Je m’appelle Marc et je suis enseignant dans le Nord ; je suis né en 1959 et je partirai à la retraite l’année prochaine.
C.G. : Bonjour Marc, avez-vous hâte de partir à la retraite ?
MARC :Oh oui ! Cela fait déjà quelques années que je décompte les jours car je sens les effets du métier peser sur mes épaules.
C.G. : Pouvez-vous dire avec le recul que ce métier est fatigant ?
Marc : Quand j’ai commencé dans les années 80, cela n’avait rien à voir avec aujourd’hui. Avant, nous étions fatigués de notre semaine de classe, c’était une fatigue physique, mais supportable. De nos jours, c’est une accumulation de tout qui fait que la fatigue est surtout morale.
C.G. : Qu’est-ce qui contribue selon vous à cette fatigue ?
Marc : Le stress ! Le stress de ne pas avoir le temps, de ne de pas être bon, d’avoir au fil des années de moins en moins de liberté en classe, le stress devant des parents de plus en plus procéduriers et devant un ministère qui nous maltraite.
C.G. : Comment voyez-vous l’école de demain ?
Marc : Vraiment ? Vous voulez savoir ? Je vois une école publique démolie. On n’embauchera plus de professeurs, mais des éducateurs pour faire garderie et je vois un enseignement privé performant pour les plus riches.
C.G. : Avez-vous été syndiqué au cours de votre carrière ?
Marc : Oui au début, car tout le monde était syndiqué et cela faisait un contrepoids face au ministère. Puis dans les années 90, j’ai décidé d’arrêter comme beaucoup de profs à l’époque. Et quelques années plus tard, c’est suite à des problèmes rencontrés par certains de mes collègues avec des parents ou l’institution que j’ai compris l’intérêt d’être syndiqué.
C.G. : Cela vous a-t-il été utile ?
Marc : Je n’ai pas rencontré de gros problèmes, mais j’ai à de nombreuses reprises demandé de l’aide pour diverses situations, notamment une erreur de l’administration lors d’une demande de mutation, et cela m’a permis d’avoir gain de cause.
C.G. : Que diriez-vous aux jeunes qui veulent entrer dans le métier ?
Marc : Ce métier a été magnifique, mais si je devais aujourd’hui choisir un métier, pour rien au monde je ne deviendrais PE. Je préfèrerais renoncer aux deux mois de vacances qui ne font plus vraiment deux mois d’ailleurs, mais exercer un métier valorisant.
C.G. : Merci Marc, profitez bien de cette dernière année.
Article paru dans la revue du SNALC la Quinzaine universitaire n°1479 – école du 7 juillet 2023