Le projet de réforme des retraites, mis en débat en ce début d’année 2023, prévoit le report de l’âge légal de départ à 65 ans. Sans entrer dans l’examen des réels ressorts économiques et politiques de cette mesure, il convient davantage d’envisager ses conséquences pour la profession, particulièrement pour les enseignants d’EPS.
AUGMENTATION DE LA SOUFFRANCE AU TRAVAIL
Il faut rappeler l’importance de la dégradation de la santé des enseignants d’EPS au fil des ans. L’étude de la DEPP « Être professeur d’EPS en 2009 » démontre de façon édifiante qu’à partir de 50 ans, 71 % des professeurs ont des problèmes de santé liés à l’enseignement de leur discipline.
L’usure physique prématurée qui ne cesse de croître avec l’âge est le facteur prépondérant. Or, si les conditions d’exercice du métier ont peu évolué, ce n’est pas le cas des conditions de départ à la retraite. Depuis 2008, la durée de cotisation a progressivement été portée de 37 annuités et demi à 40 puis à 43 (en 2035) et l’âge minima de départ est passé de 60 à 62 ans. Avec une entrée dans la carrière repoussée par la mastérisation du cursus à Bac+5, prendre sa retraite aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ce qui existait hier. Alors qu’antérieurement un jeune entrant dans la profession à 23 ans pouvait prétendre à un départ à 60 ans avec une retraite complète, demain il devra atteindre 65 ans pour percevoir sa pension et l’âge minimum de 66 ans pour prétendre à une retraite sans décote.
DIMINUTION DES PENSIONS DE RETRAITE
En réalité, avec un âge moyen d’entrée dans le corps des P. EPS évalué en 2018 (DEPP) à 26,4 ans on mesure très bien que rares seront ceux qui auront les capacités physiques et psychiques d’enseigner jusqu’à 70 ans.
Pour le SNALC, il s’agit d’une régression inacceptable dans la considération du service public, du métier, des enseignants et un moyen détourné de réduire les futures pensions. Les enseignants n’auront d’autre choix que d’endurer une souffrance au travail considérablement prolongée jusqu’à l’épuisement ou de quitter le métier moins tardivement avec une pension misérable et indigne. Quelle belle attractivité
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1472 du 9 janvier 2023