L’annonce récente des suppressions de postes à la rentrée 2025 marque un nouveau seuil dans l’inacceptable. Les professeurs des écoles sont en colère, dégoûtés et désabusés : 3 155 postes seront supprimés dans le premier degré. Cette annonce est d’autant plus choquante qu’une réduction des effectifs dans les classes du primaire est plus qu’urgente et nécessaire pour répondre aux besoins spécifiques des nombreux élèves en inclusion, ainsi qu’aux besoins des autres élèves. Les situations d’inclusion deviennent ingérables et les conditions d’enseignement des professeurs des écoles sont devenues déplorables. La baisse démographique aurait pu être l’occasion d’apporter un nouveau souffle à l’école, de (re)créer des postes de RASED, de diminuer les effectifs de classe afin d’aider convenablement les élèves les plus en difficultés.
Ce ne sera pas le cas.
On demandera encore un effort supplémentaire aux professeurs des écoles pour « compenser ». Mais c’est déjà ce qu’ils font depuis des années et ils n’y parviennent plus désormais, tant ils se sentent perdus, dépassés, débordés et fatigués. Ils puisent depuis longtemps dans leurs réserves pour pallier une politique qui se dit éducative, mais qui s’avère délétère. Le nombre de dépressions et de burn-out augmente. Les témoignages des professeurs des écoles qui parviennent au SNALC sont sans équivoque : ils sont à bout.
Manque de respect et de considération, déshumanisation croissante et inadmissible, abus constants d’une institution méprisante… Notre santé mentale est profondément affectée. À chaque nouvelle annonce politicienne, le SNALC se dit : « Cette fois, on touche le fond… ». Et à chaque rentrée, nous réalisons que nos femmes et hommes politiques trouvent toujours le moyen de creuser encore plus.
Au-delà des divergences, les syndicats s’unissent pour dénoncer ce mépris inqualifiable envers le métier, envers l’école, les élèves et leurs professeurs. Ils ont tellement été trompés et utilisés. En 2025, 4 000 postes seront supprimés – dont 3 155 dans le premier degré – par des politiciens qui n’ont probablement pas mis les pieds dans une école primaire depuis parfois plus de 40 ans. Ces mêmes personnes promettent, affirment et soutiennent devant les médias que l’école et l’éducation sont leurs priorités. Elles déclarent, à chaque rentrée, être aux côtés des professeurs qu’elles chérissent devant les caméras.
Venez, Mesdames, Messieurs qui considérez que nous pouvons encore et toujours faire des efforts ! Venez au quotidien constater la charge de travail, la charge de stress, la pénibilité du métier de professeur des écoles ! Venez travailler une semaine, avec des élèves en inclusion – ou pas – devenus ingérables, avec des parents vindicatifs et agressifs, une institution qui vous oppresse, le tout pour un salaire de misère. Venez prendre la classe une seule journée… Et on en reparle
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1494 – École du 4 novembre 2024