Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur

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Nous partîmes huit mille…

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…et par de longs efforts / nous nous vîmes cinq cents arrivant presque morts…

Alerté par de nombreux appels au secours de collègues de Lettres Classiques de toute la France, le SNALC a décidé au printemps 2022 de lancer un sondage pour savoir quelle était l’ampleur des dégâts dans cette discipline.

Nous avons récolté 813 réponses, soit environ 11,5% des professeurs de LC de France, si l’on se fie aux chiffres du rapport  Charvet, minorés par l’absence de candidats aux concours ces dernières années. 

Nous avons classé les réponses par grands champs, avec d’abord un rapide état des lieux :

  • profil des établissements des collègues ayant répondu : en majorité des collèges urbains ;
  • nombre d’heures de LCA dans l’établissement : en moyenne 5h, alors que les textes officiels sont à 7h depuis 2018, ce qui signifie que non seulement il n’y a qu’un groupe par niveau dans la majorité des établissements, mais qu’en plus le nombre d’heures n’est pas respecté ;
  • nombre de professeurs de LC par établissement : en majorité 1, voire 2, très rarement plus.

 

Gestion de carrière

La carrière des professeurs de lettres classiques est complexe à tous points de vue : 43% des sondés déclarent avoir des difficultés à muter. Les postes mis au mouvement sont rares chaque année, les enseignants restent en général longtemps sur leur poste, ce qui ne libère pas beaucoup de postes. Les agrégés eux, rencontrent une difficulté supplémentaire : obtenir un poste en lycée est aujourd’hui chose quasi impossible, le faible bonus octroyé, non cumulable avec les bonifications familiales, ne permettant pas de concurrencer les certifiés, ce qui pose un problème d’égalité de traitement, quand en “lettres”, avoir exercé en lycée est valorisé pour accéder à des missions spécifiques. 

Paradoxalement, chaque année, tous les postes de lettres classiques ne sont pas pourvus au mouvement…

Par ailleurs, la trivalence des enseignants de lettres classiques, pourtant statutaire de par leur formation initiale, est parfois niée : 21.77% des sondés déclarent, preuves anonymées à l’appui, avoir fait l’objet d’une réduction de leur statut à celui de “prof de latin”, se traduisant de manière administrative par une mention “Lettres classiques – complément de service lettres modernes” sur leur VS, menant parfois à une mise en complément de service dans un ou plusieurs établissements (15.5% des sondés), pour faire des LCA, face au manque d’heures de français dans leur établissement – alors que des enseignants de lettres modernes sont arrivés après eux. De même, face au manque d’heures de français, c’est souvent le seul poste de lettres classiques qui est supprimé, pour laisser les heures restantes aux lettres modernes …

La hiérarchisation des heures et des disciplines se fait parfois de manière plus insidieuse lors de la constitution du service de l’enseignant : 22.26% des sondés déclarent qu’on leur attribue en premier lieu des classes de français, complétées par les heures de LCA, placées en heures supplémentaires – avec la menace d’une suppression ou d’un partage des heures avec un autre enseignant (2.46% des sondés) en cas de refus de prendre ce qui dépasse les 2 heures qu’on ne peut statutairement refuser.

 

Quotidien d’un professeur de LC

Au quotidien, lorsqu’arrivent les questions de répartition de la DHG, 51,8% des sondés déclarent subir pressions et désagréments : 59,4% des sondés subissent des reproches de leurs collègues, par rapport à une “consommation d’heures” qui “nuirait” aux groupes ou à d’autres projets (et donc à la réussite des élèves !).Pour  23.37%, les reproches émanent directement de leurs collègues de lettres modernes, qui estiment que les LCA ne sont pas “du vrai travail”.

Ajoutez à cela la façon dont sont perçues les LCA dans les établissements, vous voyez que la vie professionnelle de beaucoup de profs de LC n’est pas une sinécure : dans ¼ des cas, les LCA sont considérées comme un poids qui gêne l’utilisation de la marge horaire ; dans ⅓ des cas, elles sont tolérées sans enthousiasme. Ce n’est que dans ¼ des établissements qu’elles sont considérées comme un atout.

Qu’est-ce qui donne du sens à notre travail ? Les élèves, bien sûr ! Enfin, quand ils peuvent prendre l’option (collège et lycée confondus)… En effet, dans 82% des cas, le cumul des options est impossible ou très limité, contrairement aux textes en vigueur. 46% des élèves sont tout simplement empêchés de prendre l’option, tandis que 44% subissent des pressions pour l’arrêter.

 

Quelles sont les conséquences au niveau des Ressources humaines ?

Sans surprise, seuls 36% des collègues interrogés s’épanouissent dans leur travail. 15% envisagent un changement de discipline pour devenir LM, ce qui est de plus en plus difficilement accordé par l’inspection. Certains s’échappent en passant directement le concours de LM, CAPES ou agrégation.

70% sont tellement à bout qu’ils souhaitent se reconvertir en dehors de l’Education nationale !

60% des collègues se déclarent ouvertement en souffrance à cause de leurs conditions d’exercice.

 

«… et le combat cessa faute de combattants. »

Les ministères successifs n’ont pas réussi à diminuer suffisamment le nombre d’élèves intéressés par les options LCA pour les faire fermer, car les professeurs de LC sont des passionnés qui ont su s’adapter à des contraintes terribles avec ingéniosité et succès. Mais force nous est de constater que la stratégie est désormais (et depuis les dernières réformes du collège et du lycée en particulier) de dégoûter les professeurs eux-mêmes, au point qu’ils préfèreraient même quitter l’Education nationale que changer de discipline pour devenir LM.

 

Le SNALC a été le premier à défendre les profs de LC et rencontrera la nouvelle équipe DGRH pour continuer à porter leur voix.


Article paru dans la revue du SNALC, Quinzaine universitaire n°1469 du 9 octobre 2022