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Flou, compliqué et dangereux : bienvenue au collège

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Dossier du mois de la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1479 du 7 juillet 2023.

Dossier rédigé par Sébastien VIEILLE, secrétaire national du SNALC chargé de la pédagogie.
Avec la contribution de Sylvie CHIARIGLIONE, membre du Bureau national et secrétaire académique du SNALC de Corse ; Solange DE JESUS, membre du Bureau national et présidente du SNALC de Nancy-Metz ; Eugénie DE ZUTTER, présidente du SNALC de Reims et Laurent BONNIN, secrétaire national chargé de l’EPS.

Au menu dans ce dossier...

Le SNALC constate depuis plusieurs décennies que de nombreuses questions non résolues pèsent sur l’efficacité du collège et appelle à des changements. Sans remonter à des temps antédiluviens, la réforme de 2016 marque un tournant qui restera pour notre syndicat une monumentale erreur, sorte d’acte de naissance d’une vision du rôle de l’École et de la « bonne » manière d’enseigner auxquelles nous ne souscrivons pas tant elles sont néfastes pour nos élèves. 

Pourtant, en septembre 2022, lorsque le Ministre de l’Éducation annonça vouloir « s’attaquer au collège » qui était, selon lui, « l’homme malade » du système éducatif, nous restâmes circonspects. En effet, même si, pour les professeurs de collège comme pour le SNALC, des changements étaient et sont toujours nécessaires – comme le montrent les résultats de notre enquête à laquelle plusieurs milliers de collègues ont participé – considérer que le collège est, plus que le reste de notre système, « malade » avait de quoi nous interpeller. 

En effet, le primaire constitue un enjeu au moins aussi important et la réforme du lycée pose des problèmes tout aussi prégnants. 

Par ailleurs, sans être réfractaires au changement, nous avons appris, au fil des ans, à nous méfier des réformes tant elles ont tendance à opérer des virages à 360° – donc bien inutiles – avant de foncer droit devant pour emmener notre institution et nos élèves dans le mur. 

Aujourd’hui, le temps des annonces est passé et nous nous apprêtons à ouvrir une nouvelle année : l’an 1 du nouveau collège. 

Il est donc temps de poser clairement les enjeux de ce premier temps et de voir les apports et les dangers de chaque mesure entrant en vigueur. 

Évidemment, le SNALC ne manquera pas, après une analyse de ces nouveautés, d’exprimer clairement ce qui, pour lui, aurait dû être mis en place, et aurait vraiment apporté aux élèves. 

Soutien en 6e : beaucoup de dégâts pour pas grand-chose

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Annoncé comme un pilier de la lutte contre les grandes difficultés rencontrées par les élèves en français et en mathématiques tout en permettant à ceux qui ont déjà des acquis solides d’aller plus loin, ce dispositif pose problème parce qu’il engendre des dommages collatéraux et parce que son efficacité sera plus que limitée. 

C’est presque devenu une antienne de notre ministère : il va falloir faire plus et mieux avec des moyens inchangés voire réduits. Et cette politique est en train de faire des ravages. Ainsi, pour mettre en place le soutien / approfondissement en 6e, il était hors de question pour le ministère d’abonder en heures et de déroger aux 26h par semaine de l’emploi du temps des élèves. Ajoutez à cela des difficultés RH en technologie et vous obtenez la suppression d’une heure de cette discipline. 

Il y a donc eu des fermetures et des partages de postes. Mais la bêtise de cette suppression ne concerne pas que les professeurs de technologie. Il a fallu refondre les programmes pour faire en CM1 et CM2 l’immense majorité du programme prévu sur trois ans avec de la programmation et de la robotique en primaire. 

Comme la désorganisation n’était pas complète, il fallait aussi impliquer les professeurs des écoles dans le soutien, en leur proposant le Pacte bien sûr. Qu’importe si les réunions, harmonisations et déplacements seront sans commune mesure avec la rémunération. Et pour que ces professeurs puissent venir au collège, on va créer des barrettes le mercredi matin afin de bien motiver les troupes. 

Tout ça pour quoi ? L’institution octroie une heure d’aide par semaine pour acquérir ce qui ne l’a pas été en primaire. En supprimant des heures de français et de mathématiques, en multipliant les priorités au gré de l’actualité, on a fragilisé l’apprentissage à l’école primaire. On va donc mettre une heure de soutien au collège. Et on va y travailler des compétences. Sans contenu défini. Sans programme. 

Le SNALC l’a dit : c’est sur l’amont qu’il faut agir en priorité. Mais cela n’interdit pas une réflexion sur le collège et sur le volume d’heures consacré au français et aux mathématiques. 

Devoirs faits : comment tout gâcher

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Entré en vigueur en 2017, le dispositif « Devoirs Faits », tout en étant perfectible, est l’une des inventions récentes les moins critiquées par les professeurs de collège. Pourtant, cela pourrait largement évoluer, grâce au Pacte et à ce qui ressemble de plus en plus à une volonté ministérielle de tout gâcher. 

Ce que les professeurs apprécient en général dans « Devoirs Faits », c’est la possibilité de travailler dans des petits groupes, avec des élèves qui sont inscrits au regard de leurs besoins ou qui se sont inscrits car ils sont conscients de leurs difficultés. Le travail réalisé par les enseignants dans ce cadre consiste à rendre les élèves de plus en plus autonomes en leur donnant des habitudes et des méthodes de travail. Cela permet aussi d’apporter une aide conceptuelle. 

En conséquence, quand ce dispositif est bien organisé et quand tout le monde joue le jeu, il peut devenir un vrai vecteur de progression et d’amélioration des chances de poursuite d’études. 

Or, en sixième, il ne sera pas question de volontariat ni même d’identification des besoins. En effet, tous les élèves auront l’obligation de participer à « Devoirs Faits ». Cette contrainte limite l’intérêt principal du dispositif : pouvoir aider les élèves de manière plus individuelle et ciblée. Dans cette perspective, faire venir des élèves qui n’ont pas de besoins particuliers ou qui ne sont pas motivés peut s’avérer contre-productif et en faisant venir à la fois des élèves qui n’ont pas de besoins et d’autres qui ne sont pas motivés. 

D’aucuns diront que le SNALC joue les Cassandre en mettant l’accent sur les effectifs chargés empêchant l’aide individualisée. Ne sera-t-il pas possible de dédoubler ici et là ? Sachant qu’il est prévu que le dispositif, rendu obligatoire pour les élèves, soit assuré par des professeurs sur la base du volontariat (Pacte), il est bien plutôt à craindre qu’il soit difficile de le mettre en place partout, même en classe entière… 

Ajoutons que même pour le cycle 4, « Devoirs Faits » sera rémunéré via le Pacte restant – les HSE possibles – il faut donc s’attendre à ce que les bonnes volontés se raréfient. Le Ministère démontre ainsi que l’on peut transformer un dispositif plutôt intéressant en un véritable repoussoir. 

Découverte des métiers, dernier symbole du dysfonctionnement

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À l’instar du soutien / approfondissement en sixième, la mise en place de la découverte des métiers dès la cinquième nous pose question, voire nous agace, de par son essence même, mais aussi parce que sa mise en place est symptomatique du mode de fonctionnement qui s’est imposé dans notre Ministère. 

 

DES PROBLÈMES DE FOND 

Alors que le problème majeur est que de nombreux élèves entrent au collège avec des difficultés importantes et en sortent sans que ces dernières aient pu être résolues, il s’agit de leur permettre de découvrir des métiers, des lycées et des orientations. Ce simple fait pose problème. Ne faudrait-il pas travailler sur l’acquisition d’une base de savoirs solide avant d’envisager l’orientation ? Mais outre le fait que – comme assez souvent – le Ministère se trompe d’objectif, c’est le contenu de cette nouveauté qui est vraiment gênant… ou plutôt l’absence de contenu. Dans quelques jours, nous aurons des élèves qui viendront à des heures de découverte des métiers. Pourtant, il n’y a aucun enseignement à proposer, aucune sorte de programme qui pourrait donner un peu de sens à ce temps gaspillé. 

 

LA FORME EST AUSSI CATASTROPHIQUE 

Et ce n’est pas le seul contenu qui manque… Il n’y a pas d’heures non plus ! Il faudra donc supprimer des heures disciplinaires pour mettre en place cette découverte des métiers ; comme si les élèves pouvaient se passer d’heures précieuses d’apprentissage. Voilà donc un dispositif sans contenu ni horaire auquel le Ministère s’est évertué néanmoins à donner une organisation complexe et corsetée. 

Ainsi, ce sont des professeurs, ou des CPE, voire des Psy-EN qui assureront ces heures fantômes. Ils seront payés via le Pacte. Ils auront un référent dans l’établissement, lui aussi rémunéré par un Pacte, mais pas le même. En plus de devoir coordonner le travail de ces collègues et de s’assurer qu’ils ont trouvé des contenus idoines, ce référent – professeur, CPE ou Psy-EN – devra trouver des entreprises, des lycées… et monter un réseau d’intervenants et de futurs terrains pour le stage de découverte. 

 

Des contraintes, du Pacte, des référents et surtout du vide. Voilà ce que notre Ministère est aujourd’hui capable de proposer à une jeunesse souvent pénalisée par d’importantes lacunes. Le SNALC demande encore une fois que les vraies difficultés des élèves soient traitées en priorité. 

Technologie, dommage collatéral

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Impossible de parler de ce nouveau collège sans évoquer sa victime principale : la technologie. Les deux articles précédents y font référence. Mais posons cette discipline importante au centre des débats. 

Pas une année scolaire ne passe sans que le Ministère ne réaffirme l’importance de la technologie et des disciplines qui y sont liées en lycée. Les métiers de demain, ceux qui n’existent pas encore, auront forcément un lien avec elle. Elle a évolué au fil du temps, passant de la fabrication à la conceptualisation pour intégrer le dessin industriel puis l’informatique, le numérique… 

Il est donc d’autant moins compréhensible que l’on supprime non seulement une heure de cet enseignement en première année de collège – avec des conséquences désastreuses en termes de postes – mais encore que l’on fasse peser sur le CM1 et le CM2 un programme pourtant prévu sur trois ans. 

Les écoles ont donc dû être équipées en robots et en nouveaux ordinateurs – car le parc informatique dans le premier degré est, au mieux, disparate – quant à la formation des personnels sur ces nouveaux outils, elle est, au mieux, assez lacunaire. 

Pire que cela, certains contenus ont été maintenus en sixième mais externalisés aux professeurs de sciences qui sont censés intégrer de la technologie à leur enseignement. Ah, la transversalité pour faire des économies d’heures et de postes, cela faisait longtemps. 

Enfin, il ne serait pas convenable de parler technologie en collège sans mentionner le fameux renforcement sur le cycle 4 et notamment la 3e. Pour l’heure, rien à l’horizon. Rien ou peu de choses. 

Les professeurs de technologie sont censés être prioritaires sur la découverte des métiers. Enfin, d’après les annonces car dans les rares textes qui font référence au dispositif – comme ceux liés au Pacte – on ne trouve nulle mention de la technologie. Des professeurs, comme des Psy-EN et des CPE pourront encadrer ou pratiquer la découverte des métiers. 

Pour résumer, le Ministère aura réussi à maltraiter encore plus cette discipline déjà malmenée par de nombreuses réformes, tout en martelant qu’elle est une discipline d’avenir. 

Technologie en collège : vers un monde orwellien ?

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« Pour être heureux dans la vie il faut simplement laisser venir ce qui vient et laisser partir ce qui s’en va… » Paulo Coelho 

La phrase résonnait dans sa tête alors qu’il arrivait au collège ce matin-là. S’il ne s’agissait que de la quête du bonheur, il s’en serait volontiers remis à la confiance intime qu’il avait de ses prédispositions à être heureux. 

Il avait été TZR et estimait avoir déjà assez payé le prix. Cette année, il avait enfin son poste, mais était à cheval sur deux établissements : où le cauchemar de la précarité s’arrêterait-il ? 

Il était le plus jeune certifié de techno de l’académie, à 42 ans pourtant… Que se passerait-il lorsque les plus vieux partiraient ? La relève serait-elle assurée ? D’autres académies affichaient déjà un nombre certain d’établissements qui ne comptaient aucun titulaire dans sa discipline… 

On va disparaître seuls ici, disait-il, pas besoin d’extinction des feux, on est tous vieux, ce sera une mort programmée ou une sélection naturelle. 

La techno est le parent pauvre, déprécié, malmené par tous, élèves et parents qui ne l’identifient pas comme une discipline prépondérante. Ils se permettent des écarts de langage et de comportement, des jugements toxiques et les chefs d’établissement non plus n’y accordent pas toujours l’importance qu’elle mérite pourtant. Que vous soyez puissants ou misérables… Il savait se faire entendre sur les problématiques de sa matière en tant qu’élu SNALC en C.A., sans quoi…

Dans le futur programme, la novlangue disciplinaire entendrait-elle tout numériser ? L’intelligence artificielle remplacerait-elle l’humain ? Les formations prévues en 2023 / 2024 seraient-elles des séances de brainwashing pour futurs soldats du système ou laisseraient-elles encore un peu de marge à de la pédagogie manuelle ? Le Cadre de Référence des Compétences Numériques serait-il la seule base littéraire à approcher ? 

S’accrocher, jour après jour, semaine après semaine, pour prolonger un présent qui n’avait pas de futur, était un instinct qu’on ne pouvait vaincre, comme on ne peut empêcher les poumons d’aspirer l’air tant qu’il y a de l’air à respirer[1] 

[1] 1984 – George Orwell

Le déluge des « journées à thème » : on aime …

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La France vient de connaître une période de fortes pluies. L’Éducation nationale aussi, à la différence près que ces pluies durent toute l’année scolaire. 

Tel un déluge qui noie tous les ans les professeurs, les journées ou semaines à thème ne donnent guère envie aux collègues de se mouiller… 

Journée « non au harcèlement », journée internationale des droits de l’enfant, des droits de l’homme, journée franco-allemande, de l’innovation, journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie… Semaine des langues, de l’engagement, de la démocratie scolaire, du climat, de la presse et des médias à l’école, de la persévérance scolaire… 

Les professeurs sont régulièrement arrosés d’invitations, voire d’injonctions à ces projets à la visée souvent interdisciplinaire. Exemple : le « passeport Educfi », à destination des élèves de 4e pour une éducation budgétaire et financière afin d’en faire « des citoyens plus avertis, plus sereins pour décider lorsqu’ils seront confrontés à des choix financiers »[1]

Plusieurs académies ont reçu une requête du recteur, relayée par les CE, imposant aux collègues d’« animer » le dispositif. On adooooore ! 

Notons que ce genre de sollicitation : 

  • tombe sans préavis, comme un ovni au milieu d’un champ de blé, sur d’« heureux » collègues qui n’ont rien demandé ; 
  • est prévue sur des heures de cours, ainsi considérablement grignotées, comme si nous débordions de temps pour nos enseignements, à ne savoir qu’en faire ; 
  • entre en contradiction totale avec ce qui est habituellement exigé pour le montage d’un projet lorsqu’il est initié par un professeur, soit un dossier préparatoire – très décourageant – en béton armé justifiant les multiples bénéfices pédagogiques. 

 

Si le SNALC ne s’oppose pas au principe de tous ces « enseignements à », il semble important de pouvoir approfondir les thématiques de sorte à éviter une pédagogie à la petite… semaine. Une condition préalable serait que la demande vienne des professeurs – par ailleurs débordés par de multiples missions dont le système les afflige, n’ayant plus grand-chose à voir avec l’enseignement de leur discipline. 


[1] Circulaire du 12 octobre 2022 : https://www.education.gouv.fr/bo/22/Hebdo28/MENE2216083N.htm

Un malade réellement soigné ?

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Le Ministre avait identifié un « homme malade ». Tel un Diafoirus, il a donc pratiqué une saignée dans les heures de technologie puis se muant en Docteur Frankenstein, a cousu des appendices et des membres comme le soutien et l’approfondissement en sixième, « Devoirs Faits » obligatoire toujours en sixième ou la découverte des métiers dès la cinquième. Peut-être espérait-il engendrer une nouvelle créature. Toujours est-il que le grand corps malade ne r isque pas de sortir guéri par de telles pratiques. 

Mais était-ce réellement le but ? 

Si le SNALC était adepte de Machiavel, nous verrions dans cette réforme une manière détournée d’imposer le Pacte tout en poursuivant une mutation de l’école déjà en marche depuis des années. 

En effet, l’une des conséquences – si elle n’était un objectif – de cette transformation qui n’est jamais nommée réforme est de rogner encore sur les enseignements disciplinaires à raison d’une heure en sixième par l’introduction du soutien / approfondissement et de deux heures dès la cinquième pour mettre en place la découverte des métiers. Le présupposé de cette politique est clairement que la connaissance, les contenus disciplinaires sont moins utiles que la remédiation ou que les « éducations à » (être un bon citoyen, préserver sa santé, mieux appréhender les médias ou s’orienter…). Le changement de paradigme est de plus en plus évident. Pour le SNALC, une telle évolution de l’École bien éloignée de l’idéal républicain, n’est pas acceptable. Nous ne sommes pas là – nous ne serons jamais là – pour former des éléments employables ou habitués au prêt-à penser. 

 

Notre métier, notre mission première est d’élever, dans le sens noble du terme, ces jeunes qui nous font face et nous succéderont. 

De leur permettre, grâce au savoir transmis de devenir des adultes à même de comprendre le monde qui les entoure, donc de vrais citoyens. 

Ce que le SNALC veut pour le collège

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Nous appuyant sur les résultats de notre enquête collège à laquelle 3000 professeurs ont participé[1], nous avons eu confirmation que les idées que nous promouvons correspondent à des attentes fortes. 

 

RECENTRER SUR L’ESSENTIEL 

Le lecteur aura compris que, pour le SNALC, les dispositifs chronophages, mal dégrossis et sans réelle valeur ajoutée pour les élèves ne sont pas notre tasse de thé. Il est clair que notre souhait est de voir la connaissance redevenir le centre du système éducatif. C’est d’ailleurs pour cela que nous appelons toujours de nos voeux la suppression pure et simple des EPI. Ils sont certes plutôt moribonds, mais ils subsistent et grèvent inutilement le temps d’enseignement 

 

MIEUX GÉRER L’ORIENTATION 

Beaucoup de professeurs de collège ne voient plus l’intérêt du conseil de classe. Ils y voient une chambre d’enregistrement de décisions déjà prises sur le coin d’un bureau et qu’il est impossible de remettre en cause car « de toute manière, ça passera en appel ». Pour le SNALC, il serait intéressant de redonner une prérogative d’orientation au conseil de classe, de lui permettre de dire à un élève que son niveau ne lui permet pas de continuer ainsi et qu’il aura besoin d’une année supplémentaire pour atteindre ses objectifs. De même, plutôt que de créer un dispositif ex nihilo en supprimant des heures de cours, il serait bon de rendre plus accessible sur l’ensemble du territoire un dispositif qui fonctionne et qui aide réellement les élèves : la troisième découverte professionnelle. Elle est plus intéressante qu’un dispositif mis en place trop tôt (Oui. La cinquième, c’est trop tôt). 

 

MIEUX GÉRER L’INCLUSION 

D’après notre enquête, pour la majorité des professeurs de collège, l’inclusion ne fonctionne pas telle qu’elle est mise en place. Elle devient même une cause de souffrance pour certains collègues comme pour les élèves à besoins particuliers et pour d’autres élèves. L’inclusion mérite une réflexion et des moyens pour ne plus être (perçue comme) un moyen de fermer des places dans le spécialisé et de faire des économies. 

Pour le SNALC, s’attaquer à ces chantiers serait un pas important vers un meilleur collège. 


[1] https://snalc.fr/enquete-snalc-sur-le-college/