Le rapport annuel d’activité de la médiatrice de l’Éducation nationale permet de dresser un état des lieux des maux qui frappent notre institution. Même si le climat d’anxiété comme le découragement des équipes ne sont plus à démontrer, le SNALC relève les constats qui concernent plus spécifiquement les PE.
C’est le 17 juillet 2024 qu’est paru ce rapport d’activité dans lequel Catherine Becchetti-Bizot établit ses recommandations, suite à l’analyse des saisines reçues par le réseau des 87 médiateurs en 2023. Il met en lumière des difficultés liées à la dégradation du climat scolaire, à l’augmentation des incivilités et des violences et à leurs conséquences sur le bien-être et la motivation des personnels.
De ces difficultés avérées ressortent principalement trois sujets :
1. Les contestations des parents sur la nature et le fondement même des enseignements
Face à la désinformation et aux préjugés, les familles ont besoin d’éclaircissements pour comprendre la légitimité de certains savoirs plus éducatifs et sociétaux – tels que l’éducation à la sexualité – autour desquels naissent des tensions.
2. Les problématiques liées aux difficultés de mise en œuvre de l’École inclusive confrontée à ses limites
Les valeurs et les principes portés par la loi du 11 février 2005 sont largement approuvés par les personnels et les familles. Mais concilier progression collective de la classe avec accompagnement individualisé induit par l’inclusion demeure très compliqué pour les PE qui se sentent démunis et mal accompagnés. Ces difficultés, le SNALC les dénonce depuis 2012.
3. L’accroissement de l’agressivité, verbale ou physique, dans les relations entre les familles et l’École
Une recrudescence des comportements agressifs et des situations d’affrontement est constatée, majoritairement avec des agressions verbales en primaire. Ce phénomène est notamment amplifié par l’usage des réseaux sociaux. L’autorité légitime du maître a besoin d’être restaurée.
Pourquoi « Faire alliance, redonner confiance » ?
C’est la détérioration du climat scolaire par l’ensemble de ces facteurs qui va engendrer l’épuisement des enseignants, entraînant ensuite des problèmes de santé puis des arrêts de travail. Ces derniers, mal compensés par des remplacements compliqués, vont fragiliser les équipes et faire naître des tensions avec les parents, causant un mal-être général qui détériore notre École. Pour la médiatrice, il faut « faire alliance » « pour redonner confiance à la communauté éducative ».
Les recommandations avisées du rapport sont soutenues par le SNALC, qui n’a de cesse de dénoncer ce que ce rapport ne fait que confirmer.
L’École est la première victime des dégradations sociale et sociétale. Pour autant, il lui incombe d’apporter des remèdes à ces maux, alors même que ses personnels – dont les PE – subissent quotidiennement incohérences et manque de moyens.
Tant que les enseignants ne seront pas soutenus et respectés par leur administration, l’École déclinera et les PE continueront à s’épuiser dans un combat perdu d’avance.
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1494 – École du 4 novembre 2024