REVENIR AU BON SENS !
S’isolant depuis 40 ans dans un discours et des ambitions extra ordinaires, l’EPS se coupe de l’entendement commun et de celui des plus hautes sphères. L’EPS n’est plus comprise que par des experts et conçue de façon unilatérale, dogmatique, dans un entre soi hors sol.
En se complexifiant à outrance, la discipline se coupe du terrain, des désirs des élèves, de leurs possibilités, de leurs besoins, des attentes des enseignants et de la réalité des conditions d’enseignement : les horaires, les effectifs, les installations, les espaces, les lieux, les publics, la multiplicité des missions…
Sur le papier, l’affichage est séduisant et difficilement discutable car le discours semble cohérent et légitime, d’autant qu’il émane de l’IGESR, fleuron de l’institution. On le valide donc au plus haut niveau, à la DEGESCO, sans vraiment le comprendre, et malgré des quantités d’amendements contraires. Il faut bien que les choses avancent !
L’analyse des derniers programmes démontrent, à l’image des AFL toujours plus méthodologiques et inadaptés, une triste évolution et l’éloignement de la discipline de sa spécificité physique et motrice.
Nous voila donc encore assujettis, et pour combien d’années encore, à des attentes institutionnelles inadaptées, surévaluées, pléthoriques, sur lesquelles ne manqueront pas de se centrer les formations et les rendez-vous de carrière.
En hypertrophie cérébrale, mimant les caractéristiques de disciplines reines, l’EPS qui n’a toujours pas trouvée sa juste place, n’a que très partiellement les moyens de ses ambitions.
Dans les conditions d’enseignement actuelles, cette discipline devrait donc rester pratique, centrée sur le corps et son développement, en s’appuyant sur des démarches et des activités ludiques visant à transmettre le goût de la pratique et l’envie de poursuite. Ce faisant elle répondrait de la meilleure façon aux enjeux de société et de santé publique. Et parce que le corps n’est pas détachable de l’esprit, des émotions, de l’intelligence, ni d’autrui, elle contribuerait conjointement à une formation plus générale méthodologique, sociale, morale…
Or c’est bien l’inverse qui s’est mis en œuvre depuis 40 ans. Le corps, l’éducation du physique, les apprentissages moteurs ne sont plus les objets de la discipline. Ils ont été refoulés, annexés, réduits à de simples supports. Ils sont devenus les prétextes et les moyens d’acquisition de compétences transversales, verbo-conceptuelles, méthodologiques, attitudinales, managériales, plébiscitées par le système scolaire et toute l’institution.
C’est contre l’inversion de ce paradigme que le SNALC est en lutte. C’est pour cette raison qu’il occupe une place unique et importante dans le champ syndical, que vous pouvez soutenir.
Il serait temps de revenir au bon sens, de se remettre autour d’une table et d’envisager sérieusement « quoi » et «comment » apprendre en EPS, au lieu d’en subir une orientation idéologique, illogique et scolastique.