Serions-nous à nouveau en train de changer de mode dans l’Éducation nationale ? Après la bienveillance, tant rabâchée, il semblerait que « l’innovation » soit devenue la nouvelle reine des communiqués et injonctions hiérarchiques.
Vous n’en avez pas encore entendu parler ? Pourtant, des rectorats, comme à Reims, mettent en place des journées académiques de l’innovation pour « installer les Bonheurs à l’Ecole » (sic), quand ils ne participent pas, comme une entreprise commerciale, à des foires pour présenter « des innovations pédagogiques » aux visiteurs.
Récemment, lors de réunions de rentrée, des recteurs ont demandé « un changement de philosophie et de méthode » donc d’innover, avec, soyons rassurés, un « droit à l’erreur ». L’innovation est donc le mot d’ordre actuel pour briller aux yeux de sa hiérarchie, alors créons, innovons, transformons…tartempions! Cette nouvelle ritournelle ne doit pas vous faire culpabiliser. Rappelez-vous que vous êtes déjà au coeur de l’innovation, au quotidien :
- vous innovez en faisant cours par-ci par-làà des classes en attente de professeurs ; en vous demandant dans combien d’établissements vous serez finalement affectés à la rentrée (1, 2, ou 3 ?) ;
- vous créez lorsque vous faites du sur mesurepour tous les PAP, PPRE et PPS de vos classes ;
- vous expérimentez chaque semaine pourtenter de faire progresser vos classes, malgré un temps pédagogique rogné par l’accumulation des réunions et autres paperasses;
- vous inventez chaque cours puisque chaque classe est différente et qu’une même classe n’est pas la même entre le lundi matin et le vendredi après-midi ;
- vous vous renouvelez régulièrement lorsque, en tant que contractuel, vous passez d’un établissement à l’autre.
Le SNALC vous invite donc à ne pas culpabiliser si vous n’êtes pas à la tête de 15 projets « innovants » par an. Il vous rappelle que vous possédez ce que l’on appelle la liberté pédagogique qui vous laisse le choix de votre méthode et de votre philosophie.
Nous vous invitons donc à relativiser ce qui n’est finalement qu’une énième mode, comme il y en a depuis tant d’années dans l’Éducation nationale.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1470 du 4 novembre 2022