Le mot autorité a bien des sens et bien des adversaires. Étonnamment, ce mot appartient à la même famille que le mot auteur. Son origine latine a une signification précise : c’est le garant mais aussi l’instigateur, celui qui en étant à l’origine d’un savoir est capable d’en garantir la valeur, donc d’être à l’origine d’un mouvement ou d’une action intellectuels.
Mais quel rapport avec le professeur dans sa classe ? C’est justement la clef de notre métier. Le SNALC revendique le sens plein de ces racines parfois oubliées car elles éclairent d’un jour lumineux ce qui se passe dans la classe, ce qui permet à un professeur d’y passer sa journée et lui donne l’envie d’y revenir chaque jour.
Pour que les élèves nous écoutent, il faut être un expert de sa discipline. Notre quotidien, c’est de tenir ces rênes invisibles qui permettent au groupe la concentration et d’éviter à ces chevaux fougueux de se dissiper. C’est en étant un spécialiste de haut niveau des savoirs et en ayant étudié dans le détail les complexités d’un sujet qu’on trouve les ressources pour répondre aux questions improvisées, guider les apprentissages, concevoir des enseignements de qualité. Une autorité qui n’est pas fondée sur du savoir n’est qu’une revendication narcissique, et qui suscite des rébellions narcissiques.
La transmission des connaissances se fonde sur cette étymologie. Qui n’a pas les bases, et pour parler sans détour, qui n’a pas le niveau ne peut tenir ses classes. Le SNALC dénonce les imposteurs qui veulent faire croire qu’un professeur biberonné aux sciences de l’éducation s’en sortira face à ses élèves. Si la formation des professeurs doit intégrer des gestes professionnels, elle doit surtout réaffirmer qu’un spécialiste de son domaine est le seul qui paraîtra légitime aux yeux des élèves. Les nouveaux professeurs doivent aussi en être convaincus.
Pour le SNALC, les disciplines ne sont ni une entrave ni un problème dans le système éducatif français. On n’a pas à s’excuser d’apporter du savoir à un enfant.
Nos savoirs constituent à la fois ce qui fonde notre autorité en classe, mais aussi le cœur de notre profession. Les réformes conçues sans prendre en compte cet élément fondamental sont vouées à l’échec, car elles sapent l’autorité des enseignants en niant leur expertise professionnelle.
Comme quoi, être le garant d’un savoir dérange bien plus nos dirigeants que nos élèves qui, eux, savent reconnaître les qualités d’un maître.