ÉVALUATIONS DE RENTRÉE
VISIOCONFÉRENCE DU 26 JUIN 2020 AVEC LE MINISTÈRE
© CC0, domaine public – piqsels.com
Par Ange MARTINEZ, élu pour le SNALC dans l’académie de Nice et membre de la commission nationale SNALC premier degré. Article publié le 1er juillet 2020
L’HEURE DU BILAN
En préambule, nous avons réaffirmé concernant ces évaluations de rentrée que si nous pouvons comprendre l’intérêt d’un outil statistique, il doit tenir compte du contexte particulier que nous traversons. Il ne doit par conséquent pas télescoper les objectifs de rentrée qui seront ceux des enseignants pour leurs élèves avec un retard qui s’est accumulé et qu’il va falloir bien entendu combler plus qu’observer.
Les évaluations nationales ne sont pas pour le SNALC le meilleur dispositif. « Ces tests seront systématiques et obligatoires pour le CP, CE1…». Concernant les autres niveaux de classe, le choix sera laissé aux enseignants mais des outils d’évaluation devraient leur être proposés. Les enseignants seraient amenés, selon la DGESCO à « élargir leur boîte à outils avec des ressources qui s’ajouteront à celles déjà disponibles sur Eduscol, étayant leur portefeuille de ressources pour une utilisation plus large ».
Le Ministère a bien précisé que « les évaluations n’ont pas vocation à être une violence faite à l’élève. Bien au contraire, il s’agit là de faire le point avec lui, de l’accompagner dans ses progrès. L’expertise de l’enseignant est utile pour faire le point sur les progrès de chacun… L’outil au sein de la classe est un outil pédagogique ; il n’aurait pas d’intérêt en soi s’il s’agissait simplement d’évaluations : c’est le chemin à faire parcourir aux élèves suite à celles-ci qui est important. » Ce sera donc aux enseignants d’évaluer, avec des outils qu’ils n’ont pas bâtis et de trouver les solutions idoines pour chaque élève. La surcharge de travail n’est pas loin. Mais sera-t-il au moins possible de donner du sens à tout cela ?
GROSSES REVENDICATIONS, MAIGRES AMÉLIORATIONS
Depuis longtemps nous souhaitions au SNALC une simplification de la passation et de l’exploitation des résultats de ces évaluations. Nous avons été entendus, mais le résultat prête à rire : la simplification du mot de passe, quel gain ! Nous avons rappelé que nous ne souhaitions plus voir les professeurs des écoles en difficulté aux prises avec un serveur qui ne fonctionne pas, se bloque et demande de ressaisir les résultats. L’agacement de la profession à cet égard est palpable et nous l’avons signifié lors de cette visioconférence. Nous avons demandé une simplification de la passation, de la correction et de l’exploitation des résultats : tout doit être clair, précis et sans ambiguïté. Malheureusement, pour les évaluations de CP et de CE1, aucune aide ne sera proposée aux enseignants qui devront une fois de plus tout faire par eux-mêmes avec l’outil inapproprié que l’on connait déjà. Nous allons avoir beaucoup de choses à traiter au sortir de la crise sanitaire, il ne faudrait pas qu’il y ait une complexification supplémentaire.
Nous nous positionnons plus que jamais pour le paiement d’heures supplémentaires à hauteur de l’investissement horaire réel. Ou à défaut, sur l’éventuelle déduction d’heures d’APC pour les principaux intéressés. Il faut désormais que le ministère entende les difficultés et surcharges horaires que nous avons mises en avant.
FÂCHEUSES CONSÉQUENCES
Le plan décrochage qui va être mis en place dans chaque académie augure d’une surcharge de travail évidente pour les professeurs des écoles, déjà éreintés par les mesures d’accueil de protocoles sanitaires successifs. Bien entendu, nous nous opposons à une surcharge de travail sans compensation, le Ministre s’étant positionné dans la presse : « Mais à chaque fois, ce qui est recommandé, c’est de les utiliser (les évaluations), et d’en tirer des conséquences sur le déclenchement d’une aide personnalisée. » Le Ministre précise qu’il faut « avoir une vision sur deux ans de l’accomplissement des programmes ». En découlerait donc un parcours personnalisé pour les élèves décrocheurs. Tout chambouler pour les deux ans à venir, nous pensons que c’est tout sauf raisonnable, la profession étant déjà à bout.