Depuis la nomination du nouveau ministre, sur la direction d’école, il n’y a vraiment rien de nouveau. La ligne tracée par son prédécesseur est tellement claire qu’il est difficile de s’en éloigner : les directeurs ont du travail en plus, des responsabilités supplémentaires sans rien avoir demandé et sont discrédités au plus haut sommet de l’État.
La Loi Rilhac a été votée en décembre 2021, mais les décrets d’application n’ont toujours pas été publiés. Sur ce point comme sur beaucoup d’autres, le Ministre semble appliquer l’adage « qu’il est urgent d’attendre ». Pourtant, en audition à la Commission des affaires culturelles début août, Mme la député Rilhac a elle-même demandé quand est-ce que la loi pourrait prendre corps à travers ses décrets. Le Ministre a renvoyé cette problématique en novembre lors des discussions plus globales concernant les directeurs d’école.
Idem pour le vote électronique pour les élections des parents d’élèves. Actuellement, l’Éducation nationale n’est pas en capacité de proposer un logiciel fiable. Le SNALC espère que cette année (puisque cela va bientôt faire un an que cette disposition est prévue) aura servi à élaborer une application simple d’utilisation pour les parents mais surtout pour les directeurs car si cette mesure devait se doubler d’une distribution de codes de sécurité pour l’ensemble des parents, sous plis cachetés ou autre, il n’est pas certain que le gain de temps et d’efficacité soit au rendez-vous. Connaissant le sens de l’anticipation et de l’optimisation de nos dirigeants, le SNALC a de sérieuses raisons de s’inquiéter de cette future nouveauté informatique. Cela risque d’entraîner une nouvelle tâche supplémentaire dont le fonctionnement sera tellement intuitif qu’il ne nécessitera aucune formation, comme d’habitude…
La loi Rilhac comprend également un passage sur la rédaction du PPMS. Dans l’article L411-4, il est spécifié que le directeur ne doit donner que son avis. Il n’est nullement le rédacteur quasi unique du début à la fin comme c’est trop souvent le cas depuis 20 ans. Le SNALC attend de voir la forme et la déclinaison de l’aide rédactionnelle que prendra l’application de cette loi sur le terrain.
Concernant l’accompagnement de stagiaires, contractuels et autre alternants, sans le mentionner une seule fois, voici encore une ou des missions qui incombent au directeur : Qui est chargé de les accueillir ? Qui est chargé de les suivre pédagogiquement, quand justement, ils complètent souvent les temps de décharge des directeurs ? Qui est chargé de faire remonter les éventuels dysfonctionnements qui ne manqueront pas d’apparaître avec le recrutement en « job dating » ? La réponse est une nouvelle fois évidente.
Enfin, et c’est là peut-être la plus grande nouveauté de cette rentrée, il y aurait… des projets d’école ! Notre président de la République n’était pas au courant et selon lui, de nombreux directeurs non plus ! Le SNALC estime que cette phrase prononcée à la 40e minute de son discours inaugural de la rentrée des recteurs est méprisante, voire insultante. Non seulement les directeurs qui les corédigent depuis 30 ans se sentent offensés, mais en plus, il va falloir les réactualiser parce que les projets actuels, rédigés sous l’ancien ministre Blanquer, sont « trop formels ». Cerise sur le gâteau, cette fois, pour les projets méritants, intéressants, pertinents, il y aurait des subventions à la clé. Les autres pourront donc continuer à être formels, sans argent.
Essayons d’être positifs sur un point : la situation sanitaire liée au coronavirus a évolué favorablement, ce qui a permis de revenir à un environnement équivalent à septembre 2020. Le SNALC n’oublie pas que ce sont les enseignants et les directeurs d’école qui ont porté le système scolaire à bout de bras ces deux dernières années en appliquant comme ils le pouvaient, les directives des 50 protocoles sanitaires. Il est urgent que le Ministère, pour sa part, s’en souvienne et fasse enfin confiance à tous les enseignants, directeurs compris. Les subventions prévues pour financer les futurs nouveaux projets d’écoles « méritants » pourraient ainsi être versées à tous : 500 millions pour les 380 000 professeurs des écoles ≈ 1300 € par enseignant.
Les postes de direction ont du mal à trouver preneurs. On se demande bien pourquoi : au mieux, on verra plus tard ; au pire, on donne des missions supplémentaires et on refait ce qui n’a pas marché. L’année scolaire s’annonce donc conforme aux précédentes.