Un élément important échappe à l’institution dans son ensemble et encore plus aux corps intermédiaires que sont les inspecteurs et les chefs d’établissement : nous sommes, professeurs, des cadres A de la fonction publique qui avons passé un concours sélectif, qui possédons une maîtrise reconnue de notre discipline et qui avons une expertise pédagogique développée sur le terrain.
Cela se traduit au niveau national par des programmes de plus en plus directifs quant à la pédagogie à adopter.
Cela s’est aussi clairement matérialisé par le « bidouillage » des notes qu’a constitué l’harmonisation sauvage lors des épreuves du baccalauréat 2022. Le message était clair : mesdames et messieurs, vous ne savez pas noter et il nous a fallu passer derrière vous.
Mais le manque de considération dont nous sommes victimes est particulièrement prégnant dans l’exercice quotidien de notre métier.
Inutile de s’appesantir sur la relation que nous avons avec certains parents d’élèves. Sans mettre tous les « géniteurs d’apprenants » dans le même sac, force est de constater que la tendance à vouloir apprendre aux enseignants comment faire leur métier est devenue assez lourde.
L’on pourrait évoquer un peu plus la relation à l’élève. La volonté affichée de centrer le système autour de lui a bien fait son chemin. À tel point que l’idée même de la transmission par une personne faisant autorité par ses connaissances disciplinaires est devenue une hérésie. Et nombre de professeurs se voient remis en cause dans leurs choix, dans leur pédagogie, dans les contenus enseignés.
Mais les deux errements ci-dessus ne sont rien face à l’infantilisation dont sont capables certains personnels encadrants.
Encore une fois, il ne s’agit pas de généraliser le propos. Cependant, l’épisode de la mise en place du projet local d’évaluation dans les lycées a montré combien des chefs d’établissement et des IPR pouvaient chercher à mettre une pression sur les professeurs pour parvenir à une pratique pédagogique et évaluative standardisée et contrainte.
Et cet épisode n’était que le dernier avatar d’habitudes qui se sont progressivement installées. Ainsi, il y a plusieurs années, de nombreux collègues nous sollicitaient car un chef d’établissement avait validé le niveau A2 en langue à des élèves de troisième afin qu’ils puissent obtenir le Brevet des collèges alors que leurs résultats ne le permettaient pas. De même, depuis la mise en place du contrôle continu au lycée, le SNALC intervient fréquemment pour accompagner des collègues convoqués dans le bureau du proviseur parce que leurs moyennes sont trop basses.
C’est une lutte quotidienne et de longue haleine. Mais le message doit passer : les professeurs sont des professionnels qui ont prouvé leur maîtrise par le biais d’un concours. Le SNALC continuera de défendre cette vérité et refusera toujours l’idée que n’importe qui peut, après un job-dating d’une demi-heure et une formation de 4 jours, devenir enseignant.