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Supprimer le CAPES : plus qu’une erreur, une faute

© iStock-AaronAmat

Durant la campagne qui vient de se terminer, le président-candidat a soufflé le chaud et le froid sur notre profession – ou plutôt le tiède et le glacial – annonçant parfois une revalorisation inconditionnelle, insistant ici et là sur l’engagement qui avait été le nôtre lors des heures difficiles du COVID pour revenir ensuite sur ces deux propos pour montrer que certains n’avaient quand même pas ramé lourd et que pour gagner plus, il allait falloir faire des efforts.

En plus de cette revalorisation devenue très conditionnelle, le président de la République semble vouloir ouvrir la porte au recrutement par les chefs d’établissements. En soi, cela a de quoi inquiéter toute personne souhaitant une éducation réellement nationale, une instruction de même qualité partout dans le pays. Mais l’idée d’un tel recrutement vient en fait, en droite ligne, d’une volonté encore plus problématique : mettre fin au CAPES.

Bien sûr, l’on entendra de beaux esprits nous dire que le concours ne fait pas le professeur. Et, intrinsèquement, cette affirmation n’est pas complètement stupide. Les personnels contractuels sont investis et ils font un travail remarquable lorsqu’ils sont correctement recrutés et formés. Malheureusement, on le sait, lorsque des pénuries importantes existent dans certains territoires, l’institution n’hésite pas à recruter des personnes qui n’ont ni les compétences ni la qualification nécessaires et les mets en difficultés tout en n’offrant pas aux élèves l’enseignement auquel ils ont droit.

Sans taper sur les professeurs contractuels et sans convoquer des dysfonctionnements qui ne sont pas la règle, la disparition du concours poserait deux problèmes majeurs.

En premier lieu, s’il existe de très bons enseignants ne possédant pas le concours, ce dernier est tout de même un gage de qualité. Au moins l’était-il avant que pour l’abattre on ne lui inocule la rage en le réformant pour le vider de son excellence disciplinaire et en l’adossant à un Master très critiquable.

En second lieu, et c’est un point essentiel, le concours permet de recruter des personnels titulaires qui peuvent s’installer dans leur métier, dans leur poste de manière durable. Ceci, dans une profession intellectuelle comme la nôtre, est une garantie de qualité. En effet, le professeur doit pouvoir être un penseur de sa discipline, un chercheur de sa propre pédagogie. Il doit avoir le temps d’échanger, voire de coopérer avec ses pairs pour progresser encore.

Plus clairement, si notre président souhaite réellement précariser – voire uberiser – notre profession, ce sera à nous, professeurs, de lui dire clairement et avec force : « ça ne va pas le faire ».