Pour justifier de l’existence d’un dispositif contestable et à défaut d’arguments déontologiquement -ou pédagogiquement ici- recevables, il est toujours possible de recourir à la mauvaise foi.
C’est ainsi que l’on nous expliquait le 31 mai dernier au Comité Consultatif du Conseil d’Évaluation de l’École que le cadrage opéré par les évaluations d’écoles et d’EPLE ne nuisait en rien à la liberté pédagogique des enseignants, puisqu’il visait même la mise en oeuvre d’une « liberté pédagogique collective ». Cette dernière, visiblement définie succinctement en séance par « le fait d’apprendre ensemble », ne sembla susciter aucun émoi et l’on eut même l’impression que l’on entendait par là s’occuper de notre bien-être, voire même y pourvoir à jamais, en tout cas signifier que l’alternative collective était salvatrice dans nos quotidiens éducatifs.
Osons nous arrêter quelque peu sur la notion d’apprentissage commun qui justifierait le cadrage évaluatif et serait source de liberté… Si le fait d’apprendre ensemble est une liberté, sachant que l’évaluation des écoles et des EPLE a vocation à favoriser la formation collective, alors l’évaluation collective serait une liberté ? Ma foi.
Le SNALC est fort aise de constater dans le Cadre de l’Évaluation 2d degré de juin 2023 que « l’évaluation (…) contribue en premier lieu à développer l’autonomie » d’un établissement. Non seulement cette dernière n’est pas souhaitable – elle occasionnerait bien des dérives que le SNALC dénonce régulièrement – mais le raccourci qui tend à dire que l’évaluation serait à nouveau source d’émancipation se pose un peu là… surtout lorsqu’on peut lire plus loin qu’« un contrat d’objectifs » est signé qui passe par un « pilotage externe » naturellement flanqué de « priorités académiques » qui « peuvent » – accessoirement – « s’ajouter à celles retenues par l’établissement ». Si le collectif est synonyme de liberté là aussi, alors puisse un peu de pédagogie leur faire entendre raison…
In fine, tout paradoxe pouvant trouver ses solutions, n’oubliez pas de contacter le SNALC si vous sentez que votre liberté pédagogique vous échappe !
Article paru dans la revue du SNALC la Quinzaine universitaire n°1479 du 7 juillet 2023