La Suède, le Danemark et la Norvège ont le même point de vue que le SNALC sur le numérique ! À quand le même choix en France ?
La Suède, le Danemark et la Norvège avaient décidé de la numérisation complète des écoles il y a un peu plus de dix ans. Au revoir les tableaux, les manuels ou les exercices écrits… À titre d’exemple, un élève suédois ne commençait à écrire avec un stylo que vers sept ans. Ces trois pays ont fait volte-face en 2023, estimant être allés trop loin.
Selon le classement PIRLS 2021, le taux d’élèves suédois ayant des difficultés de lecture s’était accentué. Le gouvernement suédois a alors opté pour un investissement conséquent dans l’achat de manuels scolaires.
Le ministre de l’Éducation nationale danoise est allé jusqu’à s’excuser auprès de toute une génération de « cobayes » et a annoncé en juin 2023 l’interdiction du recours aux écrans pour les enfants âgés de moins de six ans dans les établissements préscolaires. Le premier ministre norvégien quant à lui a évoqué une « numérisation aveugle». Tous ont constaté des effets délétères sur les résultats scolaires.
Dans un rapport publié en juillet 2023 (2), l’UNESCO a lancé aussi un avertissement contre l’usage massif des technologies dans l’éducation, rappelant entre autres que la technologie doit être un soutien dans les apprentissages et non supplanter les interactions humaines.
Le SNALC rappelle les bases : la pédagogie, ce n’est pas uniquement des « innovations pédagogiques », mais aussi un personnel bien formé, qui bénéficie de la confiance et la considération de chacun. Dans notre administration, le mot « innovation » est souvent un paravent pour dire « faites mieux avec moins ». Un bon début serait une formation continue digne de ce nom et une rémunération qui ne se situe pas en bas de l’échelle des catégories A de la fonction publique. Le numérique n’est qu’un outil parmi d’autres à disposition des enseignants, pas une recette miracle.
Le SNALC ne s’oppose pas à l’enseignement du numérique, essentiel dans une société moderne. Le SNALC, en revanche, pose un veto ferme contre l’enseignement par le numérique à tout prix, dont les effets bénéfiques ne sont pas démontrés et dont les sommes en jeu laissent deviner un lobbying intense.(1)
(1) https://snalc.fr/etre-tres-prudent-avec-lenseignement-par-le-numerique/
Article publié dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1496 – École du 20 décembre 2024