L’édito du président
Jean-Rémi GIRARD
Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1502 du 6 juin 2025
Le SNALC a toujours défendu la spécificité et la richesse de nos métiers, fondées sur des statuts. Représenter l’État, ce n’est pas rien. Se voir investi d’une part de son autorité non plus. Force est de constater que l’État n’entretient plus cette vision de notre système scolaire, qui fait sa grandeur et garantit la transmission des savoirs sur l’ensemble du territoire.
Nous devenons chaque jour moins grands, moins respectés. Car nous sommes désormais interchangeables. Chez les professeurs, les concours et la formation initiale gomment notre nécessaire expertise disciplinaire. Tout le monde dans un master éducation, dans lequel la part de notre discipline est réduite à sa plus simple expression. Et qu’on ne s’avise pas de vouloir poursuivre en thèse : on ne pourra pas. De même, notre employeur gère la crise des recrutements dont il est responsable de la pire des façons possibles : vous avez lu Astérix ? Tenez, une certification latin. À Dijon, on tente même, après un simple entretien, de faire enseigner le français en collège à des professeurs d’autres disciplines. Maupassant, écrivain ou footballeur ? Écrivain ? Bravo, vous voilà professeur de lettres avec votre CAPES de non-lettres.
Les autres métiers ne sont pas mieux traités. Récemment encore, on tentait de fusionner les AED et les AESH en un seul gloubi-boulga. Sachant que les AESH sont déjà interchangeables dans le grand tableur du PIAL (et probablement bientôt du PAS), nous voilà sur de l’interchangeabilité au carré. Et que dire des personnels sociaux et de santé, que l’on veut regrouper en un pôle santé/social informe, où chacun pourra bien faire le travail des autres, surtout quand ces fameux autres n’ont pas pu être recrutés.
Pour le SNALC, cette vision purement comptable, inhumaine et à courte vue est en train de détruire l’École. L’École, ce sont des spécialistes. Des personnes qui savent ce qu’elles font parce qu’elles sont en maîtrise. À vouloir à toute force mettre un adulte devant les élèves pour assurer la fameuse continuité du service, on ne cherche plus à y mettre avant tout un professeur. À ne pas accorder de statut de la fonction publique aux AESH et aux AED, on dit clairement au monde que ces métiers n’ont pas de valeur. Alors que leur valeur dans notre société est gigantesque.
Le SNALC continuera de défendre tous nos métiers, car ce sont de beaux métiers. Et il continuera tout autant son travail auprès de la représentation nationale et des médias pour que les choses changent. Car un beau métier, c’est un métier bien payé et exercé dans de bonnes conditions de travail. Tout le contraire de la politique menée au ministère depuis belle lurette. Que dis-je la politique ? La gestion. Car il y a bien longtemps qu’à part le SNALC, tout le monde s’est désintéressé de la fonction première de l’École.