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À la fin de l’école primaire, rattrapons le retard accumulé

© 237-pxhere.com

Notre ministre tente d’écoper à la petite cuillère une Éducation nationale à la coque percée. Début 2023, est-ce le moment de faire plus de ce qui ne marche pas, de nouvelles évaluations en tête ? Ou faut-il revenir aux recettes qui ont fait leurs preuves, les fondamentaux ? Le SNALC fait le point sur les pistes envisagées. 

 

Au collège, rien ne va plus

 

Au collège, le SNALC a constaté de longue date que les lacunes – pardon, les compétences en creux – s’accumulent et se sont installées de façon pérenne. Les évaluations nationales le confirment : à l’entrée au collège, 27 % des élèves ont des lacunes conséquentes en français et 32 % en mathématiques.  S’il n’est pas impossible, sur le papier du moins, de rattraper une partie du retard, force est de constater que l’apprentissage de la lecture en 6ème, 5ème, 4ème , etc. n’est plus guère possible dans les faits. Le coche est loupé et si toute l’énergie est consacrée à ce faire, c’est au détriment de ce qui doit être travaillé au collège. Cela n’aurait pas été compliqué de s’y prendre avant, à l’école primaire. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? 

 

Voyons, mais on n’a pas le temps ! 

 

Le constat est alarmant : 27,5 % des élèves font plus de 25 erreurs sur un court texte d’une dizaine de lignes. L’évolution parle d’elle-même : 10,7 fautes en moyenne en 87, 14,7 en 2007, 18 en 2015 et 19,4 fautes en 2021. En cause, des emplois du temps qui, depuis des années, voire maintenant des décennies, sont remplis ad nauseam de nouveaux apprentissages toujours plus éloignés des fondamentaux.

En effet, le lire-écrire-compter a été malmené plus d’une fois au profit de savoirs et de savoir-faire que les parents laissent à l’école. Et délaissent tout court : sécurité routière pour ne plus se faire écraser en traversant, natation pour éviter la noyade sans surveillance, utilisation d’un ordinateur ou une tablette pour faire encore plus de temps devant écran… La liste est longue.

Principe des vases communicants, français et mathématiques ont été rognés progressivement. Corollaire: les élèves les plus en difficulté et les plus en demande collectionnent des lacunes qui les conduisent à trébucher au collège, les béquilles fournies durant tout le primaire (règles de grammaire ou de conjugaison affichées au mur et consultables à tous moments…) leur ayant été retirées. 

 

Les idées ressorties du placard

 

Notre précédent ministre avait jugé que si le lire-écrire-compter faisait défaut, il fallait faire travailler les maths et le français aux… professeurs des écoles plutôt qu’aux élèves. Merci les plans français et maths. 

Notre nouveau ministre, lui, pense que les pistes à explorer seront « relatives à des choses classiques, à la dictée, à la conjugaison » pour les CM1 et CM2. Les enseignants de ces classes recevront par conséquent des recommandations pédagogiques dès le début de cette année civile, sans attendre la rentrée 2023. Seront préconisées la pratique régulière de la dictée et de la rédaction ou la régularité du calcul mental ; à savoir écrire et lire deux heures par jour minimum ainsi que lire deux textes longs d’au moins 1000 mots par semaine. Le but est d’augmenter la cadence de lecture de 90 mots par minute en CM1 à 120 mots à la fin du CM2 (un élève sur deux seulement en est capable en 6ème).

Les fondamentaux qui ont fait leurs preuves mais sont tombés en désuétude aux yeux des uns et en disgrâce aux yeux des autres, sont mis en avant comme étant l’idée du siècle : le ministre devient avant-gardiste avec des recettes de grand-mère. Si seulement les fondamentaux n’avaient pas été ringardisés à dessein, on n’en serait probablement pas à ce stade…

 

Revers de la médaille, et non des moindres, à partir de la rentrée 2023, les élèves de CM1 passeront des évaluations nationales en français et en mathématiques. Officiellement pour donner des repères aux enseignants, officieusement pour récolter les indicateurs nécessaires à l’outil de communication médiatique du « ministère de l’Observatoire » … enfin, de « l’Éducation nationale », voulais-je dire.