Élisabeth Borne a annoncé que les élèves de 6è effectueraient des tests de forme physique à la rentrée prochaine. Le SNALC n’y est pas opposé, mais appelle de ses vœux des mesures plus ambitieuses susceptibles d’inverser une tendance inquiétante.
Depuis des années, différentes études alertent sur la chute des capacités physiques et cardio-respiratoires de la jeunesse (Études Esteban, Tomkinson, fédération de cardiologie…). Pourtant dans un total déni, les programmes d’EPS coincés dans leur contribution cognitiviste, depuis la loi d’orientation de 1989 (Art. 1) et l’acquisition du socle commun, n’ont fait qu’aggraver le phénomène. Selon ces études, ces pertes de potentiels pèseront grandement sur les dépenses de santé et plus fatalement sur l’autonomie et l’espérance de vie des futures générations.
Dans le passé, les équipes EPS, souvent en début d’année, organisaient des tests qui permettaient de mesurer les qualités de puissance, d’endurance, de vitesse et de souplesse des élèves. Ces derniers ont progressivement disparu depuis les années 1990 sous la pression de l’institution sous prétexte qu’ils seraient dépassés, trop empreints d’hygiénisme voire inutiles.
Quelle clairvoyance ! Sans ces visionnaires, nous disposerions aujourd’hui de données inestimables pour établir des photographies précises, évaluer la nature et l’ampleur des involutions. Elles auraient permis d’alerter bien plus tôt pour contrer cette dégringolade. En 2019, la Cour des comptes (« L’École et le sport, une ambition à concrétiser ») avait justement pointé l’invisibilité des résultats de l’EPS et le manque total d’objectivation des capacités physiques de la population scolaire.
Si la légitimité d’une discipline scolaire passe par son utilité sociale alors ces « petits » tests peuvent s’avérer d’une grande utilité à condition de ne pas être facultatifs (ce qui est actuellement prévu), de s’inscrire dans la durée, de s’effectuer aussi au lycée, de donner lieu à des analyses et à une reconsidération des programmes.
Introduire la musculation au collège, proposer davantage de préparation physique sur toute la scolarité, établir un plan VO2max national, maximaliser les temps de pratique et les apprentissages moteurs…seraient des pistes de remédiation possibles.
L’éducation physique est avant tout une éducation du physique. Pour le SNALC il serait temps de réhabiliter cette dimension fondamentale !
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1501 du 12 mai 2025