Florent Manaudou dans l’émission TV « Quelle époque ! » a récemment réfuté l’ambition d’E. Macron de voir la France se classer dans le top 5 des meilleures nations aux JO de 2024.
Estimant la marche bien trop haute, il a déclaré « on n’est pas du tout un pays de sport. Ils ont réduit de 4 à 2 heures les cours d’EPS. On ne peut pas dire qu’on veut être la meilleure nation en mettant ces moyens-là ».
Cette remarque interroge. L’EPS peut-elle fabriquer des champions avec les moyens dont elle dispose ?
Nous sommes d’accord sur les moyens. Seules les classes de 6e ont 4 h d’EPS hebdomadaires. Au lycée, ce volume est divisé par 2. C’est très insuffisant face à l’état physique de la jeunesse, au fait que la moitié des adolescents n’ont pour seule activité physique que celle proposée en EPS, et que les temps effectifs de pratique en EPS sont bien inférieurs à 1 heure sur des créneaux qui en comptent 2 : les temps de vestiaires, l’installation-rangement du matériel, la régulation des élèves, les temps de consignes et les contenus hyper-cognitifs des programmes limitent considérablement l’activité réelle. Bien des éléments sont en effet à revoir et sont au centre de nos revendications.
S’agissant de la « fabrique de champions », ce n’est pas l’objet de l’EPS, bien qu’elle puisse y participer indirectement en détectant des talents ou en donnant le goût au plus grand nombre de poursuivre une activité sportive dans le secteur fédéral.
L’EPS est obligatoire, inclusive, horizontale quand le sport fédéral est au contraire facultatif, exclusif, pyramidal. C’est par les filtres de l’entraînement intensif et de la compétition que se forme une élite. EPS et sport peuvent se compléter, mais ils sont bien distincts en matière de finalités et de moyens. Voilà pourquoi un prof d’EPS n’est pas un prof de sport, pourquoi les deux statuts existent et renvoient à des compétences et des diplômes très différents.
Florent Manaudou a donc en partie raison. Si l’EPS est très largement perfectible et pourrait mieux concourir au niveau sportif général, en revanche les résultats des athlètes de haut niveau relèvent de la responsabilité des fédérations sportives.
Article paru dans la revue du SNALC, la Quinzaine universitaire n°1483 du 8 décembre 2023