L’édito du président
Jean-Rémi GIRARD
Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1502 – école du 6 juin 2025
Le SNALC défend la spécificité et la richesse du métier de professeur des écoles, fondées sur un statut et un recrutement en catégorie A niveau bac+5. Représenter l’État, ce n’est pas rien. Se voir investi d’une part de son autorité non plus. Force est de constater que l’État n’entretient plus cette vision de notre système scolaire, qui fait sa grandeur et garantit la transmission des savoirs sur l’ensemble du territoire.
Nous devenons chaque jour moins grands, moins respectés. L’infantilisation tourne à plein régime. Catégorie A, bac+5, et l’on vous considère comme incapables de la moindre autonomie ou de la plus petite prise de décision. Dans d’autres ministères, vous seriez des cadres supérieurs, payés 1 000 € mensuels supplémentaires. Mais à l’Éducation nationale, vous êtes là pour être encadrés, conseillés, forcés, menacés et, surtout, méprisés.
Dernier exemple en date, les programmes de français et de mathématiques. Vous voilà corsetés par des tableaux vous enjoignant de faire telle activité sur telle durée et à telle fréquence. Vous voilà contraints par une liste de « points de vigilance » qui garantit que votre rendez-vous de carrière se passera mal si l’on veut qu’il se passe mal. Car répondre à la somme des injonctions, c’est mission impossible.
Il en va de même sur la politique de l’école inclusive, dont vous êtes les boucs émissaires. Dans de nombreuses académies, nous en sommes à plus de 80 % des fiches santé et sécurité au travail des PE qui concernent l’inclusion scolaire au rabais que vous subissez. Mais l’institution parvient quand même à faire passer le message que les responsables de l’échec, c’est vous. Alors même que vous assurez une charge supplémentaire, non rémunérée, remplie d’injonctions contradictoires. Alors même que vous faites aux mieux au milieu des préconisations impossibles à mettre en œuvre et d’un accompagnement humain qui se réduit comme peau de chagrin.
Et que dire de la gestion des absences de collègues ? Faute de remplaçants, car le plus beau métier du monde ne l’est plus depuis bien longtemps, vous êtes la variable d’ajustement, et vous accueillez dans des locaux inadaptés des élèves surnuméraires sans, là encore, aucune reconnaissance.
Pour le SNALC, cette vision purement comptable, inhumaine et à courte vue est en train de détruire l’École. L’École, ce sont des professionnels. Des personnes qui savent ce qu’elles font parce qu’elles sont en maîtrise, et qui sont reconnues comme telles par vos inspecteurs comme par les mairies. À nier vos conditions de travail, à mettre la poussière sous le tapis, à vous rendre coupables de son propre échec, l’État semble vouloir postuler au titre de pire employeur de France. Sauf que les conséquences, c’est vous qui les subissez de plein fouet.
Le SNALC continuera de défendre votre métier, car c’est réellement un beau métier. Et il continuera tout autant son travail auprès de la représentation nationale et des médias pour que les choses changent. Car un beau métier, c’est un métier bien payé et exercé dans de bonnes conditions de travail. Tout le contraire de la politique menée au ministère depuis belle lurette. Que dis-je la politique ? La gestion. Car il y a bien longtemps qu’à part le SNALC, tout le monde s’est désintéressé de la fonction première de l’École. Et du respect que l’on doit à celles et ceux qui l’incarnent, loin d’une infantilisation au quotidien que nous combattrons ensemble.