été si bien intégrée que ses apports hautement spécifiques se sont dilués au profit d’acquisitions méthodologiques transversales et de compétences socio-comportementales maintenant imposées.
Quarante années plus tard c’est le sport tout entier qui est phagocyté par ce super ministère. Par un double jeu de déconcentration-décentralisation, les anciens directeurs régionaux perdent leurs statuts pour devenir des délégués soumis à l’autorité des préfets et des recteurs chargés de contrôler budgets, actions et résultats.
Mais au-delà, ce rapprochement, qui réduit à nouveau la frontière entre EPS et Sport, questionne.
Les éducateurs sportifs, les professeurs de sports intègrent le même ministère que les enseignants d’EPS; les Inspecteurs Jeunesse et Sport fusionnent avec les IEN et les IA-IPR en un corps unique. Des passerelles permettront elles l’accès à ces nouveaux personnels aux secteurs de l\’enseignement (1er, 2nd degré) ou de l\’encadrement? Resteront-ils cantonnés dans leurs prérogatives fédérales, techniques et sportives ? L’EPS pourrait-elle se voir concernée ?
Le doute est permis tant l’EPS est toujours confondue avec le sport, tant sa définition est floue, tant elle poursuit pléthore d’objectifs transdisciplinaires, tant son efficacité est régulièrement remise en cause par la Cour des comptes.
Elle devrait bien y prendre garde. Il est urgent qu’elle refasse la preuve de sa spécificité et de son action corporelle, physique et motrice constante. À défaut des formateurs sportifs pourraient très facilement venir combler ce déficit. Le loup serait alors bien entré dans la bergerie.
Publié dans la LE EPS 32 – mars 2021