Le contrôle continu fut le coup de grâce pour les enseignants de lycée. Il est synonyme de profondes transformations de l’état d’esprit et des règles déontologiques qui régissent habituellement notre quotidien, notre rapport aux élèves, aux familles et aux hiérarchies. Il participe de ces phénomènes tempétueux qui détruisent en quelques minutes un paysage globalement discipliné pour le redessiner tel un champ de bataille dont on occulte les victimes collatérales pour ne considérer que les avantageuses retombées économiques. Il s’impose sur 40% de la note finale des bacheliers : l’évaluation des profs décide donc du sort de leurs élèves !
L’on commettra une faute si l’on déroge désormais au B.O. ils invitent à rester maître du jeu – de dupes – et à l’assumer publiquement. Il faut que «l’équipe pédagogique conduise une réflexion » avec «définition de principes communs, garants de l’égalité entre candidats », « les élèves doivent accomplir les travaux qui leur sont demandés par les enseignants, se soumettre aux modalités qui leur sont imposées », « lorsque l’absence d’un élève à une évaluation est jugée par son professeur comme faisant porter un risque à la représentativité de sa moyenne, une nouvelle évaluation est organisée » : autant d’occasions de contestations par les élèves et leurs familles puisque les enseignants sont désormais tenus pour seuls responsables de la nouvelle donne. Autant d’ouvertures de parapluie hiérarchiques à venir, de sommations de filer droit, d’assumer ses notes, de les augmenter si elles sont jugées trop basses, de proposer de nouveaux travaux si certains sont considérés inadéquats par l’opinion publique, d’exposer, de désavouer, bref de ne pas soutenir pour mieux s’adapter aux éventuelles plaintes des parents.
À l’issue de ce 1er trimestre qui voit déjà poindre bon nombre de prises de tête, le SNALC réitère son engagement à vos côtés contre tout litige pédagogique !
Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1459 du 13 décembre 2021