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Vers une coopération efficace avec le médico-social ?

© pexels-pixabay-163064

La volonté politique de déployer des équipes mobiles médico-sociales et de faire intervenir des professionnels de santé dans les murs de l’école pour favoriser la scolarisation des élèves en situation de handicap conduira indéniablement à un travail de collaboration.

Mais comment travailler efficacement avec le médico-social ?

Sans pouvoir se prononcer avec certitude sur la fermeture à plus ou moins long terme des structures spécialisées existantes, la fin des ouvertures d’instituts spécialisés supplémentaires a bien sonné et la scolarisation en milieu scolaire ordinaire est la règle pour tous les élèves (en situation de handicap ou plus largement à besoins éducatifs particuliers).

D’ores et déjà, l’Éducation nationale cherche à compenser le manque de places dans ces établissements (et l’attente très longue pour les intégrer), mais la situation est très critique car peu de spécialités du médico-social sont à l’œuvre dans nos écoles, collèges et lycées.

Pour une coopération efficace entre l’Education nationale et le médico-social, ces derniers proposent des pistes :

  • Nos écoles, collèges et lycées doivent disposer des ressources nécessaires pour répondre aux besoins diversifiés des élèves en situation de handicap. Or, cela implique souvent des coûts financiers et logistiques importants qui incombent à des collectivités locales parfois « récalcitrantes ».
  • Les personnels, dont les AESH, doivent être formés pour comprendre, soutenir et accompagner efficacement les élèves en situation de handicap. La formation est un investissement essentiel.
  • Travailler en partenariat avec les familles est fondamental. L’usage de nouveaux canaux de communication pourrait être une piste intéressante.
  • Les aménagements de cours et les notifications d’accompagnement individualisé doivent être respectés, grâce au recrutement de personnels et à l’affectation de moyens.

 

Toutefois, la coopération avec le médico-social soulève de nombreuses questions, sans réponse à l’heure actuelle :

  • Un meilleur accompagnement par des équipes mobiles du médico-sociales est le bienvenu : mais comment l’envisager, concrètement, quand la défaillance des structures dédiées est de notoriété publique ?
  • À quand une stabilisation sur poste et une véritable reconnaissance professionnelle des AESH pour mieux aider les élèves concernés ?

 

Quant aux familles d’élèves en situation de handicap et aux services du médico-social, ils sont peu habitués à fonctionner avec les écoles. Dans ces conditions, comment construire un partenariat entre tous les acteurs : familles, collectivités territoriales, Education nationale et médico-social ?

Tandis que la volonté du ministère est l’entrée des professionnels de la santé et du médico-social dans les murs de l’école, divers dispositifs sont déjà mis en œuvre.

  • La scolarisation dans une école « ordinaire »

L’élève peut y être accompagné par un AESH, observé par un psy-EN, ou être scolarisé dans un dispositif ULIS1.

  • Le DAR2, qui est une nouvelle forme de scolarité inclusive

Il consiste à alterner la présence de l’élève entre une classe ordinaire et une salle d’autorégulation, véritable « sas émotionnel ». L’élève bénéficie d’un emploi du temps personnalisé, avec :

    • Une pédagogie adaptée auprès d’un enseignant spécialisé dans l’autorégulation. Là, il révise, apprend à s’organiser, à s’autodiscipliner et prendre des initiatives.
    • Des ateliers avec une équipe médico-sociale implantée au sein de l’école (éducateur spécialisé, orthophoniste, psychologue, etc.). À travers des jeux, de la manipulation, de la relaxation, l’enfant apprend à maîtriser lui-même ses troubles, à réagir aux événements du quotidien scolaire, à exprimer ce qu’il ressent.

L’élève retourne ensuite en classe, avec ses camarades. En l’aidant à mieux contrôler son comportement envahissant et ses émotions, il progresse dans les apprentissages scolaires, ses rapports aux autres, son autonomie.

  • Les Unités d’enseignement autisme dans le premier degré

Les jeunes enfants autistes de 3 à 6 ans sont pris en charge dans des unités d’enseignement en maternelle. Après 3 ans en UEMA3, l’objectif est de permettre aux élèves de poursuivre une scolarité en classe ordinaire, avec ou sans AESH. Si ce n’est pas le cas, ils pourront être accueillis en UEEA4, en ULIS ou en UE5.

De 6 à 11 ans, les enfants autistes peuvent être reçus en unité d’enseignement en élémentaire (UEEA). L’enseignement et les interventions se déroulent de la même manière qu’en UEMA.

  • L’entrée dans un Institut Médico-Educatif (IME) pour les enfants qui ne peuvent pas s’inscrire dans le rythme des journées de classe « ordinaires ».

À noter que pour ces classes, et malgré les appels d’association pour débloquer la situation, les listes d’attentes sont généralement très longues, pour un nombre de place limitées.

  • 166 EMASco6 pour la scolarisation des enfants en situation de handicap sont composées de plusieurs membres du médico-social.
    • Elles viennent en renfort des établissements scolaires et de la communauté éducative.
    • Elles conseillent et participent à la sensibilisation des professionnels des établissements scolaires accueillant des élèves en situation de handicap.
    • Elles interviennent en cas de difficulté, toujours auprès de la communauté éducative.

 

Si l’objectif des EMASco est de faciliter la scolarisation des élèves en situation de handicap, leur faible nombre et les modalités de saisine fastidieuses en limitent l’efficacité.

On comprend aisément que la volonté politique est de remplacer la compensation par l’accessibilité pour les élèves en situation de handicap. Sans présager du résultat de cette substitution, on peut d’ores et déjà affirmer qu’elle provoquera un choc systémique sur l’inclusion scolaire et n’atteindra pas son objectif, « l’école pour tous », sans des recrutements massifs tant dans l’Education nationale que dans le médico-social, des missions clairement définies pour les différents personnels, des formations lourdes et une revalorisation financière conséquente, en commençant par les AESH. Bref, en mettant énormément d’argent sur la table !

 

  1. Unités localisées pour l’inclusion scolaire
  2. Dispositif d’AutoRégulation
  3. Unités d’enseignement en maternelle autisme
  4. Unité d’enseignement en élémentaire autisme
  5. Unité d’Enseignement IME
  6. Equipes mobiles d’appui à la scolarité