La minute de silence en hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard aura-t-elle lieu ? Chaque année, l’incertitude quant à l’officialisation de ce moment laisse les personnels dans l’expectative. Chaque année revient la même impréparation organisée. Chaque année, une partie de l’École – le premier degré – est exclue de la minute de silence.

Soirée du jeudi 9 octobre 2025. Un courrier adressé par la ministre démissionnaire aux recteurs pour un hommage le mardi 14 octobre donne le ton : de toute évidence, cette commémoration ne reçoit pas le traitement qu’elle mériterait.

Pourquoi une annonce si tardive ? Cinq ans après l’assassinat de Samuel Paty, trois ans après celui de Dominique Bernard, est-ce si difficile d’anticiper ce moment afin de permettre aux équipes éducatives de l’organiser ? Pourquoi cette temporisation, chaque année, de la « commande institutionnelle », pour reprendre le vocable mercantile d’un recteur, initiant une commémoration qui devrait aller de soi ? Que penser d’une École aussi pusillanime sur l’affirmation de ses principes ? La circulaire de rentrée met pourtant l’accent sur les valeurs républicaines… Pourquoi l’hommage à deux professeurs valeureux, victimes de leur sens du devoir, n’en fait-il pas partie ?

Pourquoi exclure l’école primaire de ce temps de civisme républicain ? Les élèves sont-ils incapables de comprendre, et les instituteurs, incapables de leur faire saisir la gravité de ces attaques contre l’école laïque et la liberté – leur liberté ? Si tel était le cas, comment expliquer que le prix Samuel Paty soit ouvert aux élèves du cycle 3 de l’école élémentaire – lesquels ont remporté cette année le 1^er prix du concours ?

Sur le terrain, la mollesse de l’Institution aboutit sans surprise à une disparité des situations. Le SNALC en reçoit de nombreux témoignages. Des établissements où aucune annonce n’est diffusée. Des personnels en attente qui se voient déboutés de leur demande. Le silence. Sans la minute.

Il s’agit par conséquent de savoir si c’est l’hommage ou le « pas-de-vagues » qui finira par l’emporter.

Le SNALC, lui, continuera à se battre pour que la mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard soit honorée comme il convient.