C’est la rentrée et la liste des affaires de cours n’est pas prête. C’est l’affolement ! Un simple cauchemar ? Le professeur recherche dans ses mails; il remonte jusqu’à fin juillet. Il a eu forcément des nouvelles: le protocole sanitaire à jour qui va s’appliquer, le moment où il va percevoir ses masques qu’il devra changer toutes les 4 heures pour qu’ils conservent toute leur efficacité, mais aussi son gel hydro-alcoolique, les lingettes et vaporisateur pour désinfecter le matériel utilisé par lui-même et ses élèves.
Je vois chercher frénétiquement dans son courriel cet enseignant d’EPS en lycée à qui on a demandé en juin 2020 de fournir à ses inspecteurs (IA-IPR) les nouvelles propositions d’évaluation en EPS pour la session 2021 du baccalauréat. Ah oui, ce n’est plus un baccalauréat national et ce n’est plus l’Inspection générale qui construit avec et en cohérence les programmes et leurs évaluations… Les IA-IPR ont demandé aux enseignants de le faire: broder sur mesure, pour leurs élèves, de leur établissement, les évaluations en EPS pour le baccalauréat nouvelle génération.
Il se réveille ? Non, il ne dort pas. C’est un cauchemar éveillé qui le plonge dans l’angoisse. L’angoisse de ne pas avoir ses affaires de cours, de ne plus savoir quels objectifs il doit fixer à ses élèves, d’être abandonné ou livré à lui-même mais en sentant au-dessus de son épaule non pas un regard bienveillant et de soutien pour faire un métier qu’il aimait mais un regard inquisiteur qui l’attend au tournant.
Ce collègue, tout comme moi, a renvoyé comme un bon élève à ses inspecteurs, en juin 2020, ses projets des protocoles d’évaluation pour le baccalauréat 2021 pour les activités proposées à ses élèves. Il va faire sa rentrée et, en plus des incertitudes liées à la situation sanitaire, il n’a toujours aucun retour de la commission académique d’harmonisation pourtant constituée dans son académie de Versailles de « quatre sous-commissions départementales de vingt a vingtquatre professeurs chacune ». Commission qui avait « pour mission d’expertiser courant juin les propositions des établissements et de leur faire un retour » et pour laquelle « il s’agissait bien d’accompagner les équipes pédagogiques au plus pre s et afin que la rentrée soit la plus sereine possible.»
On lui avait aussi promis l’alimentation d’une nouvelle plateforme sécurisée spécifiquement dédiée, IpackEPS, accessible depuis le portail académique ARENA (onglet Enquêtes et pilotage) permettant en particulier le dépôt des propositions arrêtées en équipe.
Non, la rentrée ne sera pas sereine pour cet enseignant d’EPS, qui plus est en lycée. Une fois encore il s’adaptera suivant la loi de la survie et de l’intelligence. Mais il espérait tellement mieux alors même qu’on promettait que ce virus allait tout changer ! C’était un rêve et cet enseignant ne dort plus.