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Chronique d’une mort annoncée de la voie pro

© 8bd66_pixabay

À l’heure où la quatrième vague commence à s’estomper, et où la vaccination est possible dans les collèges et lycées, un premier bilan sur la question des apprentissages en lycée professionnel depuis mars 2020 doit être tiré.

La société toute entière a été impactée par cette crise sanitaire, subissant une récession économique sans précédent depuis plusieurs décennies. Notre métier, ne faisant pas exception à cela, nous avons eu les pires difficultés à faire effectuer aux élèves leurs périodes de formation en milieu professionnel. Occupées, pour certaines entreprises, par leur survie économique, ou dans l’incapacité pour d’autres d’accueillir des stagiaires en raison du protocole sanitaire mis en place, la formation a été fortement perturbée et les expériences sur le terrain s’en sont fait ressentir.

Des mesures ont été prises afin de réduire le nombre nécessaire de semaines en PFMP pour l’obtention du diplôme. Mais si les chiffres des résultats du baccalauréat ont bien été miraculeusement maintenus, la qualité de la formation, déjà malmenée par la TVP, quant à elle, n’a pas été préservée.

Que dire d’autre en effet, lorsque les domaines dans lesquels nos élèves étaient censés effectués leurs stages, ont été modifiées au gré des circonstances, ne correspondant plus aux attendus initiaux, ou que les lieux de stage disponibles ont reçu deux ou trois élèves en même temps, là où un seul était accueilli normalement.

Ces périodes de formation sont l’occasion de mettre en pratique les connaissances acquises au lycée et certaines des compétences professionnelles ne peuvent être acquises qu’au contact de la réalité professionnelle. Un manquement à ce niveau n’a pas été comblé. Ce qui marque bien la nécessité d’augmenter les heures de pratiques que nous avons perdues depuis la réforme BLANQUER.

 L’obligation du pass sanitaire, pour certaines formations complique encore la réalisation des PFMP. 

Si la qualité de cette formation en entreprise peut être légitimement remise en question, celle proposée au sein de nos établissements l’est tout autant. La qualité et l’abnégation de nos collègues ne sont absolument pas remis en cause ici, eux qui se sont démenés afin d’assurer les cours à distance, devant faire face, parfois seuls, à des situations exceptionnellement complexes.

Mais les différentes ruptures en 2020 et 2021 ont eu un impact considérable sur l’acquisition des savoirs et notre pédagogie sans cesse remise en cause et encadrée par les dispositifs de TVP ( cointervention et chef d’œuvre). L’impréparation et l’approximation des décisions prises par le ministère lors de cette période, les FAQ en sont l’exemple flagrant, démontrent bien que rien ne remplacera la présence physique de l’enseignant. Des étudiants dans l’enseignement supérieur aux collégiens, tous sont unanimes.

 Aujourd’hui, le SNALC dénonce une situation en lycée professionnel encore plus difficile. Notre public nécessite une attention particulière au suivi. Si l’on y ajoute à cela, les difficultés sociales et matérielles dans certains de nos territoires, les difficultés deviennent insurmontables.

L’enseignement en demi-jauge mis en place à partir de novembre 2020, ne permettant d’accueillir que la moitié des élèves en classe, pour les matières générales notamment, a certes été vécue agréablement par les enseignants, mais n’a permis d’effectuer que la moitié du programme. La crainte est l’abaissement du niveau général car autant de connaissances et d’heures de cours manquées n’ont jusqu’à présent pu être comblées.

 

Nous constatons que ce premier bilan est très inquiétant. A cela s’ajoute la nervosité, voire l’agressivité d’un certain nombre d’élèves en cette rentrée. Payons-nous les conséquences des confinements successifs et pressions psychologiques de toutes sortes ? Possible.

Des études doivent être menés en ce sens. La souffrance au travail des PLP s’en trouve accrue !

Si nous ne mesurons pas encore tous les effets de cette crise sanitaire, qui reste d’ailleurs à l’heure actuelle non maîtrisée, le gouvernement doit prendre en compte ces premiers bilans préoccupants sur l’acquisition des connaissances et compétences de nos élèves. Il en va de l’instruction et de la liberté pédagogique pour les générations futures. La suppression de la réforme de la TVP, un investissement en matériel récent, une réelle volonté de rendre à la voie pro son excellence sont la solution salvatrice.