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Article publié le 22 mai 2020
Les raisons du divorce
Le SNALC a voté contre ce PPCR. Pour quelles raisons ?
Tout simplement car le SNALC ne se contente pas de miettes pour une profession qui aurait besoin d’une revalorisation digne et conséquente.
Tout simplement car voter pour le PPCR, c’est voter pour un avis à consolider ou satisfaisant pérenne, niant le travail et l’investissement de vos 20 premières années d’enseignement. Le moral va en prendre un coup et les risques psychosociaux ne s’en porteront que mieux.
Tout simplement car voter pour le PPCR, c’est entériner la suppression des 3 cadences d’avancement pour n’instaurer qu’une seule et même cadence pour tous.
Tout simplement car voter contre le PPCR ne signifie pas refuser l’alignement du passage HC sur le second degré. Bien au contraire, cela est indépendant du PPCR et a été décidé avant. Le taux de passage à la hors-classe des professeurs des écoles était 2% en 2012. Suite au protocole d’accord du 30 mai 2013 signé par trois syndicats (SNALC, UNSA et SGEN), ce taux devait alors rattraper progressivement le taux des autres corps, qui était alors de 7% (et est passé artificiellement à 17%, ce que nous expliquerons plus loin). C’est donc une mesure qui date de bien avant le PPCR. C’est elle qui donne l’augmentation actuelle du taux de passage à la hors-classe. Et c’est seulement grâce au SNALC et aux deux autres syndicats qui ont signé ce protocole que le taux est à ce niveau cette année.
Tout simplement car signer le PPCR et s’en satisfaire, c’est n’en avoir rien à faire des instituteurs ou ex instituteurs devenus PE, les oubliés du PPCR, obligés de se monter en collectif et d’attaquer l’Education nationale pour espérer une revalorisation salariale.
Tout simplement car voter pour le PPCR, c’est encourager l’iniquité en laissant de côté nos directeurs qui bénéficiaient d’un bonus pour accéder à la hors-classe dans l’ancien système. Pour le SNALC, ce sont les personnels en charge de classe et de direction d’école qui doivent être récompensés en priorité.
Quelques chiffres qu’il ne faudrait pas tronquer et faire mentir
L’arrêté du 17 juillet 2018 modifiant l’arrêté du 30 juin 2009 relatif aux taux de promotion dans les corps des personnels enseignants des premier et second degrés, conseillers principaux d’éducation et psychologues de l’éducation nationale relevant du ministre chargé de l’éducation nationale a fixé respectivement les taux pour 2018 et 2019 à 13,2% et à 15%. Le nombre de promus n’a que peu évolué à l’arrivée du PPCR, passant de 12 518 en 2017 à 12 771 en 2018.
Si les chiffres sont maintenant flatteurs (et mis en avant par certains pour justifier leur choix discutable de voter pour le PPCR), c’est parce que la population de promouvables est en revanche passée de 225 488 à 98 455 entre 2017 et 2018. Divisé par 2,29, rien que ça ! Normal, les promouvables étaient les PE du 7ème au 11ème échelon ; ils ne sont plus que ceux du 9ème échelon + 2 ans d’ancienneté au 11ème. Ce n’est pas le nombre de promus qui a augmenté, c’est le nombre de promouvables qu’on a plus que divisé par 2 !
C’est cette baisse du vivier de promouvables (baisse de 56%) et le maintien du nombre de promus qui permet artificiellement de passer de 5,5% de promus en 2017 à 13,2% en 2018. Au final, il y a eu sur l’ensemble de la France seulement 253 personnes promues en plus. Entre 2 et 3 de plus par département. Et pas du fait du PPCR, mais de l’alignement des taux de passage à la hors-classe du primaire sur ceux du secondaire (votés uniquement par le SNALC, l’UNSA et le SGEN, rappelons-le)
Cette année, ce sont 18 716 PE sur 110 092 qui seront promus pour s’aligner sur le taux de passage du second degré, passé à 17 % (pour les certifiés et les agrégés). Soit environs 7% des PE entre 7ème et 11ème échelons dans l’ancienne formule. Ce n’est donc pas le PPCR qui a augmenté le nombre de passages à la hors-classe, mais le protocole signé en 2012 par le SNALC.
Avec le PPCR, on s’est, comme qui dirait, un peu fait avoir au change : la progression du nombre de promus à la hors-classe ne dépend pas de lui mais les pertes précitées, elles, sont bien concrètes. Sans parler de l’avancement classe normale réduit à 2 échelons, 6ème et 8ème. Pour tous les autres, c’est le doux tapis-roulant de l’ancienneté.