Le « plus beau métier du monde » est un métier devenu éprouvant. Les professeurs des écoles sont submergés par des attentes toujours plus lourdes dans un système à bout de souffle qui peine à répondre aux besoins de tous.
CONSTAT
Autrefois, l’école avait pour mission essentielle de transmettre les savoirs fondamentaux. L’instituteur, libre de ses méthodes, élaborait ses propres stratégies pédagogiques et atteignait généralement l’objectif visé par les textes officiels.
Aujourd’hui, les résultats aux évaluations internationales et nationales montrent que les élèves quittent l’école élémentaire avec un niveau de connaissances et de savoir-faire insuffisant.
Confrontée aux défis du XXIᵉ siècle, l’école doit s’adapter en permanence sous la pression d’une société contestataire, exigeante et avide de résultats immédiats. À cela s’ajoutent les ambitions fluctuantes des gouvernements successifs, souvent déconnectées des réalités de l’école et des problématiques des enseignants. Depuis des décennies, les professeurs des écoles subissent des réformes incessantes, imposées sans concertation, qui bouleversent leurs pratiques pédagogiques. Entre injonctions contradictoires – individualisation de l’enseignement et standardisation des évaluations – et directives hiérarchiques multiples, ils font face à une surcharge de travail et à une instabilité constantes.
Les professeurs des écoles sont obligés de s’adapter en permanence, sans disposer du temps ni des moyens nécessaires pour les appliquer efficacement.
Cette accumulation de contraintes les épuise. Ils perdent peu à peu le sens de leur métier dans un système davantage axé sur les apparences et les chiffres que sur la qualité de l’enseignement. Les élèves en sont également affectés : toutes les enquêtes montrent que le niveau baisse, les inégalités se creusent, et l’école peine à remplir sa mission d’émancipation et d’égalité des chances.
Les directeurs d’école éreintés, soumis à la loi Rilhac, doivent gérer des équipes démotivées par l’amoncellement de missions et de responsabilités diverses (PPS, LPI, PAI, IP, harcèlement, co-éducation, etc.). Les pressions des familles explosent, notamment dans le cadre de l’inclusion. Les enquêtes, évaluations et projets s’empilent, empiétant sur le temps personnel des enseignants.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
La profession est marquée par une lassitude croissante, particulièrement chez les jeunes, qui se transforme rapidement en colère et désillusion après quelques années. Cette situation, amplifiée par des exigences toujours plus élevées, entraîne une augmentation des désengagements, des demandes de reconversion, de disponibilité ou de temps partiel, ainsi qu’une recrudescence des abandons de poste dont la démission a été refusée par l’administration. Et pour cause, il manque cruellement de personnel ; non seulement la profession ne suscite plus d’attractivité, mais elle est désormais si dévalorisée qu’elle dissuade de plus en plus les éventuels professeurs des écoles aspirants.
L'AVIS DU SNALC
La réussite des élèves dépend de nombreux facteurs, mais l’élément clé et fondamental reste l’enseignant. Il est le premier maillon de la chaîne, celui qui transmet le savoir, mais aussi celui qui éveille la curiosité, motive et donne aux élèves l’envie d’apprendre. Cependant, lorsque les conditions nécessaires à l’exercice de son métier ne sont pas réunies, que sa liberté pédagogique est restreinte, qu’il est surchargé de missions annexes ou qu’on ne lui accorde pas la confiance qu’il mérite, il n’est plus en mesure de répondre pleinement aux besoins des élèves. Le SNALC insiste sur le fait que l’école ne peut pas, à elle seule, amener les élèves aux niveaux de compétences souhaités tout en compensant les lacunes de la société, les carences éducatives des parents et les manquements de l’institution. L’enseignant est avant tout un pédagogue, et non un éducateur, un médiateur ou un pédopsychiatre.
POUR LE SNALC, IL FAUT
- Mettre un terme à toutes les exigences institutionnelles occupationnelles, stériles et chronophages (évaluations d’école, concertations, réunions, enquêtes…)
- Répondre aux besoins réels des PE en arrêtant d’imposer des heures d’animation ou de formation au chausse-pied
- Couper court aux modifications incessantes des programmes et orientations ministérielles
- Ne pas remettre en doute l’expertise des professeurs des écoles
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1508 – École du 19 décembre 2025





