COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES
TABLE RONDE SUR LA RENTRÉE SCOLAIRE RÉUNISSANT DES REPRÉSENTANTS DES SYNDICATS REPRÉSENTATIFS D’ENSEIGNANTS
Mercredi 17 septembre 2025

LES VIDÉOS
PREMIER DEGRÉ
« Notre école ne va peut-être pas continuer à fonctionner sur le dos des personnels et sur la bonne volonté des personnels. »
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Bonjour Madame la Présidente, bonjour Mesdames et Messieurs les députés,
Nous avons une pensée de la part du SNALC pour notre collègue Caroline Grandjean-Paco. Rappelons que c’est une affaire qui n’est pas nouvelle, qu’il y avait déjà eu des alertes, et même de la médiatisation ; à l’arrivée, alors que la protection fonctionnelle était donnée, alors que toutes les alertes étaient faites, en arriver à ce que notre collègue se suicide nous paraît absolument nécessiter une enquête approfondie pour déterminer notamment si le soutien de l’institution a été plein et entier.
Sur la rentrée, cette rentrée n’est malheureusement pas très différente des rentrées des années précédentes.
Le problème d’attractivité est toujours le même, nous avons toujours des manques au concours, dans le premier degré, dans les académies déficitaires – maintenant structurellement – que sont Versailles, Créteil, la Guyane ou Mayotte, pour des raisons qui ne sont pas non plus toujours les mêmes ; néanmoins, ces difficultés se sont installées dans la durée. Vous allez avoir à voter un budget. Budgéter, à un moment, c’est choisir. Nous, au SNALC, nous pensons qu’il faut choisir l’école de la République qui, contrairement à ce qu’on peut entendre, n’a pas été privilégiée, et cela s’en ressent sur les conditions de travail des professeurs des écoles.
Je voudrais vous rappeler quelques chiffres du ministère de l’éducation nationale. Alors que les professeurs des écoles sont ceux qui ont le plus l’impression de faire quelque chose d’utile, d’avoir le sentiment que leur travail a du sens et de la valeur dans l’éducation nationale, ils sont aussi ceux qui ont le moins le sentiment que leur métier est valorisé dans la société (2,5/10 d’après l’échelle du ministère de l’éducation nationale, et 3,2/10 sur la satisfaction sur le niveau de rémunération).
Vous allez me dire, l’argent on en manque… Néanmoins, est-ce qu’on utilise celui qu’on a de la meilleure des façons possibles ?
J’en viens à la formation initiale, par exemple. On a beaucoup de politiques pour essayer d’attirer de nouvelles personnes. Nous allons avoir une formation – qui d’ailleurs, sur le premier degré, n’est pas forcément mauvaise, et nous on n’avait pas de soucis avec le changement de place du concours par exemple – mais on se préoccupe très peu de garder les agents qu’on a déjà.
La ministre démissionnaires Borne a bien signalé qu’il y avait un souci de milieu de carrière, je ne crois pas qu’elle ait fait quoi que ce soit pour le résoudre ; et quand bien même elle aurait essayé de le faire, les arbitrages budgétaires ne l’ont pas permis. À un moment il faut bien se rendre compte que les personnels de l’éducation nationale ont envie de partir et que la satisfaction de faire quelque chose d’utile n’est pas un moteur suffisant pour les faire rester. Ils ont pris conscience qu’ils ont des compétences qui peuvent être aussi utiles ailleurs dans la société. Donc il va falloir véritablement avoir une prise de conscience collective sur le fait que notre école ne va peut-être pas continuer à fonctionner sur le dos des personnels et sur la bonne volonté des personnels.
Sur l’école inclusive, nous avons un vrai souci avec les pôles d’appui à la scolarité (PAS). On avait un souci avec les PIAL aussi, mais celui-là est qu’il y a notamment la disparition d’un mot qui nous paraissait pourtant un mot très important dans la politique de l’école inclusive, c’est le mot handicap. Nous sommes en train de glisser d’une politique à destination des élèves en situation de handicap vers une politique à destination des élèves à besoin éducatif particulier, notion très floue qui pour le moment, c’est un mot qui pour nous recouvre 100 % des élèves : chaque élève a des besoins éducatifs particuliers. Le saupoudrage qui est actuellement l’école inclusive risque d’être encore plus du saupoudrage.
Je voudrais aussi signaler qu’avant de généraliser, normalement, on doit faire le bilan des expérimentations. On a expérimenté les PAS dans 4 départements. À ce jour, pour les organisations représentatives, aucun bilan n’a été présenté par le ministère de l’Éducation nationale, mais déjà il y a la volonté de l’inscrire dans la loi, ce qui nous semble à minima étrange. Pourquoi expérimentons-nous si c’est pour ne pas s’appuyer sur les résultats des expérimentations ?
Un dernier point sur la direction d’école. Les directrices et directeurs d’école sont absolument surchargés. Le SNALC a demandé depuis très longtemps que des personnels administratifs puissent venir en soutien au directeur d’école. Il y a aussi la question parfois de l’accueil, le fait d’avoir des personnes à l’entrée des écoles. Les écoles sont souvent des passoires, très clairement, puisqu’une fois que les personnels sont en classe, il n’y a absolument personne pour voir ce qui s’y passe. La loi Rilhac, de ce point de vue-là, n’a strictement rien résolu. Les directrices et les directeurs d’école tirent la sonnette d’alarme.
Je vous remercie.
« On se rend compte que les collègues ont été livrés, lâchés au chien, pour dire les choses clairement. C’est valable pour notre collègue dans le Cantal. C’était valable pour Samuel Paty. »
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J’aimerais répondre à la question sur l’autorité et les savoirs, qui n’est pas un sujet tabou pour le SNALC. Bien sûr que les savoirs sont au cœur des missions de l’école. On ne l’évoque même pas. Mais l’autorité de l’enseignant, ou des enseignants, ce n’est pas une question de bonne volonté ou de charisme, même si ça peut jouer. Ça se fonde d’abord sur la compétence de l’enseignant et ça se fonde aussi sur le soutien de l’institution. Et pour dire un gros mot : sur la nation. On parle souvent de l’école de la IIIe République. C’est aussi l’école où les enseignants sont soutenus et mis en avant. Tous les cas qu’on évoque depuis quelques années, pour nous, on est dans le pâle, vague. Face à des remises en cause, soit des contenus d’enseignement, soit de comportement, soit de la laïcité, soit des principes de base ou des lois de la République, quand un enseignant essaie de faire respecter les règles, ou un inspecteur ou un chef d’établissement, on a souvent une institution qui non seulement ne défend pas le collègue, mais aussi qui noie le problème et qui retourne l’accusation en disant que c’est de la faute de l’enseignant. « C’est vous » : au niveau pédagogique, vous n’avez pas fait ce qu’il fallait. Ou vous, monsieur le proviseur, vous êtes quelqu’un d’un peu rigide. Ou vous, monsieur le directeur, vous êtes un peu pénible, vous n’êtes pas sympa avec les parents d’élèves… Ce processus de soutien de l’institution, il est totalement défaillant. On a parlé de protection fonctionnelle. On a des lanceurs d’alerte qui sont systématiquement cassés dans l’éducation nationale. Le #pasdevague est toujours là. Les atteintes à la laïcité, il y en a eu plus de 2 000 le jour de l’hommage à Samuel Paty. La plupart ont été étouffées. Donc nous qui sommes enseignants, nous ne sommes pas des surhommes ou des sur femmes. On ne peut pas tout régler. On voit que toute la société tape sur l’école, on demande énormément de choses à l’école en disant que si ça va mal, c’est toujours de la faute des enseignants. Dès lors, les enseignants ont effectivement moins de poids et moins d’autorité, pour le coup, pour faire leur travail, aussi bien transmettre les connaissances que les valeurs et les principes de la République. C’est quelque chose qu’il faut rappeler parce qu’on a un certain nombre de drames qui se répètent maintenant. Et quand on creuse à la surface des choses, on se rend compte que les collègues ont été livrés, lâchés au chien, pour dire les choses clairement. C’est valable pour notre collègue dans le Cantal. C’était valable pour Samuel Paty. On a parfois des signaux d’alerte extrêmement graves et on dit aux enseignants, c’est peut-être vous qu’ils n’allez pas vous y prendre. Et oui, avant, c’était mieux. Mais l’enseignant ne peut rien faire s’il n’a pas le soutien de l’institution. Et si l’institution est organisée pour noyer le poisson, effectivement, en termes d’autorité, on ne pourra pas faire de miracle, pas plus que sur d’autres sujets. Je vous remercie.
« Parmi les fonctionnaires de catégorie A de la fonction publique d’État, les enseignants sont payés 1 000 euros de moins par mois que les autres fonctionnaires de catégorie A. Voilà, il est là, le déficit d’attractivité. »
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Moi aussi, je me désole qu’on parle autant RH plutôt que de parler pédagogie. Pourtant, si j’ai commencé à faire un engagement syndical, c’était parce que ce qui m’intéressait, c’était les questions pédagogiques. Mais aujourd’hui, les questions pédagogiques sont passées très clairement au second plan, parce que les questions RH sont tellement vitales que, si on ne les résout pas, on n’a pas la capacité à parler pédagogie. On est en train d’essayer de parler pédagogie avec des gens qu’on balance devant les élèves du lundi au vendredi, sans formation, par exemple. La question RH est quand même préexistante, malheureusement, à la question pédagogique. Et j’espère qu’on se retrouvera une année où nous pourrons parler pédagogie parce que le jour où on pourra parler pédagogie, ça voudra dire que ça ira beaucoup mieux dans l’éducation nationale et qu’on pourra enfin s’intéresser de manière approfondie à ces sujets.
Sur la question de l’argent et de la revalorisation, j’étais présent, je suis au courant de ce qui s’est passé chaque année en termes de mesures. J’en ai d’ailleurs parlé. J’ai dit qu’on s’est pas mal intéressés aux débuts de carrière. Mais on n’a pas fait une revalorisation de la profession. On a fait des mesures ponctuelles sur certains niveaux, sur certains âges, sur certains échelons et qui, pour une grande partie des collègues, n’ont effectivement pas amélioré le pouvoir d’achat. Pour une grande partie des collègues, ça continue à le dégrader. Je veux rappeler un chiffre du rapport de la fonction publique qui considère que les enseignants sont tellement à part qu’il leur consacre une ligne spécifique. Parmi les fonctionnaires de catégorie A de la fonction publique d’État, les enseignants sont payés 1 000 euros de moins par mois que les autres fonctionnaires de catégorie A. Voilà, il est là, le déficit d’attractivité. 1 000 euros par mois, c’est le rapport de la fonction publique, catégorie A enseignant / catégorie A non enseignant. Si on ne résout pas ça, je veux bien qu’on parle de plein de trucs, je veux bien qu’on parle de la convention citoyenne : 4 millions d’euros, la convention citoyenne, sur le rythme de l’enfant, alors que le bateau est en train de couler pour savoir si le dîner est trop long… Je veux bien qu’on parle de l’intelligence artificielle : 20 millions d’euros pour créer une intelligence artificielle « éducation nationale », 20 millions d’euros ! Alors effectivement, on a besoin d’investissements dans l’école. Mais il y a peut-être aussi des marges au sein du budget qui pourraient être redéployées sur des choses plus utiles que de créer un nouveau truc numérique. On a quand même une certaine expérience dans l’éducation nationale, des projets numériques qui ont coûté beaucoup d’argent et qui n’ont rien donné.
« Budgéter, à un moment, c’est choisir. Nous, au SNALC, nous pensons qu’il faut choisir l’école de la République qui, contrairement à ce qu’on peut entendre, n’a pas été privilégiée, et cela s’en ressent sur les conditions de travail des professeurs des écoles. »
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Pour le SNALC, on a choisi une question pour pouvoir la développer, qui est celle des devoirs écrits. Les devoirs écrits ont effectivement, par circulaire, été interdits, sachez-le, en 56, en 58, en 64, en 71, en 94, et par lettre ministérielle, encore en 95. Et je pense qu’il y en a encore, là je cite depuis le rapport de l’inspection générale de 2008, donc entre 2008 et 2025, ce n’est pas interdit qu’il y ait encore eu des recommandations. Il y en a eu, notamment avec la loi Blanquer.
En fait, le fait qu’on ait eu besoin d’autant les interdire, ça dit quelque chose. Ça dit que c’est compliqué. Alors déjà, on est bien d’accord qu’on parle des devoirs écrits, donc oui, les leçons, apprendre une poésie ou quelque chose comme ça, c’est tout à fait autorisé – mais même là, il y a un flou. Et dans les arguments, c’est effectivement l’argument prioritaire : les conditions de capacité à faire des devoirs pour les élèves à la maison. Il y a aussi l’idée qu’il faut travailler à l’école, etc. Mais il ne faut pas non plus voiler la face : suivant les familles, certaines vont faire travailler leurs enfants à la maison aussi. On ne va donc pas régler les inégalités par l’interdiction des devoirs si on ne met pas des choses en place à l’école pour accompagner aussi les élèves. Parce que, y compris à l’école primaire, mais on en parlera peut-être cet après-midi pour celles et ceux qui seront là, les cours particuliers, c’est un marché absolument juteux. Partant de là, les inégalités existent. Nous, ce qu’on veut quand même rappeler, c’est que l’école ne va pas les résoudre miraculeusement d’un coup de baguette magique, par l’interdiction ou non.
Cette question des devoirs peut être un point extrêmement sensible et voire parfois polémique auprès des parents. C’est la situation très compliquée des enseignants. Certains parents veulent des devoirs, certains parents ne veulent pas de devoirs. Que fait le prof ?
SECOND DEGRÉ
« On nous a beaucoup parlé de l’école de la confiance. Et ce qui nous remonte des personnels du second degré, c’est qu’on ne nous fait absolument pas confiance. »
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Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, bonjour, ou re bonjour.
Je ne vais pas revenir sur certains points de ce matin, mais qui concernent tout autant le second degré que le premier degré, la question de l’attractivité. Cette question de l’attractivité se pose même d’ailleurs depuis plus longtemps, dans le second degré.
La question de l’école inclusive et de ce que, nous, on appelle l’inclusion au rabais des élèves se pose de plus en plus massivement dans les collèges prioritairement, mais aussi énormément dans les lycées professionnels. C’est un point dont les collègues nous parlent de plus en plus.
Quant aux postes au concours, on sait que certaines disciplines sont maintenant structurellement sinistrées, les lettres, les mathématiques, l’allemand. Et certaines viennent chaque année s’ajouter ; on se rend compte qu’on a de plus en plus de mal à vouloir devenir enseignant, quand bien même des choses sont tentées pour changer la place du concours, tenter des petites revalorisations salariales. On voit qu’on est quand même très loin du compte sur un métier qui aujourd’hui n’attire plus.
Je voudrais, au nom du SNALC, revenir sur une formule qu’un précédent ministre utilisait beaucoup et qui nous semble nécessaire de réanimer ici, la formule d’école de la confiance. On nous a beaucoup parlé de l’école de la confiance. Et ce qui nous remonte des personnels du second degré, c’est qu’on ne nous fait absolument pas confiance. On n’a absolument aucune confiance dans nos compétences professionnelles.
On n’a, exemple récent, aucune confiance dans notre capacité à évaluer nos élèves au lycée général et technologique. Puisqu’on nous sort une note de service de rentrée qui n’a été même pas discutée, ni même évoquée avec l’ensemble des organisations syndicales représentatives, avec les représentants des personnels qui sont supposés la mettre en œuvre. Cette note de service est censée nous expliquer qu’il faut évaluer comme ci et plus comme ça, qu’il y a des évaluations comme ci et des évaluations comme ça. Que pour certaines, il faut mettre coefficient zéro et pour d’autres, non. Et que tout ça va permettre aux élèves d’être moins stressés, puisque c’est bien connu, s’il y a moins d’évaluations qui comptent, ces évaluations-là ne vont pas plus les stresser. Ça n’a aucun sens. Mais ça arrive peut-être parce qu’il fallait dire quelque chose, je ne sais pas, peut-être parce que quelqu’un a eu une idée dans un bureau de la DGESCO à un moment… alors voilà, on est en train de redésorganiser le baccalauréat général et technologique qui n’avait vraiment pas besoin de ça. Puisque depuis qu’il a été mis en place ce nouveau bac, je rappelle qu’il y a à peu près un nouveau bac par an. Nous vivons chaque année un renouvellement du baccalauréat et du fonctionnement du baccalauréat. Alors cette année, on va avoir une épreuve de mathématiques. Ça fait quand même plus d’un an qu’au SNALC on alerte sur le fait qu’on n’a peut-être pas les correcteurs pour corriger l’épreuve commune de mathématiques, les épreuves de spécialité et être jury du grand oral. Moi, qui suis professeur de lettres, je sais qu’on manque de professeurs de lettres pour faire tout ça. Donc pour les professeurs de mathématiques, ça risque d’être le même problème. Si on veut montrer qu’on ne fait pas confiance aux personnels de l’éducation nationale, il faut continuer à faire ça : il faut continuer à balancer des directives qui viennent contredire les directives précédentes. Et réformer la réforme de la réforme de la réforme… parce que visiblement, on n’a pas dû bien la comprendre la première fois et qu’il faut nous la présenter différemment.
Sur la voie professionnelle, vous avez parlé, Madame la Présidente, du fameux Y. Je voudrais juste vous donner un chiffre qui vient d’une très sympathique académie. Sur la partie d’enseignement renforcé pour les élèves qui n’iraient pas en stage, en entreprise, dans une académie, le chiffre d’absentéisme est de 90 %. Mais ce n’est pas grave, on maintient le Y cette année, même si on le réduit à 4 semaines. Au moins, ils ne seront absents que 4 semaines au lieu d’être absents 6 semaines. Une fois encore, les organisations syndicales, je crois assez nombreuses, dont le SNALC, avaient signalé ces problèmes-là, très en amont. Visiblement, on ne leur a pas fait confiance.
Un point sur la formation initiale. On a un souci spécifique sur le second degré. C’est que le master ad hoc éducation est forcément un master éducation dans le process de formation. Et qu’on ne peut plus faire des masters de recherche disciplinaire pour devenir enseignant dans le processus normal. Ça va quand même vider les viviers de thèse assez rapidement. Il faut s’en rendre compte.
En conclusion, pour les personnels du second degré [ …]. Nous n’avons plus de médecins, je tiens à vous le dire. Je pense qu’on peut quand même se mettre d’accord là-dessus, par exemple. En ont assez des dispositifs, des machins, des trucs qui changent, etc. À un moment, on ne s’occupe pas de la crise d’attractivité. On ne s’occupe pas du fait que les personnels de l’éducation nationale n’y arrivent plus et savent qu’ils n’y arrivent plus. Et ce n’est pas en changeant tous les programmes de l’école et du collège, qu’on va y changer quoi que ce soit. On va juste ajouter des tâches supplémentaires, de l’instabilité supplémentaire. Et pendant ce temps-là, on cherchera de plus en plus de contractuels qui ne sont toujours pas mieux formés qu’avant. Et on les balancera devant les élèves en priant si on est religieux, ou en croisant les doigts si on est laïque.
Je vous remercie.
« Il n’y a plus de formation continue dans le second degré. La formation continue est quasi exclusivement à distance. Elle se fait le mercredi après-midi ou après les cours en visio. Je voudrais savoir dans quel autre métier on propose, après la journée de travail, une formation continue de 5 à 6. »
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TRANSCRIPTION
Je ne vais pas revenir sur la question du budget. Je crois que ça a été abondamment illustré, notamment par une brillante professeure de sciences économiques et sociales. Le professeur de lettres que je suis ne va pas tenter l’exercice, mais nous arrivons aux mêmes conclusions. Simplement je rappelle qu’il y a des postes budgétaires qui n’existaient pas forcément et qui viennent s’ajouter.
On a bien compris que l’acte 2 de l’école inclusive, c’était pour nous apprendre à nous passer des AESH qui, même s’ils et surtout elles, sont très mal payés, sont aujourd’hui 140 000. Les AESH, on n’en avait pas 140 000 il y a 15 ans. Donc il y a aussi une évolution de l’éducation nationale qui demande parfois des nouvelles catégories de personnel pour prendre en compte ce que l’école ne faisait pas forcément. Et on le fait visiblement en euros constants, voire avec une baisse. Donc autant se dire que ça ne marche pas très bien.
Je vais en profiter pour parler un petit peu de pédagogie, puisque ce matin, on nous disait que peut-être on n’en parlait pas assez.
Concernant le passage de trois spécialités à deux spécialités, le SNALC s’y est opposé dès le début, dans la réforme du lycée général. C’est une mise en concurrence absolument délétère des enseignants et des enseignements, avec en plus une vision extrêmement floue de « à quoi ça sert » pour parcours sup et pour la suite. Vaut-il mieux arrêter l’histoire-géographie ou la littérature et la philosophie si l’on veut faire des études de droit ? Déjà, comme on ne connaît pas les critères de recrutement de la fac de droit de Machin ou de la fac de droit de Bidule, autant vous dire qu’on n’est pas avancés pour conseiller nos élèves là-dessus. C’est délétère. Des élèves passent une année entière de seconde à se dire je veux faire ça, ça et ça, pour que dès le début de la première, ils se demandent je vais arrêter laquelle des trois ? (Sauf si c’est les maths, parce que la spé maths, on peut la continuer en terminale à trois heures par semaine, ce qui n’est pas beaucoup, mais qui est déjà ça, les autres disciplines ne peuvent pas en dire autant). Il faut arrêter de mettre en concurrence les personnels et les enseignements entre eux au sein du lycée sur la première et la terminale, qui est d’ailleurs censé être un cycle global.
Un point sur l’intelligence artificielle et le téléphone portable. L’intelligence artificielle, il faut effectivement y former, j’y viens dans mon point formation continue, mais aujourd’hui, nous sommes confrontés à une utilisation massive de l’intelligence artificielle. Un domaine dont nous n’avons pas parlé, c’est le CNED, que vous connaissez, puisqu’on y a beaucoup eu recours lors de la Covid. Nos collègues du CNED nous signalent qu’ils estiment entre 80 et 90 % les copies qui ont été faites, pour toute ou partie, par l’intelligence artificielle. Il y a un vrai souci d’intelligence artificielle, qui n’est pas que dans le CNED. Il faut peut-être repenser certaines des épreuves de notre bien-aimé baccalauréat. L’épreuve du grand oral, préparée à la maison, est-elle véritablement aujourd’hui pertinente au vu des évolutions technologiques ? La deuxième partie de l’oral de français, où l’élève présente un livre qu’il est censé avoir lu et fait une présentation, est-elle particulièrement pertinente aujourd’hui, surtout quand parfois l’élève n’a pas lu le livre – et l’examinateur non plus, vu qu’il y a 40 livres possibles, autant vous dire que le jeu de poker menteur est assez intéressant.
Sur la formation continue, je vais le dire très clairement : il n’y a plus de formation continue dans le second degré. La formation continue est quasi exclusivement à distance. Elle se fait le mercredi après-midi ou après les cours en visio. Je voudrais savoir dans quel autre métier on propose, après la journée de travail, une formation continue de 5 à 6. Et puis de toute façon, même quand on nous dit qu’elle est obligatoire, moi, qui suis dans l’académie de Versailles, ma formation obligatoire sur la laïcité, je l’attends toujours.
« Dès qu’une AESH se trouve en arrêt maladie de longue durée, elle se retrouve à devoir au bout de quelque temps rembourser jusqu’à 6 000 €, juste parce qu’il n’y a pas de subrogation pour ces personnels-là. Ça, c’est extrêmement grave, ça met des gens dans une difficulté immense. »
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Sur la formation initiale. En préambule, on peut se dire que rien n’est calé, qu’on ne sait pas qui va faire quoi et qu’on n’a aucune maquette finalisée. Ceci étant dit, le SNALC avait toujours dit qu’il était favorable à un passage à bac plus 3, si on avait une formation disciplinaire solide. Je ne reviens pas sur ce qui a été dit à propos de la formation en licence et de la réduction du nombre d’heures, mais le concours et le master ne vont pas améliorer les choses. Concernant le master, la DGESCO nous avait vendu un master avec 60 % de disciplinaire. Quand on regarde en réalité les contenus, dans le disciplinaire, il y a aussi de la didactique ; le côté disciplinaire purement scientifique n’est pas là, ou alors n’atteint pas ce qui nous intéresserait, surtout si on veut une formation qui soit scientifiquement élevée. Donc nous ne sommes vraiment pas intéressés par ce qui nous est proposé.
En parlant des AESH, dont Jean-Rémi a déjà touché un mot, on nous demande comment faire mieux : déjà, évidemment, avec création d’un statut, d’un statut de fonctionnaire, ça c’est une certitude. Deuxième chose, on va mettre en place les PAS. À l’heure actuelle, une AESH parle avec le directeur d’école, le chef d’établissement, les IEN, la cohorte de PIAL, voire les SIG AESH… et on va donc ajouter des intervenants dans le médico-social, on va déplacer les missions des AESH pour passer de l’accompagnement d’élèves en situation de handicap à l’accompagnement d’élèves à besoins particuliers, donc on va élargir leur champ d’intervention sans leur donner plus de moyens.
Enfin, la question de l’absence de subrogation pour ces personnels-là : dès qu’une AESH se trouve en arrêt maladie de longue durée, elle se retrouve à devoir au bout de quelque temps rembourser jusqu’à 6 000 €, juste parce qu’il n’y a pas de subrogation pour ces personnels-là. Ça, c’est extrêmement grave, ça met des gens dans une difficulté immense.
« Les évolutions des référentiels bac pro ces dernières années n’ont pas aidé, parce qu’elles ne permettent pas de donner aux élèves un bagage qui leur permette d’avoir assez de confiance pour aller dans un BTS. »
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Sur la question des bacs pro, je voulais ajouter que les évolutions des référentiels bac pro ces dernières années n’ont pas aidé, parce qu’elles ne permettent pas de donner aux élèves un bagage qui leur permette d’avoir assez de confiance pour aller dans un BTS. Il y aura aussi un travail à faire sur les référentiels des BTS industriels mais vu ce qui a été fait sur les référentiels bac pro, on n’est pas trop en attente non plus…
