La formation des professeurs des écoles est un sujet qui reste d’actualité et au centre de polémiques. Les aberrations de son fonctionnement reflètent d’ailleurs l’organisation kafkaïenne de notre administration. Le SNALC vous apporte des précisions.
Chaque année, le ministère de l’Éducation nationale reverse une partie conséquente du budget prévu pour les formations initiale et continue. Le montant des sommes rendues s’accroît d’année en année. Pour l’année 2023, le crédit non utilisé s’élève à plus d’un milliard d’euros, soit 62 % du budget.
La Cour des comptes pointe ce problème dans un rapport . Elle demande désormais au ministère d’être plus réaliste sur le montant des crédits demandés et de distinguer les dépenses de formation initiale de celles de formation continue. En effet, « Malgré cette sous-consommation, (…), les crédits ouverts en programmation initiale ne cessent d’augmenter. Dans ce contexte, la Cour s’interroge sur le sens de cette hausse et sur le niveau de consommation effectif observé », d’autant plus que « ce constat pose avec toujours plus d’acuité la question de la gestion de cette enveloppe budgétaire et de la place donnée à la formation continue des enseignants ».
Cette situation peut générer beaucoup d’incompréhension et de colère chez les PE habitués à se former par eux-mêmes, à recourir au système D pour pallier le manque de moyens. Elle peut également paraître absurde, voire injuste à des PE auxquels sont refusés congés de formation professionnelle et participations financières au titre du CPF. Il en est de même pour des PE ayant participé à des modules de l’école académique de la formation continue (EAFC) et rencontré des difficultés pour se faire défrayer les dépenses engagées (frais de déplacement et de repas) ou pour percevoir l’allocation allouée dans le cadre de formations suivies pendant les vacances scolaires.
Enfin, quand on lit dans le rapport de la Cour des comptes qu’« In fine, il apparait que ces crédits ne concourent pas dans leur majorité à la formation des enseignants mais sont utilisés sous forme de réserve servant à couvrir d’autres postes de dépenses, remettant en cause la sincérité de cette inscription budgétaire », le SNALC ne peut que s’interroger sur l’intérêt de créer des lignes budgétaires distinctes, si celles-ci restent mal gérées et servent à autre chose.
Au regard de la désaffection actuelle pour notre métier, le SNALC demande que la formation des personnels, initiale et continue, ainsi que le droit à la formation individuelle, soient considérés comme un sujet prioritaire, sous un angle budgétaire et qualitatif.
Article paru dans la revue Quinzaine universitaire n°1491-Ecole du 12 juillet 2024
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