Dans la revue Quinzaine universitaire n°1492, le SNALC s’est intéressé à la question du logement de fonction des personnels de direction.
En complément de l’article paru début septembre, le SNALC a lancé une enquête en ligne à compter du 10 septembre 2024.
Cette enquête a connu un vif succès : la barre des 800 participations a été franchie en 72h. A la clôture de l’enquête, le SNALC dénombre 1710 répondants (territoires français et AEFE).
Le SNALC souhaite sans plus attendre partager avec vous quelques analyses issues de cette enquête.
Sommaire
QUI SONT LES CONTRIBUTEURS DE CETTE ENQUÊTE ?
1710 répondants soit près de 12 % du corps des personnels de direction.
Toutes les académies ont participé avec des pics de participation remarquables pour les académies de Créteil, Grenoble, Lille, Nantes et Versailles :
Tous les types d’établissement sont représentés au travers de l’enquête portée par le SNALC :
…et toutes les catégories :
ÉTAT GÉNÉRAL DU LOGEMENT DE FONCTION
Quelle évaluation font les collègues personnels de direction de l’état général de leur logement de fonction (isolation thermique, vétusté…) ?
Un tiers des répondants fait le constat d’un logement dont l’état est mauvais voire très mauvais …
Seuls 12 % s’estiment satisfaits de l’état du logement qu’ils occupent (certains collègues, visiblement plus avancés dans la carrière, mentionnent que c’est « la première fois de leur carrière, qu’(ils) occupent un logement correct voire très correct ».
Selon la collectivité de rattachement, les moyens alloués à l’entretien des logements divergent, et les logements occupés dans une deuxième partie, voire en fin de carrière, comme chef notamment, semblent être plus grands et mieux entretenus.
Cet état aléatoire du logement constitue bien souvent une « surprise » lors de la prise de fonction, et contraint près d’un tiers des collègues à engager des frais pour le rendre habitable.
Parmi eux, 1 collègue sur 6 engage des frais supérieurs à 2000 € :
Dans le même temps, la satisfaction des collègues sur l’agencement et la surface du logement qui leur est attribué n’est pas toujours au rendez-vous :
Un peu plus d’un personnel de direction sur dix (11 %) s’estime très insatisfait ou insatisfait du logement, en raison de l’agencement et de la surface. Les motifs sont nombreux et dépassent les considérations esthétiques ou pratiques liées à l’agencement. Les collègues, notamment adjoints, pointent l’inadéquation de la taille de l’appartement alloué avec la composition familiale, la difficulté d’avoir une chambre pour chaque enfant, par exemple. Le constat récurrent est celui d’appartements attribués en fonction du grade et du statut, sans considération de la situation familiale.
D’autres problèmes apparaissent :
1 perdir sur 5 a la chance de ne rencontrer aucun problème de maintenance ; en revanche, quasiment 1 sur 4 est confronté à des problèmes majeurs ou fréquents (débordements, inondations, tuyauteries bouchées, infiltrations …)
Sur le plan phonique, 43 % des répondants signalent que cet aspect laisse à désirer. Certains collègues signalent que, selon les pièces du logement où ils se trouvent, le sentiment d’avoir le voisinage qui s’invite à la maison est plus ou moins prégnant. C’est le recours à divers stratagèmes pour s’abriter chez soi et gagner en intimité (tapis, recouvrement du revêtement au sol, bibliothèque bien garnie sur des murs de séparation en placo, …) ou l’assomption de stratégies d’évitement (les plus chanceux – ceux qui ont une autre résidence – décident de ne pas loger dans l’établissement, ou de loger le moins de nuits possible dans la semaine). Cette option n’est pas offerte à tous les collègues et certains sont bien obligés de faire contre mauvaise fortune, bon cœur.
Pour deux tiers des répondants, le mode de calcul des fluides est individuel.
Malheureusement, certains logements sont de véritables passoires thermiques, et le forfait alloué pour un perdir sur trois ne suffit pas.
Le montant de la facture énergétique atteint des sommes impressionnantes pour certains collègues…
Autrement dit, le perdir découvre un logement qu’il n’a pas choisi qui se révèle être une véritable passoire thermique et il est redevable du dépassement du forfait alloué
RELATIONS DE VOISINAGE
Enfin, le SNALC s’est intéressé à la qualité des relations de voisinage dans le logement de fonction.
En effet, si l’on fait le lien avec l’enquête publiée en octobre 2023 : « Temps de travail des personnels de direction : la grande omerta », il semble primordial que les personnels puissent disposer d’un sas de décompression, d’une véritable coupure.
Là encore, 5 % des répondants font état de relations de voisinage mauvaises voire très mauvaises ; 15 % la qualifie de moyenne ; un peu plus d’un collègue sur trois l’estime très bonne.
Quand on sait l’importance que revêt l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, au vu des résultats des deux enquêtes, le SNALC ne peut manquer de lancer une alerte ainsi que l’exprime un collègue :
« tout employé devrait pouvoir se couper de son travail sans avoir à croiser des collègues ni être dans son environnement professionnel durant son temps personnel, déjà très réduit ».
EN CONCLUSION
Les collègues pointent un sentiment de double peine face à l’obligation d’habiter dans un logement pas forcément adapté à leur mode de vie, dont la maintenance et l’état général laissent à désirer, quand ce ne sont pas des passoires thermiques qui génèrent des frais à la charge de … ce même occupant qui n’a pas choisi – et n’aurait jamais choisi – ce logement.
Le Ministère et les collectivités de rattachement doivent se pencher sérieusement (par des actes concrets et non de vagues promesses) sur cette problématique des logements ; il en va de la santé de toute une profession, de plus en plus exposée et sur laquelle repose, chaque jour, davantage de responsabilités. Le droit à des conditions de vie décente est dû à tous.
Le SNALC propose :
- La création d’un fichier national des logements avec des descriptifs bien plus complets (m², parking, balcon, accès PMR, type de chauffage, année de construction, au moins une photographie…) même si le ministère de l’EN ne gère pas un réseau d’agences immobilières :
- La réalisation d’un diagnostic de performance énergétique et l’engagement des collectivités à réaliser les travaux d’isolation si le logement est une « passoire thermique » (cf. les lois actuelles et à venir pour les bailleurs privés) ;
- Une indexation du forfait fluides selon la hausse du marché de l’électricité/gaz (prise en charge systématique des compteurs électrique/gaz par l’établissement ;
- La mise en place d’une indemnité compensatoire indexée sur le coût du logement dans la zone d’affectation si le logement est insalubre, pas ou mal isolé, non entretenu, inadapté (en termes de surface, nombre de chambres notamment, trop grand, trop petit…) par rapport à la composition familiale et donc la facilitation des demandes de dérogation pour ne pas loger ;
- La prise en charge totale des frais de déménagement dans le cadre d’une mutation obligatoire, et une simplification de la démarche pour obtenir ce remboursement.
Le SNALC s’engage à vos côtés pour une amélioration concrète de vos conditions de travail et de votre cadre de vie.
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1494 du 4 novembre 2024