Parmi toutes les victimes des réformes successives, notamment celle du lycée, une discipline a particulièrement souffert : les sciences physiques.
Dans tous les lycées, le nombre de classes de Terminale bénéficiant de cet enseignement a été divisé par deux. Que sont devenus les enseignants ? Ils exercent désormais leur mission en classe de seconde ou dispensent l’enseignement scientifique de tronc commun en première et terminale. Dans ces classes, les élèves beaucoup moins motivés et intéressés, se montrent malheureusement souvent plus pénibles. Certains professeurs, qui ont dû muter avant la réforme du lycée, ont hérité d’un poste partagé avec un collège ; d’autres ont subi une suppression de poste. La plupart de ces collègues ont peu enseigné en collège et sont peu préparés à un tel enseignement après avoir exercé toute leur carrière en lycée. Le choc psychologique est parfois difficile, pour les agrégés notamment dont – selon les textes officiels – l’affectation en collège doit rester exceptionnelle (ils sont pourtant 25 % à y exercer).
Le SNALC n’a cessé de le répéter : cette réforme du lycée est une aberration. Loin de favoriser la formation des scientifiques dont nous avons besoin, elle a entraîné la fermeture continue de groupes de spécialité sciences physiques. Par ailleurs, la quasi-suppression des mathématiques au lycée a contribué à détourner les élèves de la discipline. Comment suivre cet enseignement sans un niveau minimum en mathématiques ? Les filles ont particulièrement déserté, ce qui est très préoccupant et tout à fait contradictoire avec les objectifs affichés.
Malheureusement, le réforme de la formation initiale actuellement en cours et dénoncée par le SNALC ne fera qu’aggraver cette crise en empêchant les étudiants qui se destinent à l’enseignement de préparer un master de recherche. Comment donner ensuite aux élèves le goût de la recherche scientifique ? Comment relever les défis du changement climatique sans scientifiques ? Comment utiliser pertinemment l’intelligence artificielle sans bagage scientifique ? Si notre pays est à la traîne, il faudra probablement aller chercher des compétences ailleurs…
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1490 du 7 juin 2024