Focus sur les épreuves de français et histoire-géo-EMC.
Depuis 2019, la transformation de la voie professionnelle (TVP) présente le baccalauréat professionnel comme une « voie d’excellence ». Pourtant, la réduction drastique des horaires d’enseignement – en particulier en français et en histoire-géographie-EMC – sans adaptation ni simplification des programmes compromet cet idéal. La polémique de la session 2022, lors de laquelle la méconnaissance du terme « ludique » par des candidats a suscité de vifs débats, est le premier signal d’alarme face à ce déséquilibre.
La session 2025, avec des épreuves avancées en mai, accentue ce paradoxe. Les sujets proposés restent ambitieux alors que les temps d’enseignement se réduisent encore. En français, les élèves qui avaient étudié Le parfum des fleurs la nuit, de Leïla Slimani, roman qui invite à repenser le rapport au temps et à la solitude, thème central de l’évaluation des compétences d’écriture (« Se connecter aux rythmes de la vie moderne, est-ce toujours souhaitable ? »), ont été avantagés. Beaucoup de lycéens n’auront probablement pu que survoler cette œuvre en cours. Il est en effet très difficile d’étudier une œuvre complète et de présenter aux élèves, même brièvement comme préconisé par le corps d’inspection, les cinq autres œuvres inscrites au programme limitatif. En histoire, le traitement du sujet sur la guerre froide, à peine effleuré par manque de temps, empêche une analyse sérieuse ; et la même difficulté se retrouve en géographie et EMC.
L’idéale « voie d’excellence » se heurte ainsi à une réalité contradictoire qui fragilise la crédibilité du diplôme lui-même. Alors que le Ministère évoquait « Le choc des savoirs » en lycée pro, le volume horaire de l’enseignement général n’a pas été renforcé par la dernière réforme et subit, comme celui de l’enseignement professionnel, la perte de quatre semaines de formation – hormis 10 heures supplémentaires en EMC.
Le SNALC revendique la suppression du parcours différencié en Terminale et le retour aux volumes horaires antérieurs à la TVP, pour assurer une préparation suffisante au Bac. Il est grand temps de redonner à cette filière les moyens d’offrir l’enseignement approfondi dont tout bachelier doit bénéficier.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1502 du 6 juin 2025