Le Conseil d’Evaluation de l’Ecole (CEE) livre un premier bilan des évaluations d’école. Le SNALC fait également le bilan de ces évaluations et ses constats ne sont pas concordants avec ceux du CEE.
Quel temps pour les évaluations ?
Le CEE relève que la « densité [de l’évaluation] lui vaut à l’occasion les qualificatifs de « chronophage » ou « énergivore », ce qui pourrait laisser entendre que passer un peu de temps tous les cinq ans à interroger le service public d’éducation rendu dans un établissement est une perte de temps, un emploi inutile de ressources. Une action peut être considérée comme chronophage et énergivore surtout quand on ne lui reconnaît pas de sens, donc de légitimité. Or la plus-value de l’évaluation vient précisément de son appropriation par tous. […] De plus, les académies ont trouvé des formules variables permettant d’organiser les échanges entre acteurs de l’évaluation au sein de l’école et dans le strict cadre des obligations réglementaires de service actuel des enseignants. »
Oui, l’évaluation d’école est chronophage et énergivore. En revanche, ce n’est pas parce que les PE lui trouveront – peut-être- de la légitimité, à grands renforts de « formations, afin que chaque école puisse préparer sereinement la phase d’auto-évaluation », que le temps passé disparaîtra par magie. Le SNALC est d’ailleurs plus que dubitatif quant à l’intérêt que trouveront les PE à ces nouvelles formations imposées !
L’expression « un peu de temps » est, quant à elle, largement sous-évaluée : le CEE estime la phase d’évaluation externe à 5 jours pleins en moyenne, et il ne se risque pas à donner de chiffres précis pour la phase d’auto-évaluation.
Quels évaluateurs externes ?
Les évaluateurs sont principalement des IEN (30%), des directeurs (30 %) et des conseillers pédagogiques (25 %). Le CEE propose « d’élargir le vivier des évaluateurs externes, notamment aux enseignants » (environ 3% des évaluateurs). Pour le SNALC, les enseignants sont effectivement les professionnels les plus à même d’intégrer ces équipes. Il faudra toutefois veiller à ne pas trop « élargir le vivier », le choix de certains évaluateurs externes pouvant être discutable. Ainsi a-ton pu voir des personnels administratifs au sein des équipes d’évaluateurs alors même qu’aucun directeur d’école n’y était intégré.
A noter cependant que l’idée du CEE d’intégrer cette mission dans les réflexions du « pacte enseignant » n’est pas acceptable : le SNALC maintient son exigence d’un rattrapage salarial pour tous, sans contreparties.
Quels objectifs ?
Pour le CEE « bien loin d’être une mission supplémentaire ou la dernière mesure en date d’un ministère toujours très créatif en matière de dispositifs, l’évaluation construit une professionnalité nouvelle ». Si l’éclair de lucidité peut prêter à sourire, ce n’est pas le cas de ce qui suit. D’après ce bilan, les évaluations d’école ont vocation à :
- déboucher sur la rédaction d’un projet d’école (mais avec « un travail lourd d’arbitrage et de rédaction des grandes orientations finalement retenues pour le directeur et son équipe »)
- accroître la capacité d’innovation et d’expérimentation (mais l’innovation pédagogique a-t-elle en soi une valeur supérieure à la non-innovation ?)
- faire acte de candidature au fonds d’innovation pédagogique (toujours plus de travail, sans certitude que le projet soit finalement financé)
- constituer un bon point d’appui pour les IEN et leurs équipes de circonscription pour accompagner les suites de l’évaluation et diffuser des pratiques pertinentes
Les conclusions du SNALC
Pour le SNALC, ce bilan met en lumière ce que le CEE s’entêtait jusqu’alors à nier. Les évaluations d’école sont un moyen de contrôler la liberté pédagogique, de donner toujours plus de travail aux PE et de mettre les écoles en concurrence.
Si le CEE s’auto-congratule du succès de ce dispositif, le SNALC peut assurer que les PE sont bien loin de le plébisciter. D’ailleurs, le « défaut d’intérêt des enseignants » est souligné dans ce rapport. Peut-être ont-ils juste compris que l’on se moque d’eux, que les conclusions sont déjà écrites et qu’il y a mieux à faire.
D’après le bilan, « l’auto-évaluation a représenté de l’ordre de 4 à 8 semaines », soit jusqu’à 2 mois qui furent accaparés par un dispositif n’aidant en rien les collègues dans leur quotidien.
Quelle dépense inutile de temps et d’énergie ! Le SNALC reste donc encore et toujours opposé aux évaluations d’école.