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Plus vite, plus haut, plus fort

© istockphoto_SergeyNivens-520472175

Cette année scolaire a encore été marquée par un changement de ministre. Difficile de dresser un bilan des cinq mois de Nicole Belloubet, du seul mois d’Amélie Oudéa-Castéra (record de vitesse battu) et des cinq mois de Gabriel Attal. De juin 2023 à juin 2024, avec la fin de mandat de Pap N’Diaye, c’est donc pas moins de quatre ministres qui se sont passé le relais rue de Grenelle.

Même si « le plus important, c’est de participer », l’école n’a rien à gagner à des changements de ministre tels que nous les avons connus ces derniers temps. D’une manière générale, l’installation d’un nouveau ministre nécessite du temps, d’autant que le suivant remet systématiquement en question les mesures de son prédécesseur. Ces remaniements imposés dans l’Éducation nationale, n’améliorent le système que lorsqu’ils sont réfléchis. Et dans ce domaine, notre institution est la championne toute catégorie des décisions descendantes qui ne se justifient pas et qui ne s’expliquent pas. Vous ne rêviez pas, par exemple, de nouvelles évaluations nationales ? Le SNALC non plus…

En revanche, tout ce dont vous rêviez, comme gagner un peu plus d’argent à la fin du mois, ne se produira probablement pas. Si des PE ont apprécié de participer au pacte, d’autres ont tenté l’épreuve et ils en sont revenus. Voir que finalement rien ne change ou que la situation empire épuise les collègues qui se battent au quotidien pour ne pas craquer. La lassitude, voire l’épuisement, entraînent l’abandon de bon nombre de candidats avant l’arrivée au trophée « classe exceptionnelle ». Beaucoup même obtiennent bien difficilement la hors-classe en franchissant in extremis la ligne d’arrivée après une carrière pourtant émaillée de concessions. Rester professeur toute une vie s’apparente désormais à une course d’endurance, quand ce n’est pas une pénible course d’obstacles. Ce métier qui valait de l’or il y a quelques dizaines d’années n’est plus vraiment glorieux de nos jours, alors que nos ministres et notre Président ne cessent d’affirmer améliorer les choses… Sans concertation, bien entendu.

En effet, toutes les prétendues améliorations sociales, humaines, salariales, ou autres, qui sont présentées dans les médias comme de réelles avancées, s’avèrent inéluctablement mauvaises, inapplicables, voire catastrophiques sur le terrain. À la première place sur le podium : l’inclusion – toujours plus fort –longtemps présentée comme formidable, pour laquelle le SNALC avait exprimé ses plus vives inquiétudes, aggrave dans la majorité des cas les conditions d’enseignement pour les professeurs et d’apprentissage pour les élèves, s’avérant même souvent contreproductive. pour l’enfant concerné. Les exemples de choix malheureux du ministère de l’Education sont beaucoup trop nombreux. Beaucoup trop de gadgets viennent aussi compliquer le quotidien des enseignants qui se voient contraints de répondre aux lubies médiatiques de leur ministre. Citons par exemple les APQ liées à l’accueil d’un événement sportif international. Enfin, sur le front de la direction d’école, plus on simplifie les tâches des directeurs d’école, plus leurs conditions de travail empirent. C’est d’ailleurs à eux que revient la médaille du mérite. En effet, ce sont eux, qui, avec leurs équipes pédagogiques, se battent tous les jours, malgré les conditions de plus en plus déplorables, pour que les élèves ne soient pas les grands perdants d’une école qui mériterait au moins autant d’attention que certains événements sportifs.


Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1491-Ecole du 12 juillet 2024