Le ministère de l’Éducation nationale a fait le choix d’imposer des évaluations standardisées à chaque niveau de la scolarité. Pour le SNALC, cette pratique est totalement inutile et s’inscrit dans une politique éducative dangereuse.
Inutilité
Dans le premier degré ou plus tard, les appareils évaluatifs utilisés ne s’inscrivent pas dans une progression décidée par un enseignant. Leurs résultats sont exprimés sous des formes statistiques avec des diagrammes concernant des compétences larges.
Au final, l’information donnée peut être intéressante pour la DEPP, la division du Ministère qui effectue des analyses statistiques de notre système éducatif. Mais pour l’enseignant, sur le terrain, savoir abstraitement qu’un élève a des difficultés en compréhension de textes ou dans la résolution de problèmes n’est pas aussi pertinent que d’appréhender ces difficultés par les activités pratiquées en classe ou par ses propres évaluations.
C’est en cela que le temps consacré à ces évaluations standardisées, désormais passées à tous les niveaux du collège et en seconde, peut paraître excessif alors même que leur rôle de repère pour les enseignants n’est guère avéré.
…Et danger potentiel
En outre, les évaluations nationales pourraient devenir un outil dangereux entre les mains d’ennemis de la liberté pédagogique. En effet, chaque académie a dû créer un Conseil des savoirs fondamentaux. Pour l’heure, on en entend assez peu parler, mais le texte qui les instaure est clair sur ses fonctions[1]. Composé et présidé par le recteur, il doit s’appuyer notamment sur les évaluations nationales pour définir la politique éducative de l’académie et piloter les écoles. Il peut envoyer les IEN dans les écoles pour observer les méthodes pédagogiques mais aussi pour diffuser et valoriser les pratiques efficaces et éprouvées.
Les évaluations nationales sont donc un outil de pilotage des pratiques pédagogiques. Cela a existé dans les années 80 dans d’autres pays. Depuis, ils ont compris l’inefficacité de la chose et ont opté pour une politique basée sur des programmes nationaux, une formation plus solide et une meilleure considération des personnels.[2] Bizarrement, ça fonctionne mieux.
C’est cela que défend le SNALC et c’est pour cela que le SNALC est dans l’intersyndicale qui lutte contre ces évaluations.
[1] NDS du 10.01.2023 : https://www.education.gouv.fr/bo/23/Hebdo2/MENE2300948N.htm
[2] E.D.Hirsch, “Why knowledge matters”, Harvard Education Press, p.19-33
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1491-Ecole du 12 juillet 2024