Alors que les JO de 2024 en France se préparent mais que parallèlement la jeunesse se désengage massivement et progressivement des pratiques physiques et sportives, que la sédentarité, l’obésité augmentent, que les capacités physiques et physiologiques subissent une chute sans précédent, que les e-sports s’imposent comme un nouveau modèle de pratiques compétitives, l’état paradoxalement met à mal l’enseignement de l’Education physique et sportive (EPS) dans sa poursuite de réformes délétères des services publics.
Rappelons que l’EPS qui apparaît souvent comme une discipline scolaire mineure est porteuse pour la société d’enjeux majeurs. Les gains aux niveaux individuel et collectif d’une pratique physique et sportive régulière en matière de santé biologique, psychologique, sociale et économique, ne sont plus à démontrer. Par son obligation scolaire, l’EPS est la seule discipline qui offre à tous les jeunes, la possibilité d’un développement de leur potentiel psycho-moteur et d’un habitus salutaire à la pratique physique et sportive. Pour la moitié d’entre eux elle est aujourd’hui l’unique source d’une véritable activité physique. C’est dire si l’enjeu est important !
Or depuis 2015 on assiste à un démantèlement de ses programmes, initié par la réforme du collège, qui se poursuit actuellement par celles des lycées. Les listes nationales d’activités physiques et sportives à enseigner ainsi que des objectifs moteurs, physiques ou techniques de formation, précis, communs, constitutifs de vrais programmes, disparaissent au profit de repères vagues, formels et accessoires qui font perdre à cette discipline tout son sens. Le développement et l’éducation du physique sont supplantés par une formation toujours plus théorique qui s’axe dorénavant sur la méthodologie de l’entraînement et sur les apprentissages de rôles secondaires de coatch, d’observateur, de manager… Ces formations génèrent une immobilté croissante, le désaveu des élèves, et réduisent drastiquement l’exercice corporel dont ils ont besoin.
La transformation des visées éducatives, la disparition des épreuves d’EPS au diplôme national du brevet, la fin des enseignements d’exploration et de détermination en EPS, le refus de la création d’une spécialité EPS dans la dernière réforme des lycées, des épreuves d’EPS au baccalauréat différentes selon les établissements qui anéantissent l’équité et le caractère national de la diplômation, la réduction des postes ouverts au concours malgré une offre importante et une demande pléthorique, des professeurs sous-payés et malmenés… sont les signes d’une déconsidération accrue et irresponsable de la spécificité de cette discipline et de ses enjeux.
Le SNALC dénonce ces orientations prises par l’Inspection générale de façon unilatérale, malgré ses recommandations et ses propositions. Elles sont en rupture avec les attentes des professeurs, des élèves, la logique de la discipline et les besoins de santé publique. Dans de telles conditions il y a fort à parier qu’elles seront vaguement appliquées, régulièrement détournées. Elles conduiront la profession, à notre plus grand regret, dans une situation inconfortable, mais bien compréhensible, de résistance et de dissidence pédagogiques.