Depuis mars 2020, date du premier confinement, en raison des différents protocoles incitant à tester les enfants ou à les garder à la maison, l’obligation de scolarité a été mise à mal. Les classes ont rarement été complètes et toutes les personnes concernées par l’éducation, enseignants en tête, ont été confrontés à l’incohérence des FAQ.
« À partir du 2 juin, toutes les écoles seront ouvertes et toutes les familles qui le souhaitent doivent pouvoir scolariser leur enfant au moins sur une partie de la semaine. » (Site du ministère de l’éducation). Cette phrase prononcée au lendemain du premier confinement est lourde de sens. En donnant la permission aux familles de mettre leur enfant « si elles le souhaitent », ipso facto, l’école ne devient plus obligatoire. Le confinement avait inventé l’école en distanciel en mars-avril 2020, le post-confinement a créé l’école optionnelle. De nombreux élèves ont donc aussi manqué mai-juin 2020.
En janvier 2022, un autre cap a été franchi. Les instructions officielles indiquent que les enfants « peuvent » retourner à l’école à condition d’avoir effectué un test ou une déclaration sur l’honneur. Quid de ceux qui ne font rien ? Quid de ceux qui n’ont pas le précieux sésame pour pouvoir rentrer dans l’enceinte scolaire ? Non seulement l’école n’est plus obligatoire, mais il faut un papier (test ou déclaration) qui autorise l’entrée.
Toujours dans la même période, les protocoles successifs stipulent qu’on ne doit pas brasser les élèves afin de ne pas favoriser la contagion de la maladie. Bonne initiative… qui malheureusement ne pouvait pas être mise en place en raison de l’insuffisance de remplaçants qui sévit depuis de (trop) nombreuses années. Ce non-brassage des élèves conjugué au manque de personnel a donc contraint bon nombre de directeurs à demander aux parents de garder les enfants.
Comble du cynisme, faisant fi de ses propres contradictions le ministère s’est enorgueilli à de nombreuses reprises, d’avoir laissé les écoles ouvertes. En option ? Sur autorisation ? Et surtout, avec combien d’élèves présents ?
Car une des conséquences de cette gestion calamiteuse est l’absentéisme des élèves. Entre les protocoles incohérents, les parents sincèrement inquiets, et le manque de moyens (encore !) de vérification des motifs d’absence des élèves, qui connait le taux de présence des enfants dans les classes pendant cette période ? Personne. Et pour cause : à aucun moment le ministère n’a lancé d’enquête pour avoir des données précises sur ces épisodes. D’habitude si prompt à demander des études et des statistiques aux directeurs d’école, l’absence des élèves durant les vagues COVID n’a jamais été précisément comptabilisée. On imagine facilement la gêne du gouvernement à lancer une étude sur ce point et constater les dégâts causés par la cinquantaine de protocoles (à l’heure où nous écrivons ces lignes) sur la présence effective des enfants en classe.
« Quoi qu’il en coûte ». Cette phrase maintes fois entendue dans la bouche de nos gouvernants aurait été la bienvenue au sein du ministère de l’Éducation nationale. Cette crise a pourtant mis sur le devant de la scène le manque de remplaçants, le manque de médecins scolaires et le manque de personnels administratifs pour aider à la gestion. Mais a-t-on tiré les enseignements de cette crise pour embaucher ? Évidement non. Surtout pas. Le meilleur exemple est sans doute celui où l’on a demandé aux retraités de venir-ou plutôt de revenir- enseigner. « Quoi qu’il en coûte » oui, mais pas pour l’éducation.
Le SNALC est pour l’école républicaine et obligatoire qui réduit les inégalités sociales. Cette crise est révélatrice de l’état dans laquelle se trouve le système scolaire et qui ne survit que par le zèle admirable dont font preuve les professeurs des écoles au quotidien. Il n’est pas trop tard -il n’est jamais trop tard- pour recruter des personnels, pour relancer l’attractivité du métier, pour investir dans l’Éducation nationale.